Sur le chemin de Stevenson : 1ère partie

 

 

 

De la même façon que pour mes autres récits, celui de Compostelle et dans
la rubrique « Voyages » celui sur notre séjour solidaire en Afrique, ce récit sur le Chemin de Stevenson constituera tout 
au plus deux ou trois longs billets. (les diaporamas commentés retraçant déjà par eux-même nos moindres
émotions).

Ce récit, je veux le réaliser dans la seule espérance de vous faire vivre et partager de
ce chemin les moments les plus touchants, magiques, nos révélations et aussi nos plus beaux rires …

 


Petite Préface …

 

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Ecrit au soir de mon second jour de marche

 

 « …l’inconnu que vous attendez n’aura peut-être qu’un simple bouquet de fleurs
sauvages dans le coeur, vous offrant un peu de son histoire…ou ne partagera la chaleur de vos murs qu’en y puisant la magie d’un silence au langage particulier !

La plus belle façon de respecter cet inconnu qui vient frapper à votre porte est sans doute
de ne rien attendre de lui …! »

 


————

Le mercredi 7 juillet 2010, Patrick mon compagnon, Lola notre fille et moi-même
reprenions les pas de Robert Louis Stevenson, écrivain écossais et grand voyageur, parti à pied à l’âge de 28 ans  du Monastier (en Haute Loire) à St-Jean-du-Gard traverser les Cévennes,
accompagné de « Modestine » une chétive ânesse…

     


Les émotions

 

Et je ne pouvais pas rendre mieux hommage à nos amis fidèles de la
gente animale, ( n’oublions pas « Modestine »), en commençant par les évoquer …

         voici
une petite histoire très touchante, que je n’oublierai jamais …


« Topaze…qu’y a t-il de plus précieux ? » !

 

Nous en étions à notre troisième jour de marche et arrivions au gîte de
Cheylard-L’Evêque en début d’après-midi. En attendant l’ouverture, il suffisait aux pèlerins de traverser la route pour aller se détendre dans un superbe jardin mis à entière disposition avec
chaises longues… Quant à la terrasse même du gîte, et comme je l’indique aussi dans mon diaporama , elle est l’image même du romantisme , un vrai « paradis de fleurs et de couleurs »
!

La dame du gîte, avec qui j’ai parlé et échangé des instants magnifiques durant une
bonne partie de la journée, m’a immensément émue par l’histoire de sa chienne « Topaze » …

J’aurai sans doute peu de mots pour vous la raconter comme tout ce qui bouleverse outre
mesure par sa grande beauté !

Ils revenaient alors de vacances, son époux et elle-même, lorsqu’ils aperçurent « Topaze »
(qui devait alors porter un autre nom) couchée dans la neige où elle s’était fabriquée un abri depuis plusieurs jours d’après le voisinage.  Topaze, de surcroît, attendait un heureux
évènement !

 J’ai perdu les infimes détails de ce qui les amena à accueillir et garder cette chienne (d’ailleurs …cette dame m’en a-t-elle bien
parlé ?) et n’ai retenu qu’une histoire d’amour gigantesque entre une femme et une chienne ! Une femme, jusqu’à là terrorisée par la gente canine au point d’avoir manqué plusieurs fois de se
jeter sous une voiture pour éviter un chien …

Sa peur n’avait pas totalement disparu, mais elle s’était atténuée au fil du temps et
ceci elle le devait à celle qu’elle baptisa d’un nom de pierre précieuse « Topaze », et …dieu sait s’il fut bien choisi !

Mais, au fait …que sont devenus les petits ?

Ne pouvant ni les garder ni les proposer, le nouveau maître les a amenés au vétérinaire.
Topaze n’a alors témoigné aucun signe de mécontentement ou de colère. Lorsqu’arriva le tour du dernier chiot, elle a simplement posé sa patte sur la main de ce nouveau maître (époux de la dame)
comme pour lui dire « laisse-moi au moins celui-ci » ! Il ne l’a pas fait et, depuis, regrette chaque jour cette décision …

Il est néanmoins et, au regard de Topaze, le maître vénéré et incontesté
!

Quant aux rapports que cette chienne entretient avec la dame…on pourrait presque
parler de « télépathie » car elles ne se quittent jamais !

C’est « Topaze » et personne d’autre qui l’aura aidé à gérer sa tétanisante peur des
chiens, tâche qu’elle continue de poursuivre avec la plus grande des dévotions, le plus inqualifiable amour …

 

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                                  » Topaze », délicieux mélange de labrador et berger allemand

Mais, comment en sommes-nous venus à de tels partages, de telles confessions ?  Ce
n’était pas notre compagne à quatre pattes qui nous accompagnait « Cannelle »  (comme on aurait pu aisément le croire) mais …une de mes erreurs d’appréciation !

Le premier jour de notre marche, nous avions croisé un jeune couple dont la jeune fille
était, elle aussi, paralysée de peur face à un chien !

Lorsque nous passâmes devant eux à la croisée d’un petit chemin, nous les vîmes garés
sur le côté, ils répondirent à notre chaleureux bonjour par de petits sons à peine audibles et la jeune fille s’était même retournée pour ne pas voir notre chienne. Nous nous sommes arrêtés un
peu plus loin pour analyser notre route et c’est alors que le jeune homme s’empressa de venir nous trouver, légèrement affolé, et il nous demanda si nous pouvions tenir notre chienne en laisse
lorsque nous marchions !

A sa façon d’expliquer les choses, j’ai compris qu’il nous demandait de tenir notre
chienne en permanence prisonnière sur ce chemin que nous voulions pour elle, nous accompagnant, aussi libre et aussi épanouissant que pour nous ! Je lui ai dit que ce n’était pas possible, lui
invoquant ma motivation …et, sans même attendre sa réponse, je suis partie …

En chemin, j’ai alors pensé que ce jeune homme était totalement insensé de vouloir
effectuer un tel périple en ne voulant rencontrer un seul chien …Et, à fortiori, dans cette campagne profonde où il n’était pas rare d’être accueilli par 3 voire 4 chiens par ferme et, parfois,
à chacun de nos pas !

Je me suis d’abord dit « ils seront bien obligés de s’habituer … » . Puis, nous nous
sommes sentis obligés d’accentuer notre cadence, de façon à les éviter. Patrick, quant à lui, ne s’était pas prononcé comme je l’avais fait, ayant toujours pour habitude de mieux analyser la
situation .

Petit à petit, la vérité est venue naturellement jusqu’à moi, me révélant que j’avais
réellement mal compris ….Ce jeune homme avait dû vouloir nous demander d’attacher notre chienne simplement en leur présence ! Mais oui…ça ne pouvait être logiquement que cela ! Ces gens
n’étaient pas totalement inhumains …Mais, moi, pourquoi ne l’ai-je pas compris de suite : la fatigue, le stress du 1er jour, je n’avais pas encore laissé toutes les chaînes de la vie
quotidienne en arrière …que sais-je ?

Alors, je n’ai plus marché qu’en pensant à eux, qu’en priant pour eux et qu’en …ayant
honte de moi !

Je n’ai plus marché qu’en souhaitant une seule chose : les rencontrer
!

Les sentant peut-être (sûrement même) dans ce gîte du Cheylard – L’Evêque, je ne sais
plus à quel indice, je décrivis ce couple à la dame du gîte qui nous confirma effectivement qu’un jeune couple correspondant bien à notre signalement était arrivé …Je lui racontais alors mon
histoire.

  Elle me répondit qu’il y avait de fortes chances pour que nous les rencontrions au repas du soir ; chose qui ne manqua pas
d’arriver puisque l’ensemble des pèlerins fut installé autour de la longue et même table.

Le repas était tout aussi merveilleux que l’accueil, je m’en souviens …Il y avait
vraiment de quoi être heureux et, pourtant …je ne l’étais pas !

Et, belle leçon du chemin (comme il sait nous en réserver) ce couple était assis,
c’était à s’en douter : à deux places de nous !

De toute la soirée, je parlais mais sans être là, j’essayais de rire mais sans le
moindre éclat …J’étais ailleurs, près d’eux, près de leur peur du lendemain, près de ma maladroite erreur !

Nous ne parvîmes pas à échanger quelquonque parole, ni même quelquonque regard …Ils
ont passé la soirée à discuter passionnément avec des pèlerins situés directement en face d’eux.

Puis, encore ivres d’une belle soirée, tout le monde est parti se coucher …Quant à
moi, je n’ai pas bien dormi !

La nuit aurait-elle porté ses plus judicieux conseils, je ne sais ! Mais, je me suis
réveillée avec la ferme résolution d’aller leur parler, leur expliquer mon ressenti et surtout …de leur demander pardon !

Quand nous avons regagné la table pour le petit déjeuner, ils n’étaient pas encore
levés, et ils ne le seront pas encore à la fin de notre repas.

Alors, j’ai pris une feuille de papier et leur ai écrit quelques mots d’amitié et de
pardon , je les ai déposés à leur place quand …ils sont arrivés !

Je n’ai plus exactement en mémoire l’ordre des choses mais j’ai retenu ceci : ce fut
merveilleux ! Merveilleux de pouvoir leur dire, leur expliquer, merveilleux de les serrer dans mes bras …ils étaient rassurés et c’est tout ce dont je souhaitais !

Je me souviens leur avoir dit que, d’ici la fin de leur périple, mon plus grand bonheur
serait que la jeune fille se laisse cajoler par Cannelle…

Nous avons appris par la suite qu’ils n’avaient pas continué, mais n’en connaissons la
raison.

Je suis repartie de cette salle en pleurant de joie…Merci  merci chemin de me les
avoir fait à nouveau rencontrer !

Dès lors, ils ont continué à occuper mes pensées et me faire invoquer à leur intention
des prières…

Le plus extraordinaire, dans l’histoire, est que nos retrouvailles avec ce couple
s’étaient faites ici …dans cet endroit même où une chienne donna toute sa vie, sa confiance et ses soins à un être humain !

 


A toi « Topaze » ,


la plus majestueuse des chiennes ! 

 


******

 

Le lendemain, nous nous dirigions vers la Bastide Puylaurent.

A une bonne dizaine de kilomètres de là , à « Luc » plus précisément, alors que nous
traversions ce village avant de nous rendre dans les illustres ruines de son château dominant l’Allier, une mamie qui taillait ses rosiers trouva belle notre chienne.

De fil en aiguille, elle nous raconta qu’elle avait eu une chienne épagneule. Quand le
compagnon de cette dame s’envola vers les cieux, elle continua à se promener dans les bois grâce à cette chienne . Et, lorsque de trop de tristesse elle pleurait, la chienne la léchait afin de
sécher ses larmes …

Depuis que cette chienne s’est envolée à son tour, cette dame ne sort
plus.

 

C’est ainsi que, parfois, les gens aiment confier leur peine aux
pèlerins…

Peut-être parce qu’ils nous imaginent neutres, et à la fois justes …Ou pouvant
emporter avec nous leurs chagrins et les transformer, au fil de nos pas en prières, puis en espérance !

 

Parvenus à La Bastide Puylaurent, nous vivrons une autre confession, une autre émotion

Je ne sais laquelle des deux, de l’épicière ou de moi, avait entamé la conversation
…je pense tout simplement que, lorsque des personnes ont envie de communiquer, elles le font !

Je pense aussi que je devais ce soir-là faire part à quelqu’un des prix abusifs dont
nous autres, pèlerins et éléments de convoitise sur ce chemin, devions nous contenter pour nos besoins journaliers …

Toujours de fil en aiguille, cette épicière en vint à discuter de sa situation, quelque
peu dramatique concernant son commerce qu’elle serait obligée de fermer sous peu, par manque de clientèle et, j’ajouterai, en dépit de sa gentillesse et sa disponibilité ! Cette situation était
principalement liée à des problèmes de concurrence vécus depuis le démarrage de son activité …

De plus, elle venait de perdre son époux et l’on sentait en elle un profond submergement
de détresse, au point qu’elle devait se retenir à chaque instant pour ne pas pleurer !

On ne trouva pas, chez elle ce soir-là, la bonne petite bouteille de vin de l’amitié à
partager à table …Eh oui ! le vin est , à quelques rares exceptions près, « la boisson du pèlerin »  à table (précisons-le !) à table uniquement !

Pour la peine, nous nous sommes rabattus sur deux petites bouteilles de vin pour la
cuisine de 25 cl chacune qui ont très certainement été la cause, le lendemain, de mes affreuses migraines m’obligeant à diluer un doliprane en chemin dans le gobelet de Cannelle, à défaut
d’autres gobelets (Rires…)

Mais …qu’importe le vin, pourvu qu’on ait 


« la tendresse » …


celle échangée avec notre épicière !

 

Un peu particulier, dirons-nous, ce village de La Bastide dans ses rapports
humains…

Nous étions hébergés au « gîte de l’Etoile » , quel joli nom ! Nom des plus symboliques
pour cet accueil dont nous nous souviendrons également… J’y reviendrai de nouveau plus loin lorsque j’évoquerai les moments magiques du chemin …

Pour l’heure, nos premiers pas au sein de ce gîte me fait aborder une autre émotion, et
toujours se rapportant à un animal (ce n’est nullement intentionnel, je ne fais que suivre le fil des évènements …).

Lorsque nous rentrâmes dans ce grand bureau, celui de Philippe Papadimitriou qui nous
parla avec un accent belge des plus « chaleureux », nous savions déjà que « Cannelle » était acceptée à titre tout à fait exceptionnel …(le gîte n’acceptant en principe aucun animal
!).

Nous fûmes immédiatement interpelés par la beauté et la « présence » d’une photo, aux
dimensions d’un poster, faisant toute l’âme de la pièce !

Elle représentait la photo d’un magnifique chien labrador …

Surprenant aussitôt nos regards figés sur cette belle image, Philippe (il sera plus
simple de l’appeler de cette façon) nous expliqua qu’il s’agissait de son chien mort empoisonné. Il nous annonça, non sans fierté, qu’il était coupé « Retriever » …

A sa façon d’en parler, la cicatrice devait être toujours présente et mal
refermée…

Nous venions de comprendre la raison pour laquelle « Cannelle », labrador de son état,
était finalement la bienvenue en ces lieux …

Plus tard, dans la soirée, alors que nous étions tous à table dans la jolie salle de
restaurant, il permit que nous l’installâmes à quelques pas de nous dans la grande véranda voisine où, à maintes reprises, il alla la voir pour lui parler, la caresser …Il le fit avec
infiniment de tact et d’élégance, ne voulant rien laisser apparaître de son chagrin (Emotion !)

Le matin, au moment de nous quitter, il nous a simplement dit que cela avait été un réel
plaisir de nous accueillir avec notre chienne et, qu’en quelque sorte, ce fut une façon de remercier son chien tout en lui rendant hommage …. 


*******

Un dernier hommage …concernant ces amis au coeur d’une fidélité si imperturbable : les
animaux

                 Parfois, lorsqu’un
croassement s’échappait des forêts…nous pensions avec nostalgie et émotion à notre « Coco », Coco le corbeau ! (Son histoire, en deux parties, figure dans ma rubrique « Rencontres »
)

 

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Patrick et Coco

Et, c’est non sans un certain pincement au coeur, que nous nous disions secrètement
« …Pourvu qu’il soit encore là à notre retour…! »



*********

Et, puisque nous en parlons de …cet homme au grand coeur, un fait m’a également
infiniment émue…

        celui de le voir laisser, dans chaque gîte où l’on
passait …


« un coeur en cadeau » 

 

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_________

 



 Les instants magiques

 

Le gîte de l’étoile, nous y revoici !  Je vous avais promis que nous y
reviendrions…

Sous la longue et large véranda toute faite de bois de paille et de feuillage… le tonnerre criait,
Philippe répétait des chants à la guitare, sa voix ressemblait à s’y méprendre à celle de Stephens Stills …et…

        un train passa à ce moment précis,

                     comme pour ajouter une
note de voyage !

 

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un train passe …entre deux notes de
guitare et la colère de l’orage !

 

Un peu plus tard, je lirai …que le pain est fait maison !

Dans la soirée, autour de la table des pèlerins, nous ferons des rencontres tendres, drôles, profondes
…dont les parents de « Nana », une enfant chinoise qu’ils avaient adoptée, devenue adolescente et d’un âge similaire à celui de Lola ; âge et tempérament, une … »Manon des sources » elle aussi
!

Malheureusement, « Nana » ne s’était pas jointe au voyage, mais nous avons passé la soirée à discuter de
tourisme et d’actions solidaires, ce couple donnant infiniment de leur temps et de leur énergie à aider et soutenir certaines contrées pauvres de Chine …

« Alain et Caroline » étaient là aussi, autour de la table (souvenez-vous de ces 2 prénoms, nous en
reparlerons plus loin …).

Nous sommes restés assez tard dans la soirée…

Le lendemain, nous repartirons trop tard aussi dans la matinée avec un soleil un peu trop en
rendez-vous …La marche se fera un peu « tirer » jusqu’à Mirandol où…un autre instant délicieux nous y attendra , qui aura encore le parfum d’une


rencontre !

 

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Et c’est face à ce décor irréel que nous viendrons nous blottir au creux d’un petit gîte bien
sympathique et, pour une des rares fois, où il nous sera possible de faire notre « petite popotte » tranquille (notre bourse a souri !).

Nous serons seuls au départ mais …pour très peu de temps, jusqu’à l’arrivée de 


« Christine et Jean Yves « 

Prénoms également à retenir, car nos deux pèlerins vont également devenir nos deux amis !

Nous les avions déjà maintes fois rencontrés, à pratiquement chacune de nos haltes ….

Nous nous parlions, nous nous souriions même, mais là… face au silence, nous allions goûter ensemble
à l’indicible saveur d’un véritable échange !

Et, au fil des paroles, nous découvrirons l’un et l’autre que nous étions des « pèlerins
de Compostelle » …


Alors,


je vous laisse imaginer


ce que put être notre soirée !

 

L’étape du « Pont de Montvert », deux jours plus tard, fut également toute imprégnée de
magie ! Quand je dis « magie », je veux principalement parler de tous ces petits rien de la vie qui nous enchantent, à condition d’y être à l’écoute …

 

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De la terrasse où nous mangeons, au beau milieu des vapeurs exquises des pizzas au « pélardon »
(qui est un fromage de chèvre des Cévennes, une tradition ancestrale et non, comme le dit un ami pèlerin qui, à la lecture de ce mot sur mon diaporama, s’imagina de suite …une rivière de
« lardons » !!!)

 

je disais donc …nous sommes sur cette terrasse…

Je revois alors les murs, les ruelles et, comme le décrit si bien Robert  Louis Stevenson …je
contemple

    « ce lit de rivière étincelant, avec son petit air méridional indescriptible »
,

devant lequel …j’imaginais le passé de ces maisons au travers de leurs fenêtres …!

Nous sommes  dans le pays des Camisards, puisque c’est là que la guerre a éclaté. Il n’y régnait
que …la foi des protestants, les assemblées du Désert, le courage sans nom des chefs huguenots et de l’ensemble des rebelles face aux persécutions !

                       Et…comme ce pays
me parlait !

 

Toujours sur notre terrasse, un papi assis à la table d’à côté raconte son enfance à ses deux petits
enfants …

Tout ce que je pouvais posséder de sens et d’émoi se tendirent vers son histoire …à y toucher le
coeur !

 

               Transmettons,

                    transmettons à nos
enfants

                       toutes ces beautés
de la terre !!!

 

Je commençais vraiment à comprendre le pourquoi de mon voyage …

Il faudra encore attendre deux jours pour en avoir … »la révélation » !

 

Je reviens aux instants magiques , et nous voilà projetés à la fin du voyage et même …plus loin
!

Arrivés à St Jean du Gard au gîte « Au pré de Modestine » (est-ce le nom qui nous a séduit …sûrement
!) en compagnie de Christine et Jean Yves, et après plusieurs petits périples (que je vous conterai dans le chapitre « les plus beaux rires » ), nous nous sommes dirigés après le repas du soir vers
« le Gardon », illustre rivière des Cévennes, qui se trouvait juste en contrebas à 50 mètres du gîte.

Notre pauvre chienne qui, en vraie « labrador », ne râte jamais une occasion de goûter à l’eau, s’est
couchée net à quelques mètres de la maison, ne voulant plus rien savoir , alors que nous tentions de l’emmener ! Elle resta donc au gîte.

Il était plus de 22 heures, lorsque nous arrivâmes tous les 5 à la rivière.

Jean Yves et Christine ont préféré jouer aux spectateurs …dommage !  Et, je reprends les termes
de mon diaporama « L’eau était magique, de gros poissons nous passaient entre les jambes et une colonie de canards est même venue nous rejoindre ! »

Les passants éberlués qui prenaient le pont nous demandaient « Elle doit être bien fraîche à cette
heure-ci », et nous leur répondions d’un air assuré « Pas du tout…elle est délicieuse ! »

 

Voici un cliché de notre belle et magique rivière (cliché pris le lendemain matin en repartant
…)

 

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A bientôt peut-être,


frétillante rivière !

 

Le lendemain, je repasserai sur ce pont sans réaliser vraiment que notre voyage s’est
terminé hier …Il semble pourtant bien continuer, il danse, rit, farandole à l’intérieur de nos têtes et nos coeurs …

Nous sommes le 18 juillet, avons parcouru à pied 226 kms d’intense bonheur, nous
laissant tels des oiseaux n’ayant plus aucune notion d’atterrissage…

Nous partons prendre le petit train qui mène à la bambouseraie d’Anduze, lieu que
j’avais découvert déjà, Yoann n’avait alors que deux ans …Maman était venue nous rendre visite avec une amie …(Cette pensée vient de m’effleurer en écrivant et j’aurais pu la glisser dans le
chapitre des « Emotions » …)

 

Revenons à notre petit train qui, lui, se passera de mots…

                Vous voulez le voir ?
Accrochez votre émoi …

 

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Un petit train à vapeur  comme on en fait plus !

 

Nous nous laissons littéralement portés par ce petit train à vapeur, le visage aux
fenêtres …parfois au risque de ressembler à des ramoneurs avec la fumée (sourire…), mais …l’air, la magie, le paysage nous le font oublier !

A la bambouseraie, lieu mythique, nous nous laisserons également transportés dans un
autre monde, grandiose au regard …en essences et en couleurs !

Et mon coeur battra la chamade, en me rapprochant du « Vallon du dragon », jardin zen créé
en 2001 (l’année du dragon), et inspiré des principes du Feng Shui et des jardins de style bouddhiste.

J’y revus en un éclair toutes les images du livre que mon « ange adoré » m’avait offert
pour mon anniversaire « La Chine » d’Etienne Dehau dans la collection « Géo Partance » ; véritable amoureux de la Chine, il avait voulu me faire partager cette passion …

Et, quel livre ! J’y ai revu et imaginé, (je cite les mots de mon
diaporama) 

« les radeaux de bambous, les cormorans amassés sur les rives des lacs, le rouge des
tenues d’opéra des lampes et des palais, les fichus des paysannes et les marchandes agenouillées sur des rivières de soie … » : (Sabine).

Plus loin, un autre endroit m’attirera tel un aimant, fait de superbes bassins
aquatiques, de fontaines en bambous, de cascades et de jolis bonsaïs….tout ce qui, bel ange, habitait tes passions !

    Et j’ai su résolument qu’à cet instant là,

                   tu me tenais la
main ……

 

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Après avoir quitté ces lieux et nous être ravitaillés (notre pauvre « Cannelle » s’est
lamentablement endormie une frite contre le museau…rires !), d’autres découvertes nous attendaient …Du moins nous attendaient Christine et moi, nos deux compagnons respectifs ayant préféré
nous attendre sur un banc dehors ; nous les voyions tous les deux de la « boutique zen »  où nous nous trouvions (ils auront attendu une bonne heure !) ronflant presque sur l’épaule de l’un
l’autre …fou rires !

 

C’est dans cette boutique Zen que m’attendait ce trésor …

 

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De ce livre réellement prodigieux, je vous en parlerai, bien sûr, dans ma rubrique « mes montgolfières »
….

En reprenant le petit train à vapeur, mon esprit resta plongé dans les écorces d’arbre de Cédric
Pollet,  et le balancement du train sur les rails prit le rythme magique d’un tam tam …

Dès que j’avais ouvert ce livre dans la boutique, je m’étais sentie « flotter » dans un bien être
inégalable …comme si le sang qui coulait dans mon corps était brusquement devenu « rivière » ! C’était bien la première fois de ma vie qu’un livre me créait une telle sensation …

Après une soirée des plus inoubliables passée à …rire et rire encore avec nos amis « Christine et
Jean Yves », nous partirons le lendemain matin, chacun dans nos terroirs respectifs ! 

Au départ, nous devions partir tous les trois (Patrick, Lola et moi) avec la malle
postale à 14 H de la gare d’Alès. Or, après infos prises la veille, nous avons découvert avec joie que nous pouvions repartir nous aussi en train dès le dimanche matin…

Jean Yves et Christine partiront du Quai A à 8H41

Nous partirons, quant à nous,     du Quai D à 8H42

                … A croire
que


nous devions vivre ce chemin ensemble jusqu’au bout !


Et, dans le train qui nous menait tous trois d’Alès à Brioude je me mis à écrire sur l’une de mes
inséparables moleskine ces mots :

                          A
« Gwen »

dans le ventre de qui venait de naître une jolie petite graine !

        « …En marchant un matin, aux aurores, j’ai imaginé une enfant à la
chevelure corbeau, enveloppée de jolis ponchos bariolés, le regard aussi fort et aussi beau que la Cordillère des Andes …Elle avait les sublimes rondeurs d’une fleur sauvage et un irrésistible
parfum de voyage !


JE VOUS AIME : Maman. « 

 

La petite graine n’est pas devenue rose mais joli bouton d’or…Qu’importe le genre ! Je l’imagine
toujours les cheveux corbeaux, enroulé dans de jolis ponchos bariolés et le regard lointain, inspirant le voyage ….(A mon petit Kewan)

 

Nous allions retrouver non pas notre terroir mais … »notre port d’attache » (A découvrir dans ma
rubrique « Voyages » , la 2ème partie du récit sur la « Haute Loire » ). Nous l’appelons notre « port d’attache » car nous y sommes sublimement attachés, bien qu’il n’y ait comme eau que cette divine
rivière…(divine à nos yeux) « notre belle Sumène » !

 

A la gare du Puy en Velay, une autre belle rencontre nous
attendait 


« Chantal » !

« Chantal et Jean-Marie », que nous avions connus dans le petit village de Sokone au
Sénégal, venus comme nous en touristes solidaires chez « Joséphine » (devenue mère, soeur, amie…enfin, un peu tout !) et Directrice de l’Ecole de Promotion pour jeunes filles (toujours à
découvrir dans ma rubrique « Voyages ») au sein de laquelle nous logions …

« Jean-Marie » en qui nous avions également assez vite reconnu notre « boucher » de St
Julien Chapteuil (notre port d’attache !)…Et, après cela, nous ne pouvons vraiment plus dire que …le monde n’est pas petit ! C’est toute la magie du voyage…

        une tite photo ?

     

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Chantal et lola

Ah ! Chantal …de te revoir, ce sont toutes les senteurs de l’Afrique qui sont remontées en nous
!

 

Bien que nous ayons quitté le chemin de notre écrivain, la magie nous collait comme sueur aux
frusques…Et, comme sur un manège tourbillonnant à toute vitesse, les souvenirs défilent en hurlant de bonheur : le joli rougeoiement du fer de notre copain forgeron, les libellules de la Sumène
venues nous caresser, la guimbarde de Lola dont la mélodie nous emmenait vers des paysages de rizières, et la fête de la soupe à St Julien Chapteuil (notre port d’attache) où pas moins de quatre
générations d’humains se retrouvent pour rire et danser …

Il y avait là le sourire d’Odette, celui de Jean et ….des rêves d’enfants !

 

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Et j’entends encore cet air qui me rendit heureuse …Cet air que j’ai gardé en ma
mémoire et qui en ressort les jours où la tristesse veut prendre place …


je vous l’offre ici,


Soyez heureux !

 

 

 

 Au camping de la Sumène, là où vivent Odette et Jean, les grands parents
spirituels de nos enfants, et où survivent toutes les toiles d’araignées que nous aimons retrouver (tendre sourire…), nos pieds goûteront au plaisir suprême de l’herbe et de l’eau,  Lola
réapprendra les ricochets et l’art des scoubidous…

Pendant que nos têtes, encore tout emplies des bruits de cascades, se souviennent des
nuits et des aurores que percent de grands cris d’oiseaux, et du clapotis de la pluie sur la toile de tente …

 

Au bord de la Sumène, notre rivière enchantée, de longs longs moments sommes restés

A un moment, j’ai prononcé intérieurement ces mots « …j’aimerais tant qu’il se passe
quelque chose d’extraordinaire, comme aux premiers jours où nous étions venus par temps de pluie, confier une partie des cendres de notre petit (notre bel ange) au lieu qui fut son paradis
lorsqu’il était enfant, et où …une gigantesque lueur de soleil était venue nous inonder au moment de repartir … » (le lendemain aussi, le même phénomène se produisit)

Une fois ma phrase terminée …

                   un cygne passa dans
le ciel !

 

Je suis repartie de la Sumène avec une foule de projets : emmener la « jolie petite
graine de rose ou de bouton d’or » faire un grand et beau voyage, entrer en relation avec Alison Dubois, avoir un pied à terre à la Sumène, faire le chemin de St Jacques du Puy à Kaysersberg, et
un jour, un sublime jour …


Partir découvrir la Chine !

 

IMGP0986.JPG

 

Chaque instant du voyage nous rapproche un peu plus de nous-même, des êtres rencontrés,
des amis à venir et des anges qui nous regardent:

 

Sabine.

 


A bientôt,


quelques pas plus bas


pour poursuivre le voyage …

 

15 réflexions sur « Sur le chemin de Stevenson : 1ère partie »

  1. Bonjour Sabine,
    Un petit mot avant de lire l’autre partie. Plein plein de choses me parlent dans ton magnifique récit : la peur des chiens d’abord, elle me concerne, elle peut me tétaniser parfois ; le petit train
    entre St Jean du Gard et la bambouseraie d’Anduze que j’ai adoré, ainsi que les paysages, le feng shui (mon fils architecte est maître en feng shui) et tant d’émotions que j’espère éprouver au mois
    de mai quand je vais partir sur les chemins moi aussi.
    Je vais maintenant lire ta seconde partie.
    Gros gros bisous Sabine.

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  2. Il y aurai tant et tant de choses à dire, j’ai voyagé au rythme de vos pas, croisé les regards, sentis les odeurs, reconnu la peur pour les chiens, vibré aux partages, aux mots, écoutée le silence,
    découvert chacun de ceux que vous avez croisé, ces hommes, ces femmes qui cheminaient aussi.

    J’ai aimé l’accueil dans les gîtes, de Philippe qui jouait de la guitare, Caroline , la jeune fille adoptée, et pleins d’autres rencontres toutes aussi émouvante.

    J’ai eu comme un coup au coeur pour t’avoir vu prendre un train le jour de mon anniversaire pour te rendre à Anduze…

    Et puis je suis tombée en admiration devant ta dernière photo, elle est belle , on dirait la soeur, (sourire) de celle que tu aimes sur mon blog où tu pensais que les arbres étaient enneigés…
    (rire).

    Alors j’irai lire plus tard la seconde partie pour encore m’imprégner des mots et de la musique.

    A toute à l’heure Soeur des mots, la grande ou la petite cela dépends

    EvaJoe

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  3. Bonjour Sabine,
    Comme tu racontes avec amour et tendresse ces chemins parcourus, ces rencontres, ces visites, ces lieux dont certains me sont familiers comme la « Bambouseraie » et les Jardins Zen » que j’ai visité
    plusieurs fois avec mes enfants, la dernière fois j’avais encore mon fils avec moi, ça doit faire une dizaine d’année quand même !!!Mais les images restent intact, dans ces lieux uniques, magiques
    on se sent bien peu de chose face à la beauté de cette nature et à ceux qui la préserve, il y a heureusement des Femmes et des Hommes bons et généreux qui n’ont qu’un but, faire partager….
    J’irais voir le reste de tes écrits et photos plus tard pas tout d’un coup, avec toi il faut savourer !!!
    Merci pour ces belles visites, ce chemin de vie…Amitiés…écéa.

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  4. Bonjour Sabine, un sourire pour t’accompagner où que tu soit
    c’est un bonheur de te suivre pierre après pierre
    on s’y croirait tellement tu décris bien

    bisous

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  5. tes mots coulent doucement et nous rapportent la douceur du ruissellement comme le timide ruisseau qui voudrait nous guider et nous même tout en fraicheur sur la piste de tes pas….

    que de rencontres merveilleuses tu as fait!

    Bisou

    Papillotte

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  6. Bonjour Sabine, je te remercie beaucoup pour ton commentaire qui me fait grandement plaisir, tu es très gentille. Merci également de nous faire partager ta petite vie, tes petits voyages très
    intéressants…Nous en tirons une petite leçon de vie en te lisant.
    Je te souhaite de passer une belle journée ensoleillée, et t’embrasse bien fort…de toute mon amitié, Blanche.

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  7. Bonjour Sabine

    tu as de la chance

    cet après-midi je suis à la maison donc j’ai pu te suivre à travers ce long périple
    une belle histoire de rencontre animales et humaines dont tu imprègnes chaque mot et chaque histoire que tu nous contes .
    j’aime beaucoup ce geste d’amour, déposé à chaque étape, un caillou de pierre en forme de coeur

    bisous je viendrais lire la suite
    Un sourire de Line pour une personne qui à beaucoup beaucoup de coeur

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  8. Bonjour sabine
    Et bien tu as la plume généreuse, quel beau voyage et surtout que d’émotions dans ces belles histoires canines
    je reviendrai lire la deuxième partie
    bonne fin de journée Sabine
    Bisous
    Tony Yves

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