Antre-tant …

1ère partie

Nous le cherchions mais il est venu à nous avant même le temps de la quête, fanchon dénoué au vent, mots arc-en-ciel plein le cartable …

Il fut durant deux jours le compagnon de rêve de notre infiniment subtile « pause dans le TANT », ce petit village au nom vif, résonnant tel un rondeau enjoué

« Queyssac »

Au premier matin, nos bâtons de marche iront danser sur le chemin des orchidées

« Entrez, je vous en prie ! » nous dit l’arbre.

« Venez écouter ce chant à la fois doux et ensorcelant qui vibre sous mes pieds … »

Terre un peu folle, aux tresses de nacre, qui métisse les murs, tu nous séduis déjà !

Derrière chaque volet, dort au loin un meunier, un fabricant d’arcs …

J’ai posé mes intuitions pêle-mêle sur une tuile … Le vent, par les archères créées, en a fait un incroyable cerf-volant imaginaire !

De son fil à mon inspiration, me voici emmenée vers d’étranges herbiers … tout de vers vêtus !

N’entends-tu pas, derrière le buisson, le hautbois du pâtre ?

Cachée derrière l’arbre, vapeurs d’extase gravées dans l’écorce, j’entrevois un horizon magnifiquement transcendant …

Tout n’y est que souffle divin, mouvements sacrés, reliance et … baisers éblouis !

Je rencontre un peu plus loin un arbre-maître …

Je mêle mes pieds à ses racines, mon chant à son ventre …

Et nous fûmes transportés, tous deux, vers un monde d’immensités invisibles ….

Je vivrai d’autres approches ensuite, mais non aussi viscérales …

Et ce banc, aussi curieux qu’hospitalier, attendait que nous lui contions tout !

Il aurait ainsi de quoi se réchauffer, l’hiver, à l’âtre flamboyant de ses passants rêveurs …

Je frémis tout à coup à l’idée de voir s’achever cette lumineuse balade …

J’enfile une écharpe de fortune autour de mes frissons pour ne rien égarer non plus de mes souvenirs …

Les pierres embrassent en leur être des oiseaux de couleur …

Ce seront nos derniers pas pour aujourd’hui au coeur de ces paysages où tout ondule de plaisir entre fleurs et feuillages …

L’air, la terre, les astres, en deviennent effrontément gourmands !

**************

2ème partie

Oeil par la fenêtre du lendemain, nous nous éveillons dans la brume et le charme fou d’un second jour dans ce pays !

Nous repartons, plus fringants encore qu’hier, à la découverte de nouvelles auras, sur la balade des hameaux …

Un héron est posé sur une petite cabane du ruisseau « Le Marie », nous évoquant une scène d’Asie …

Ici, les toits se penchent vers les fleurs pour leur murmurer l’histoire des hommes …

L’automne serait-il déjà venu en douce glisser au cou de ses amantes ses ocres en diamants ?

Bel instant émotion devant l’arbre qui prie !

Serait-ce le fruit de ses invocations qui soigna son arbre voisin ?

De cette balade des hameaux, nous retenons que les trésors d’authenticité, devenus à ce point rares, ont le pouvoir fabuleux de submerger de joie !

Oh-séant de verdure assis en amazone sur d’espiègles saisons, vagues des nuances qui divaguent d’ivresse, nos yeux se noient dans ton verre d’écume végétale, y devinant tous tes vagabondages ...

Nous saluons un drôle d’oiseau, fait de bois et de mousse, né d’une onde nostalgique et d’une main éphémère !

Vertige du temps passé à l’écoute du présent, au visage d’un pigeonnier mais à l’âme d’un silo à grains …

Phare champêtre au beau milieu d’un vert apaisant, il nous annonce le retour au bercail !

Y entrer c’est …

méditer, entendre, et ressortir le coeur couvert de cette poudre d’antan, magicienne du geste noble !

Nous repartirons de Queyssac dans l’après-midi, j’écrirai sur ma moleskine ces mots

 » Nous nous sommes profusément abreuvés, la source était bonne et fraîche, nous partons ! »

Oui, il était temps de partir mais nous ne parvenions pas à quitter le hameau …

Comme pour tout ce qui est court à vivre mais doit être pleinement beau, il me semblait que toutes les couleurs de l’Univers s’étaient harmonisées, rien que pour nous, dans un même petit carré de ciel !

Queyssac, cet antre unique où sont réunis, dans une même brassée, tous les arômes ancestraux : la halle, le four à pain, le cabanon à confidences, la vieille église du XIème … Même les tombeaux antiques du petit cimetière y ont un regard attachant ! Sans oublier l’auberge, ancienne épicerie, où l’on peut déguster, entre autres, une soupe à l’ail divine et généreusement offerte à chacun, quel que soit le menu choisi, devenant ainsi un merveilleux rituel du coeur !

Immense yourte à ciel ouvert, Queyssac est un hymne à l’essentiel, faisant resplendir l’or de la parole et du partage …

Merci à l’âme de ce village et de ses habitants !!!

****************

3ème partie

Nous partons pour la « rue des fontaines » à Bergerac, rue qui nous a appelés la veille en l’apercevant, de façon singulière, un rien surnaturelle …

Nous y avons senti nos anciens oripeaux, un peu de lait de notre chair, un parfum de « déjà vécu » émanant d’un lieu que nous empruntions pour la première fois !

Il ne faut jamais chercher à expliquer la raison d’être d’un semblable rendez-vous, il en perdrait de son prime écho toute sa voix !

Notre découverte, que nous tiendrons secrète ici, fut quelque peu bouleversante …

Notre émoi fébrilement rangé dans un coin de notre mémoire, nous tournoierons dans l’ancienne ville, véritable enchevêtrement de ruelles magiques …

L’Univers se plaît à nous surprendre …

Nous étions garés à côté d’un message d’amour mais ne l’avons vu qu’en repartant !

Fallait-il qu’il en soit ainsi ?

Je le pense en effet, car il résumait sublimement en une note superbe notre périple, lui donnant tout son sens !!!

SAB-Lyse

13 réflexions sur « Antre-tant … »

  1. Merci Sabine, toujours fidèle au rendez-vous de la Poésie, toujours prête à la sublimer… Tu nous donnes envie de devenir poète avec toi, tandis que passent les jours et que nous ne pensons pas à lever les yeux vers le beau…

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  2. Quelle magnifique région, avec tes mots et ta vision mystique des choses, cet arbre qui prie, cet oiseau au coeur des bois, tout est beau et me remplit de sérénité, merci à toi et heureuse de voir que tu vas bien Sabine !
    Marine D

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  3. La connivence sacrée de l’invisible est partout dans la Vie et qu’il est bon s’abreuver à cette source de joie lorsque nous ressentons cette connivence … Merci Sabine pour cette merveilleuse balade bordée de tes émotions.

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  4. Quel délicieux moment j’ai passé en te lisant. J’ai imaginé mettre mes pas dans les vôtres. J’ai trouvé que ce banc me faisait un clin d’œil, il me rappelait celui qui était chez nous il n’y a pas si longtemps. Gros bisous d’EvaJoe

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