A pas de mouche ….!

 

Imaginez

un coeur aux mille mains …

Des mains pour écrire, dessiner, et s’envoler vers des lendemains humains…

Des mains venant s’ouvrir comme autant de fleurs dans les yeux d’un enfant …

 

Ce  coeur existe bel et bien !

Je l’ai entendu battre en suivant un merveilleux  chemin, celui  des « Anthologies éphémères ».

Il s’agit d’oeuvres regroupant tout un collectif d’auteurs et de créateurs et dont l’intégralité des bénéfices est reversée à l’Association « Rêves » pour les enfants malades.

Trois anthologies ont déjà été réalisées.  Pour en savoir davantage, je vous invite à suivre ce lien 

 

J’ai eu envie de mêler mes mains à cette gigantesque poussée d’espoir en devenant à mon tour co-auteur !

Pour cette quatrième anthologie, il est question d’un mariage ……

Elle s’appellerait Marie 

Il s’appellerait Clément …

De nombreux textes ont déjà été écrits à plusieurs mains, créant une foule de personnages !

Afin de pouvoir entrer dans la ronde, j’ai invité « Séraphin » le conteur à intervenir juste après la pièce montée …

 

 

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Ce n’était plus une part de pièce montée mais un vrai « bout de paradis » qui venait joncher chaque assiette à dessert veinée de roseaux élégants, frémissant sous le vent des délices et le plaisir ému des gourmets de ces lieux …

A ce voyage intense, tout en sensualité et saveurs étourdissantes, allait en succéder un autre, fait de senteurs exquises, de mélodies et d’images enchanteresses…

Se jouait à l’instant une fascination des sens : goûter, se taire, puis écouter et se taire à nouveau …

Et c’est dans un royal silence de monastère que Séraphin, le conteur, entra sur la scène, commençant son histoire par ces mots :

 

 » Sur le mur fraîchement repeint, aux couleurs mi herbe mi lait, deux mouches marchaient le coeur dans les nuages …

 

Un enfant observait leur flânerie depuis un moment …

L’une semblait tout droit sortie d’une aquarelle sublimée à l’encre de Chine,  l’autre portait sur les ailes d’étranges motifs lumineux ; une âme d’artiste y verrait un boulier en perles de rosée servant à faire compter les fées.

Leur démarche légère et le petit vent de septembre qui entrait par la fenêtre, flairant bon la pomme et la fleur du splendide buddleia, avaient totalement assoupi l’enfant.

Il dormait franchement à présent, d’un sommeil plein d’appétit !

 

Les deux mouches l’avaient accompagné dans ce voyage astral, où elles étaient devenues d’une beauté fantasmagorique, et le monde qui les entourait n’en répandait pas moins ce parfum d’éden …

Elles avançaient à pas « contés » sur un long tapis nuptial suavement mordoré, ondulante coulée de miel que déversait avec un soin fiévreux une armada de guêpes indiennes.

Chacun de leurs gestes dessinait une vague déferlant sur l’horizon.

Au-dessus de leurs têtes, quelques épeires diadèmes tissaient sans relâche d’irréelles grappes de soleil.

Les milliers de papillons qui virevoltaient  tout autour formaient un ballet de roses décalées …

On entendait au loin le choeur des cigales entamer « Oh happy day ».

Une libellule dans sa robe de ciel en dentelles de lune attendait immobile, face au pupitre, de pouvoir commencer son discours …

Jamais, de sa vie de garnement, l’enfant n’avait assisté à une telle cérémonie. Il ne manquait plus qu’une princesse des neiges brodant, de ses doigts de sapin blanc, des baisers angora !

 

Il tournoyait, lui aussi, de tout son soûl dans l’air, devenu une ode à la féerie, quand un vacarme sourd lui secoua la tête …

Une cloche s’était mise à sonner, sonner à tue-tête, le réveillant d’un bond !

Une voix sévère et qui lui était bien familière retentit à ses côtés  « Clément, tu peux quitter le coin, c’est l’heure de la récréation ».

Il posa sur l’étagère l’immense bonnet aux oreilles d’âne qui avait maintenu son rêve à l’abri et, sautillant telle une grenouille qui viendrait de retrouver son marais,  il alla rejoindre le petit groupe de cancres qui se tenait sous l’odorant buddleia.

Il leur raconta, exalté, cette histoire de mariage un peu folle et pour le moins extraordinaire …!

 

Plus tard,

il devint poète-voyageur et épousa Marie qui enseignait à Tsé-Tsé, un petit village en plein coeur de l’Afrique.

La kalimba remplaça les cigales et les boucles d’hibiscus les papillons.

Aux dires des habitants, ce fut de loin le mariage le plus « aérien » du siècle !

 

Une question me brûle toutefois les lèvres et oserai-je un jour demander à Marie s’il existe, dans un coin de sa classe, une étagère où trônent  …

quelques  bonnets aux oreilles de fennec !!!  « 

(et Séraphin sourit !) 

 

A ces derniers mots,

tous les enfants de l’assistance éclatèrent de rire et combien il fut bon de les entendre ou, pour certains, de les voir se tenir le ventre !

Adeline, à qui rien n’échappait et qui avait bu ce conte à petites gorgées heureuses, aurait bien troqué sa jolie robe de satin blanc contre un pagne court,  pour aller jouer à l’élastique ou au serpent chat,  les pieds nus sur le sable chaud, et sucer avec gourmandise un pain de singe.

La mouche Bztt ne pensait plus qu’à retourner sur les bancs de l’école. Monsieur Paul, l’instituteur en retraite, revoyait avec mélancolie toutes ses bouilles d’espiègles qui avaient, sans conteste, enrichi ses jours.

Quant à l’ensemble des invités, il  déployait sur les mariés un regard nomade et bondé de fantaisie…

Il les imaginait à présent voguant sur une pirogue à l’affût du grand héron, emmêlant leur désir d’évasion aux cheveux des mangroves, ou savourant un jus d’oseille aux pieds d’un baobab, ou encore respirant le crépuscule entre deux vols de pélican …

Et que pouvait bien en penser nos mariés après s’être abreuvés de ce conte d’un autre temps ?

Qu’adviendrait-il de leurs projets, eux qui n’avaient même pas encore défini la destination de leur voyage de noces ?

Alors, qui sait, les rencontrerons-nous un jour endormis sous un manguier, bercés par une chanson douce émanant du lointain …!

 

  

41 réflexions sur « A pas de mouche ….! »

  1. J’adore 🙂 des bonnets aux oreilles de fennec hihi
    C’est une très belle histoire, qui colle bien avec cette nouvelle édition des Anthologies
    Dès qu’il est dispo je saute dessus 🙂
    Bisous

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  2. Une bien jolie histoire, elle me renvoie un tant soit peu en Afrique ou les couleurs les odeurs et les sourirent m’ont enchantés. ça manque mais c’est comem ça……….Gros bisosu j’ai pris un peu de temps sur mes artons donc j’y retourne. Bisessssssssss

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  3. Quel texte magnifique !!!
    Que te dire sinon que j’adore !

    … Signeras-tu « Sabine » ou « Sab-Lyse » dans notre anthologie ?

    Merci infiniment… Je suis immensément heureuse que tu aies eu envie de participer.

    Passe une douce soirée.

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    1. TOUT le plaisir fut pour moi, Quichottine. Mais il faut aussi remercier mon amie « évajoe » qui m’a entraînée sur ce chemin fantastique !!!

      Pour la signature, j’ai bien envie de signer « Sabine la pèlerine ». C’est le pseudo que je mets sur les blogs quand je passe.

      Te fais un gros bisou en attendant (et t’ajoute à « mes hamacs » en même temps !) : sabine

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      1. Dans notre anthologie, chaque texte est « signé » par son auteur, selon ses désirs. Ce sera donc pour toi  » Sabine la pèlerine.
        A la fin de l’ouvrage, après la table des matières et l’index qui permet de retrouver chaque auteur sur ses pages dans l’anthologie, nous mettons toujours les adresses des auteurs, enfin, plutôt, les URL de leurs blogs. Quand ils n’en ont pas, nous mettons l’adresse du blog des anthologies éphémères de façon à ce que les lecteurs qui le désirent puissent les contacter par notre intermédiaire.

        Voilà donc pour le côté « pratique » de nos livres…

        Bisous et douce journée Sabine. Merci pour tout.

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  4. Un joli conte un peu à la manière « kirikou » ! les cancres sont-ils ceux qu’on croit ?
    Peut-être vivent-ils dans un autre monde que celui des élèves soi-disant brillants.
    Bonne journée et amitié.

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  5. Génial, Sabine, ton histoire est merveilleuse, elle me transporte … le rêve, la vie, l’innocence, la beauté, la tendresse, tu y a mis l’essentiel, c’est à dire TOUT !
    Bises du coeur, chère Sabine.

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  6. Bonjour Sabine,

    Et bien je suis heureuse de lire ta participation et je m’attendais à du beau mais c’est même au delà de ce à quoi je m’attendais….

    Superbe ta participation et amusant cette allusion à la mouche..Je comprend mieux maintenant quand tu me disais ah une mouche…Sourire!!

    En te lisant je me suis plongée dans un conte pour enfants, même si ce n’est qu ‘une participation au livre donné du rêve à un enfant cela mériterait une suite..Longue…Une suite car ton texte est extrêmement beau et poétique. Je me suis sentie soulevée par tes mots, je les ai dévoré pendant ma pause, puis relue et là je les ai découvert à nouveau. C’est d’une tendresse incroyable et ça transporte vers le rêve, mais le Rêve avec un grand R;

    J’attends avec impatience …Même si ce n’est que pour l’an prochain de cet ouvrage, car je sens que dans un ensemble ton texte aura une belle place….

    Je t’embrasse ma Sabine et te souhaite d’avoir toujours ces mots qui ravissent les yeux des grands et des petits.

    EvaJoe

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  7. Les grandes oreilles du bonnet d’âne lui ont permis d’entendre l’imperceptible …
    il voit au delà , il restera rêveur.
    ton conte est magnifique ,ton poète-voyageur sera, pour Marie l’institutrice l’époux rêvé .
    Bisou Sabine

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  8. Miam, l’histoire est encore plus féerique et empreinte de cet Afrique que tu aimes avec un coeur gros comme ça…Comme je te comprends…

    Et ce conte qui sera lu au cours du mariage est une idée pleine de promesse, j’adore oh oui j’adhère totalement à cet engouement et je partage le rire des enfants….

    Si les bonnets d’âne avaient des oreilles de fennec aucun enfant ne les verrait comme une punition que de les porter…Rire!!

    Mille mercis Sabine de nous faire rêver nous les grands enfants de ton blog.

    Je t’embrasse

    EvaJoe

    ps: si je puis me permettre j’ai mis un mini roman adapté aux grands enfants d’un conte dont le titre n’est pas encore vraiment trouvé
    Tu peux le trouver ici: http://communebouteillalamer.apln-blog.fr/2014/10/17/disparition-inquietante/

    Bien entendu comme d’habitude il te faudra remonter le texte pour le trouver dans sa presque totalité, la fin sera en ligne à la fin de la semaine) D’avance merci!

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  9. Merci d’avoir retouché ton texte pour mieux l’inclure dans notre mariage.
    Tu n’as plus qu’à rédiger une courte présentation pour Séraphin… 🙂

    Elle figurera dans la première partie de l’anthologie alors que ce texte-ci sera logiquement après le découpage de la pièce montée.

    Passe une douce journée.

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  10. Bonjour Sabine,
    Je ne sais pas si tu as une âme de comtesse ou de conteuse , les deux sans doute car cette noble et royale histoire qui a ému mon coeur d’enfant fera certainement voyager tous les petits coeurs des enfants qui ont besoin de rêve ! j’espère pouvoir me procurer ce livre pour la relire ainsi que tous les autres textes qui vont m’enchanter. Merci à toi et à tous les autres auteurs.
    Bon dimanche
    BISOUS

    Blanche

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  11. Comment ne pas aimer ce merveilleux conte ? Je suis certaine qu’il plaira aux adultes comme aux enfants. Ne sommes-nous pas toujours de grands enfants ?
    Bravo et merci pour le joli moment que je viens de passer.
    Belle semaine.
    Amitiés. Cricri.

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  12. Coucou Sabine,

    Me revoici enfin sur les blogs.
    Quelle belle imagination poétique tu apportes aux Ephémères. J’ai donné à Evajoe envie de participer qui t’a refilé à son tour ce gentil virus poétique. C’est vraiment super! ce qu’il va être beau ce n°4.
    j’aime ta fantaisie, la beauté de tes mots, ta tendresse et ton humour.
    Merci pour ce régal

    gros bisous
    😉

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  13. Je relis…
    Comme je suis souvent chez mes parents qui se font âgés …je me sers de mon smartphone pour lire ,
    Ce conte je l’ai lu mais je ne pouvais pas sur ce dernier le commenter….
    Merveilleux conte…j’ai gardé mes yeux d’enfants.. c’est ce qu’on me dit……
    Douce journée Sabine
    Bisous
    timilo

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  14. C’est merveilleux de lire ton coeur, toujours, qui se déploie, âme d’Afrique, douce exotique, si proche et si musicale, tam-tam du coeur à l’âme, porte apporte-moi des bonbons, ceux de ta tendresse sont tellement bons, ils se partagent, et se multiplient, au petit vent d’enfance, oui nos enfants, nos petits malades, que le Ciel les enchante, que le rêve les inonde …

    Je t’embrasse my sweet Sabine, ma conteuse d’or et …

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  15. Magnifique conte.

    Je serai un peu (beaucoup!!) comme l’espiègle au bonnet d’âne.
    Dès que j’entends un cri strident, en automne, je me précipite hors de ma maison, et je lève la tête, cherche dans le ciel, écoute, tends l’oreille, scrute, cherche, recherche ……. une chose extraordinaire pour moi :
    les vols de grues cendrées.

    Depuis une semaine, je laisse la fenêtre ouverte pour les entendre. Et hop, dehors, rien n’est plus important que de lever la tête !!!!!!! et pouvoir admirer ces gracieuses.
    Elles s’entraident, s’attendent, s’appellent, reviennent en arrière chercher la « petite dernière », repartent, enfin passent dans le ciel en vols splendides.

    Quel spectacle qui vaut toute mon attention.

    Bon rêve, bonne journée.

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  16. Lorsque j’étais enfant, je me souviens que l’un de mes camarades de classe qui avait fait une bêtise, je ne sais plus laquelle, avait dû traverser tout le bourg avec sur la tête le fameux bonnet d’âne. De nos jours, ce serait sur toutes les chaînes de télévision !
    Je me suis délecté de ce très beau moment de poésie. Tu écris merveilleusement !
    Gros bisous de nous deux
    Alain

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  17. Tu es une conteuse née Sabine, tu m’as emportée une fois de plus dans ces images savoureuses, mélodieuses, dont les silences sont profonds , intenses et me bouleversent
    Merci pour ce texte que l’on ne peut qu’apprécier
    En toute amitié
    Marine

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  18. Merci pour ce conte aux petites gorgées heureuses, chère Sabine! Chez toi, il y a toujours des éclats de rire et des éclats d’étoiles. Ce dont on a besoin pour vivre et qui manque si intensément! Tes récits sont une dentelle que filent les douces araignées des forêts que tu traverses.

    Merci pour tes histoires, merci pur ton coeur grand ouvert, merci pour tes mots, chaleureusement!

    Je t’embrasse,
    Lorraine

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  19. Je suis revenue te lire, me suis sentie à nouveau transporté par tes mots et je me délecte à nouveau de cette chaleur Africaine, sans jeu de mots…..

    Un peu comme dit notre amie Clara à la façon Kirikou, et pourtant Luc a joué une scène de cette histoire et je n’arrivais plus à me souvenir de ce petit personnage…

    Bisous

    EvaJoe

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