Sur le banc d’éole ….

 

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Dans le pupitre du ciel,

cette nuit

j’ai pris

le rapporte-heures

et le conte-pas

pour tracer

sur mon cahier de rue

le grand cercle étoilé

des poètes non disparus …

 

Je connaissais déjà

par coeur

la noblesse de leurs mots d’ire

et de douceur,

gagnant une flopée d’images

de leur souffle or-éole

et goûtant aux heures peu sages

où toute plume s’envole !

 

Quand je me suis rendormie,

j’avais écrit sur mes pages

leur lointain

en rires suspendus

et des lettres de lune

et ce parfum d’encore ….

 

(Sabine)

 

 

C’est à ce vieil homme, et à vous aussi bien entendu, que je dédie ce cliché en poème fantasque …

L’entendra-t-il, pensez-vous ?

Les oreilles de l’art sont d’amples hémisphères !

 

Nous l’avons rencontré à …Santiago …

Il peignait avec un simple petit bout de bambou trempé dans l’encre de Chine …

 

 

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Nous sommes arrivés à Santiago le vendredi 15 juillet dans l’après-midi, après avoir parcouru trente-neuf kilomètres sous une chaleur écrasante, mais …

le coeur frais comme l’aurore !

 

Ma tête résonne encore de cet antre musical où la symphonie des goélands  se mêle aux mille instruments de rêve s’échappant des ruelles…harpe, violon, mandoline, hang, tambour !

Le tout enveloppé de senteurs mystiques, d’encens uniques, de parfums comme tout droit sortis du pays des fées …

 

Et cette nuit, en y rêvant peut-être, le regard de la lune m’a réveillée, dans un étrange sursaut …

Elle était entrain de me dire « Conte-leur là-bas et toutes ces beautés …! »

 

Alors, en voici, pour vous, dans leur cocon de soi, tissé de brume et d’or …

 

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En repartant de ces chemins de renaissance, j’écrivais :

Je ne regarde plus les passants comme des étrangers, mais dans « l’intime tendre » qui s’en évapore… (Sabine)

 

Hasta luego, sur mon diaporama commenté !

 

 

 

Post-scriptum  

 

A la demande implicite d’une lectrice, j’ajoute un tableau de ce vieil homme …

Car je sens également, à travers vos commentaires enthousiastes, que nombreux d’entre vous seront ravis de le découvrir !

 

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Ce qui m’a aussitôt attiré chez ce peintre est ce contact charnel entre lui et sa feuille, cette façon sauvage, magistralement fusionnelle …

 

D’ordinaire, je n’aurais jamais pris cet instant en photo. Pourquoi, l’ai-je fait là ? Je ne sais !

Peut-être me rappelait-il ce type de « splendeur intime » vécue sur le « Chemin des hospitaliers », étape sublime du Camino Primitivo.

Il m’a infiniment peu parlé ensuite, une fois son bout de bambou posé …Un mot, voire deux ?

La beauté effarouchée de ce tableau est à son image …

On y pénètre comme dans une grotte solitaire, découvrant sur les murs des formes, des signes, une histoire, saisissante par l’écho de son mystère  ….!

 

 

 

Sur ce chemin oublié de Compostelle …

 

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Le grand moment est arrivé de vous offrir, enfin, mes instants sur le « camino del norte », quitté à regret cet été, et qui me voit chaque jour hantée par le désir frénétique de le poursuivre …

Selon cette habitude si chère à mon coeur, je vous propose de le vivre le plus spontanément du monde par le biais d’un diaporama commenté : « mes livres d’images » sont toujours à la même place, ils rêvent immobiles sur la colonne de droite et sous mon lecteur de musique. Parmi eux, vous trouverez mon « camino del norte » (en dernière position aujourd’hui)

Pour celles et ceux qui ont savouré mon compostelle alsacien (et tous les autres chemins), il y a moins de photos cette fois-ci. Mais je pense qu’il y a toujours autant de texte pour les illustrer …

Car l’image ne prend véritablement sa force et son identité que dans les mots qui la traduisent !

Alors …

Après vous être imprégné sensuellement de l’image, allez lire dans mes commentaires ce que spirituellement, humainement, magiquement, elle a à vous dire !

 

Au fil de mes commentaires, vous remarquerez sûrement que je ne vous parle pas de récit qui s’en suivra comme à l’ordinaire …

Tout simplement parce qu’il n’y aura pas de récit mais un « livre » cette fois, mon premier livre dédié à Compostelle, qui viendra honorer ce chemin.

Pourquoi ce « chemin oublié » plutôt qu’un autre ? Vous le comprendrez au fur et à mesure de mes confidences !

Je ne sais encore combien de temps ce livre mettra à naître…

J’ai déjà le titre, la préface et d’autres aile-aimant mais … laissons le pousser distraitement dans le ventre alangui de mes pensées ….!

Laissons aussi à mes pas la joie d’achever ce qui fut commencé. Ainsi, de la Cantabrie je poursuivrai dans les Asturies par le chemin primitif jusqu’à Santiago.

Un livre, un chemin à finir et peut-être une tentative en auto-entreprise en tant que liseuse auprès des enfants malades et des personnes âgées … Autant de projets qui se ressemblent et meurent d’envie de se rassembler !

 

Venez, à votre tour, vous rassembler autour de mes extases, caresser de vos pieds nus l’herbe tendre, parer vos yeux de robes d’écume et respirer la brume des aurores …

Parsemées ça et là, quelques notes ont été adressées à certains de mes amis virtuels et non virtuels : Old Nut, Hécate, Nicole la pèlerine ….

 

Bon diaporama et Buen camino !!! 

 

 

J’ajoute cette petite note pour celles ou ceux qui n’ont pas trouvé mon diaporama. Comme je l’indique, il se trouve sur la colonne de droite de mon blog, à la rubrique « Mes livres d’images » (juste en dessous de mon lecteur de musique).

Vous verrez, il y a là toute une série d’albums et le « Camino del norte » se trouve à ce jour en dernière position.

Il vous suffira ensuite de cliquer dessus, vous obtiendrez une mosaïque et vous n’aurez plus qu’à cliquer sur la première photo de la mosaïque pour suivre et vivre mon diaporama commenté, image par image, chacune illustrée de « son » histoire ! 

 

 

C »était hier …

 

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Ce 24 juillet,  j’écrivais …

 

 »  »  Ce chemin m’aura plus appris après que pendant !

 » Pendant » j’ai essayé de le traverser bon gré mal gré, sans toujours comprendre ce qui m’arrivait …

« Après », une fois mes pas sortis de ses hayons,  je l’ai senti « me » traverser, couler en moi comme une rivière vagabonde …

 

Je suis là, assise sur les marches de ma terrasse, entre un pied de vigne et un vieux robinet de jardin. Et, comme sur le chemin, lorsque nos paupières se ferment sur un joli noeud de bois ou que l’on s’endort sur les froissements d’un simple sac plastique, je m’épanouis en chaque chose jusqu’à m’y fondre, ne former plus qu’un avec l’air …

La chaleur de la pierre monte dans la chair de mes pieds et celle de mes mains posées à plat par-terre, les doigts écartés, telles deux étoiles de mer.

Je deviens « vent » en écoutant la symphonie du feuillage et y danse dessous rien qu’en fermant les yeux …

Il se met à tomber des ribambelles de gouttes folles, mon carnet est mouillé, qu’importe !

Je reste en divin contact avec le sol …

Après cette pluie, j’ai l’impression de respirer les entrailles de la terre et la pierre est encore plus chaude, plus onctueuse au toucher …

« Renaître, redevenir ce foetus dans l’embryon du monde … », il n’y a pas de sensation plus extraordinaire !!!

 

J’étais si mal ce matin, des événements familiaux m’ayant laissé un goût amer, avec cette effroyable notion que tout pouvait s’écrouler en l’espace d’un vol d’hirondelle, avant que je ne décide d’écouter la voix de la sagesse, celle dont nous berce le chemin à chacun de nos pas …

J’ai alors tout laissé derrière, me suis abandonnée à un sommeil paisible, prenant au réveil un formidable recul, moteur de ces quelques lignes.

Recul qui nous rend si différent des autres, de la grande masse humaine ; trop peu de gens s’arrêtent encore pour méditer, entrer en douce complicité avec l’instant.

La méditation demeure pourtant un vrai choix, avec de vrais sacrifices : il n’est pas toujours si aisé d’enfiler le vêtement d’un ermite !

Mais la vie est un fruit qu’il faut aller cueillir sur l’arbre afin d’en apprécier la VRAIE saveur …  » « 

 

Votre dévouée pèlerine.

 

____________________

 

 

 Je suis rentrée depuis maintenant deux semaines mais, comme vous le constatez, je « marche » encore !

Et je n’ai qu’une hâte, celle de reprendre au plus vite ce « Camino del norte » (j’espère en septembre) jusqu’à Santiago …

Comme jetée sur un marché aux mille couleurs, je ne sais où donner de la tête et de la plume pour vous conter toutes mes nouvelles découvertes, tant sur ce chemin qu’ailleurs …!

je tâcherai de prendre le temps, de cela je suis presque sûre, TANT j’en explose d’envie, et puis c’est une grande première… »je vous écris de mon Windows 8″, laissé dans son bel emballage depuis plus d’un an, ne parvenant pas alors à me détacher de mon vieux pote « XP » !

 

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Et je … salve-hour,

en rafales de mots et petits bonheurs !

 

Deux paires de lunettes ?

L’une pour flâner entre les étoiles et l’autre pour …rire avec le soleil !

 

Dans le verre ?

Rien que du terroir, je vous le promets !

 

A intense-aimant bientôt …

je vous AIME !!!

 

Et j’ai retrouvé mon « Ludovico Einaudi », compositeur dont (je crois) je ne saurai plus me séparer …

 

 

Compostelle alsacien : le récit.

 

J’ai essayé de faire de ce récit  « le chemin le plus vivant, le plus vrai possible ». C’est au fil de nos pas, de nos états d’âme et de nos émotions qu’il avance donc !

Afin de le vivre pleinement à votre tour, il faut en prendre toute la substance, sans en gaspiller la moindre goutte, et vous laisser traverser par ses multiples messages …

Pour celles et ceux que la longueur d’un texte effraierait quelque peu, je conseille d’oublier pour un temps le temps, de vous laisser porter et tout savourer à foison comme le ferait sur le chemin un pèlerin épris.

Je vous « remercie », au nom ……de toutes les splendeurs rencontrées, humaines entre autres !

 

 

 

Préface

 

 Rien n’est plus grandiose, sûrement, que la force de coeur et d’émotion avec laquelle on accomplit une chose …

 

Je vous dis cela car,  j’avance à tâtons vers ce récit, promis auprès de vous depuis si longtemps, mais également l’un des plus chers à ma plume ….

Je m’en approche et, peu avant de croiser son regard, tout mon être se met à battre la « ch’âme-rade »,  comme s’il allait se noyer tout entier dans un émoi trop profond !

 

J’avais commencé à écrire  » Il était une fois un voyage fait de silence, de souffrance et d’extase, et tout s’était arrêté là …

Trouverai-je les mots, m’étais-je dit, pour savoir traduire tout ce qui m’y éleva plus haut que le firmament  ….!

 

Et tout à coup, je me souvins ……..

Je me souvins que, lors de ce même voyage, j’étais devenue au fil de mes pas « arbre aux racines  solidement plantées dans la terre »,  me donnant la force d’affronter la voix des tempêtes et le tumulte incessant des océans.

Je me souvins que, des cendres de ma tristesse, tout s’était ranimé en rires d’oiseaux et mélodies de clochers …

 

Alors, oui, et quels que soient mes mots pour le dire, les souvenirs et instants évoqués, TOUT  resterait à jamais « grandiose », et en transmettrait toute la lumière et toutes les senteurs !

 

« Nous avons fait ce voyage à pied pour Toi, mais tu nous l’as rendu au centuple ! Durant tout le chemin, je te ressentais tel un petit oiseau, volant au-dessus de nos têtes, la fleur au bec, tissant un à un nos instants comme l’on tisse un nid douillet …. »

 

Notre périple alsacien » fut un hommage rendu ».

A notre ange, Yoann, ayant vécu plusieurs années à Strasbourg peu avant son envol, le 23 octobre 2008.

Et ce récit est un cadeau, mon cadeau pour lui en ce 23 octobre, date anniversaire de sa naissance ou « renaissance » dans le ciel !

 

———————– 

 

 

De l’infime au merveilleux …

 

L’Alsace est très certainement le parcours « le plus » touristique de France où l’on peut s’enrichir de mille et une connaissances  !

Mais, était-ce vraiment l’objectif premier d’un pèlerin ?

Non, pas en ce qui me concerne en tout cas !

 

De mes chemins, j’emporte des voix, des sons, des odeurs, une atmosphère que je n’oublie jamais …

 

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 Ici, à Surbourg, un enfant se baignait au beau milieu des poules …

Un peu plus loin, j’entendis résonner d’une maison quelques coups de marteaux,  puis le bruit d’une scierie…

Tout grouillait de vie et j’eus la féerique impression, un instant, d’emporter dans mon sac ces petits bouts de vie.

Ils m’entouraient d’entrain et de réconfort !

 

Après la rue de la scierie, le chemin suivait une ancienne ligne de chemin de fer désaffecté, il y avait les traverses de bois sur le sol et, devant nous …

« le cadeau de la journée » !

De ces cadeaux, de ces friandises que le chemin aime à nous laisser de façon divinement impromptue …

Il y avait, là, devant nous, après ce long désert brûlant traversé, une forêt !

 

 

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Nous avons plongé nos têtes folles et nos corps fatigués dans ce feuillage, avec une envie d’y croquer à pleines dents comme dans une pomme .

Et là, j’en ai encore le parfum niché au creux de mes narines, l’écorce des arbres sentait le savon ! 

Qu’il devait être exquis de rouler en train ici, ai-je alors pensé rêveusement, pour un peu le rythme des roues sur les rails m’aurait bercée !

 

 

 Des sons, des odeurs, des voix ……

 

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Ici, près du couvent de Rosheim, une jeune fille jouait du violon, sa silhouette se dessinait au travers de la baie vitrée …

Les notes étaient angéliques et prenaient plaisir à s’échapper par la fenêtre ouverte, comme pour nous dire « Que votre chemin soit merveille ! »

Une savoureuse odeur de soupe aux choux planait dans l’air …

Nous étions en Alsace, pays où tout fleure bon et où, même la tristesse, deviendrait attachante !

 

 

 

Sur les chemins, je m’emplis de sensations qu’on ne vit qu’une fois !

 

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 comme …

grimper un escalier vers ma chambre, en plein coeur des vignes, un verre de vin à la main (grâcieusement offert par Mme Dolder, la vigneronne chez qui nous étions ce soir-là, à Mittelbergheim) et entendre sonner le clocher au même moment !

 

 Je pense que nous emportons d’un pays quelques secrets de son coeur, trésors d’un verger bien gardé, dont l’entrée ne se voit pas au premier regard …

 

 

 

Notre approche avec ce « pays de contes de fées »

 

Ce pays nous séduisit aussitôt !

Avec ses meules, ses balcons, ses canaux,  ses arcades …

Et les maisons, qu’au fil des jours et des émerveillements,  je comparerai à « des maisons de poupées », que des âmes d’enfants auraient parées de leur fantaisie  et colorées de leur pinceau naïf, trempé dans la beauté des fruits et des fleurs !

 

 

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Les habitants, quant à eux, nous ont semblé si bien correspondre au cadre enchanteur de ce terroir …

Ce petit grand-père, par exemple, qui fut l’une de nos premières rencontres !

 

 

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Il nous conta l’acier et la disparition des fonderies, les champs de patates bêchés à la main,  le talent des femmes qui faisaient naître, de l’or de la paille, de superbes gerbes, et les belles soirées champêtres dont l’écho semblait  encore retentir dans son regard !

 

 

Cet esprit de labeur, de respect et de générosité devait continuer à nous émouvoir, quelques pas plus loin, avec la rencontre de Mr Dominique MOOG, Prêtre à Wissembourg …

Il est 14 heures. Le Prêtre ne devait nous accueillir que deux heures plus tard.

Nous ne saurons donc jamais pourquoi l’instinct nous poussa à nous diriger vers le presbytère à cette heure-là de l’après-midi !

Sur le point d’arriver, qu’elle ne fut pas notre stupeur lorsque nous vîmes s’arrêter une voiture à notre hauteur et apparaître un visage jovial s’adressant à nous en ces termes constellés d’espoir « Vous ne seriez pas les pèlerins de Compostelle que je dois héberger aujourd’hui ? « 

Devant notre réponse affirmative et notre discours on ne peut plus étonné, il nous répondit (certaines phrases ne s’oublient pas !) « Il y a des signes ! », et nous invita à venir nous installer.

Après réflexion, je me dis que, bien sûr, il était homme à croire éperdument aux signes, à ces signes annonciateurs que la vie s’emploie à laisser sur nos chemins. Ces signes tant vénérés par Paulo Coelho !

En tout cas, vive l’instinct, le hasard, la chance, la vie, notre ange du chemin et que sais-je encore mais, avec l’immobilité,  nos sacs commençaient à peser sur nos épaules : MERCI Mr MOOG !!!

 

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Ne sachant pas faire fonctionner l’eau chaude, nous nous sommes douchés à l’eau froide ….

En venant circuler sur notre corps, elle le fouetta tellement de l’intérieur que nous entendîmes crier notre sang !

 

Mais les bons gros lits plongeants, chauds et duveteux à souhait, réussirent vite à nous faire oublier ce châtiment.

Les oreillers étaient larges et d’une douceur incomparable, détail très cher au pèlerin !

Mr MOOG avait-il deviné tout cela, très vraisemblablement oui !

 

Cet homme, ne cessant de courir par monts et par vaux, dont la vie rime avec les mots « mission, rencontre, travail, oeuvre », philanthrope et secourable jusqu’au cou, ne pouvait ignorer ce détail !

Et tout le presbytère reflétait cette vie pleine d’action.

Je n’ai pris aucune note sur le moment, pardonnez-moi, encore sous l’effet de la découverte.

 

Et les animaux savent, certainement mieux que nous, repérer les hommes exceptionnels  …

 

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Cette poule, qui dormait sous l’échelle (servant à grimper au cerisier) s’est mise à courir vers le prêtre dès qu’elle l’aperçut, à la façon d’un chien fidèle …

Cette image ne me quittera jamais !

 

 

 

Ne marchons-nous qu’avec le corps ?

 

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Et voici le genre d’espace qui met tout à l’épreuve, et principalement la force qui est en nous !

Nous traversons des déserts d’herbe et de cailloux où le soleil nous tient comme une pieuvre dans ses tentacules ….

Nous en sommes au premier jour de marche.

 

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Le parcours est à découvert, désespérément à découvert …

Nous sommes livrés en pâture au soleil et quand l’Alsace scintille de tous ses feux elle ne le fait pas à moitié, croyez-moi !

 

Une foule de réflexions vient encombrer nos cerveaux dans pareille situation : nos sacs sont à changer, nous n’avons pas beaucoup marché cette année …etc etc.

Mais notre « Lola » qui est, elle,  hyper entraînée, pourquoi se trouve-t-elle alors aussi éreintée que nous ?

 

Furieuse impression et réel ressenti que les sacs nous arrachent le dos, le cou, le bassin !

Je me fais un début de tendinite, poursuis avec un bandage de la pharmacie. Je ne parviens même plus à manger,  je « PRIE » , la seule solution que j’ai trouvée pour pouvoir continuer à avancer !

 

Deux jours plus tard, en quittant Brumath et tout en suivant les canaux,  Lola craque, pleure sur le sort d’une souris morte rencontrée en chemin, elle ne sait plus ce qu’elle fait là, elle se sent effroyablement fatiguée …

Or, au fur et à mesure que nous nous rapprochons de Strasbourg, nous trouvons la force en nous pour la motiver et elle s’emplira de plus en plus de joie de vivre au fil des pas !

 

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« Tout au long du chemin, je t’ai senti présent, magistralement présent et aimant ! » (A mon ange Yoann.)

 

 

Quelques jours plus tard,  en cheminant vers le couvent St Marc,  j’eus la sensation, des plus délicieuses, de glisser sur le chemin comme dans une « barbe à papa ».

Et pourtant …

Le relief n’avait pas changé, toujours en « montagnes russes » !

 

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A un moment, je pleure , pleure de chagrin,  me délivre …

Et c’est alors que je peux, enfin, penser aux autres, et prier pour tous ceux et celles qui m’avaient confié leur souffrance  …

Je repense à la phrase de « Guy » (je l’évoquerai plus loin. Avec son épouse « Christiane », ils furent « LA » rencontre du chemin !), cette phrase qui me fit encore pleurer, mais de bonheur cette fois !  Vous en prendrez également connaissance tout à l’heure …

 

Non, nous ne marchons pas avec le corps mais …

avec le corps relié à l’âme !

 

Et, dès que le corps se détache de l’âme, les douleurs, la fatigue surgissent.

En revanche,  lorsque le corps et l’âme sont chaudement, intimement liés, nous ne marchons plus mais …

« volons »,

à travers les airs,

nous nourrissant de la bonté et de la beauté de toute chose !

 

Notre « câbrita » (Lola), ainsi surnommée sur le chemin espagnol, est toujours devant …

Lorsqu’elle s’éloigne trop de nous et que nous ne l’apercevons plus, nous crions « Ooooh « , et devenons les charretiers tonitruants essayant de calmer leur cheval  fougueux !

 

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Quitter un chemin, quel qu’il soit, est toujours un moment difficile dans nos entrailles …

Après 270 km de parcourus, nous commencions à bien y entrer corps et âme !

 

Comme sur le Camino espagnol, je commençais à savoir m’endormir sur un froissement de sac,  ou les yeux rivés sur trois fois rien :  le noeud d’un bois ou la veine d’une pierre …

Ici, au couvent de Bellemagny, ce fut sur la dentelle d’un rideau …

Mais nous en étions, déjà, au dernier jour de marche !

 

A force de marcher, le corps et l’esprit parviennent à se frayer, partout, des chemins de douceur, de sommeil et de ravissement  …

Et nous nous fondons tout entier avec le monde qui nous entoure !

 

 

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 C’est fou comme les rêves voyagent !

 

Il arrive que notre regard s’accroche, tout à coup, comme happé par nos souvenirs, à un détail, un objet, qui pourra paraître, aux yeux de l’univers, banal et totalement insignifiant.

Et ce détail, cet objet, va devenir rien que pour nous, l’espace d’un suprême instant, cette page écrite à l’encre de notre coeur dans le livre des voyages et du temps….

 

 

 

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Nous venions d’arriver par le train à Wissembourg.  Juste en face de la gare, nous attendait un p’tit resto bien sympathique .

Et c’est là même, dans un cadre insolitement chaleureux, que je vis ce lustre féerique !

Du Nord de l’Alsace, dont je foulais le sol depuis quelques minutes, je me suis retrouvée, en un bond de sauterelle, en plein coeur du pays huguenot, au « Pont-de-Montvert », sur le Chemin de Stevenson !

Je revoyais notre gîte, perché tout en haut d’une ruelle, et une petite fille  de 9 ans »Miléna », assise sur les marches, aspirée toute entière par un livre (la couverture était rose, je me souviens), pendant que sa maman ajustait charges et bât sur le dos d’une vieille ânesse, travail d’horloger !

C’était leur première « grande randonnée » à toutes les deux et elles s’apprêtaient à parcourir une centaine de kilomètres à travers les Cévennes avec cette ânesse, louée pour les besoins de la cause, et dont les propriétaires avaient dû probablement mentir sur l’âge.

 

Le gîte était tout vêtu de bois et de pierre, à l’intérieur, et tout enrubanné de feuillage, à l’extérieur ; notre fenêtre de chambre y donnait directement !

Et, dans le bureau, il y avait ce faiseur de rêve que j’avais comparé alors à « une pluie de fleurs », et qui me fait penser aujourd’hui à « un manège enchanté d’étoiles » …

 

Il est fou de constater combien, le plus modeste des éléments, un lustre en l’occurrence, pouvait ainsi nous transplanter, nous perdre, nous faire basculer d’une rive à l’autre …

A ce point de dépaysement, ce phénomène n’était-il pas tout simplement « magique » !!!

 

 

 

Avons rencontré des gens de coeur … 

 

Quarante vaches, une quinzaine de chats, des veaux, deux chiens au caractère bien trempé et …

deux coeurs tout sertis d’or et de lumière : les leurs !

 

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Ils nous ont offert pour la nuit un mobil-home de rêve, sous de grands arbres, pour la modique somme de 20 euros (pour nous trois, je précise !) avec frigo rempli et du bon lait de la ferme pour le p’tit déj !

Leur antre est un vrai paradis (Ne manquez pas d’aller y faire un tour sur mon diaporama commenté), et eux en sont « les anges merveilleux » !

 En contemplant cette photo, je souris aujourd’hui comme une enfant devant mon écran ; ils étaient si friands de partage et portaient en eux une telle joie d’exister …

 

 

 

Trois chiens, un chat et …

son coeur à elle, déjà habité par la lumière du Chemin !

 

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Elle s’appelle « Nadia », rencontrée vers le canal de la Bruche, où elle promenait toute sa p’tite famille.

Son Labrador sable nous a tellement rappelé la nôtre « Cannelle » ,  et c’est ainsi que nous sommes rentrés en conversation, nous immergeant très vite de l’un l’autre !

Nadia rêve de faire Compostelle un jour et ….elle le fera !!!

Oui, je le sais, car j’ai vu des chapelets d’étoiles briller sous ses pas ……..

 

Allez, encore une petite photo, si pleine de tendresse !

 

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Nous y avons « infini-aimant » parlé de voyage, d’êtres exceptionnels, d’amour, de paix ……!

Je vous demanderai donc d’imaginer la photo qui va suivre, animée de toute une équipe de joyeux passionnés autour de la table, dont nous étions les trois seuls pèlerins de Compostelle.

Que faisaient les autres ?

Ils marchaient un peu (je crois ?), savaient en tout cas rêver, échanger, s’émerveiller, s’enrichir …(toutes ces splendides valeurs n’appartiennent pas qu’au Chemin de Compostelle !)

 

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 Au couvent St Marc

 

 

Les religieuses, complètement adorables, se sont levées pour nous aux aurores, afin de nous préparer notre petit déjeuner.

Je suis en pure admiration devant cette dévotion aussi douce et discrète qu’elle est enracinée et fidèle !

On croit trop souvent, et à tord, que la vie d’une religieuse n’est faite que de repos et de méditation.  A force de les avoir côtoyées, je commence à penser, au contraire, que leur coeur bat au rythme du monde ……….

 

 

 

 Un coq chantait par la fenêtre ouverte …

Au crépuscule, j’entendrai les Soeurs chanter en arrosant leurs fleurs et leur potager, après une rude journée de travail ,

leurs voix s’élèveront jusqu’à mon âme, pour l’emplir de bien-être et d’espérance !

 

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Le couvent de Bellemagny :  un décor simple !

 

 

Sur un bout de journal, je lis qu’elles ont tout défriché et reconstruit de leurs mains pour pouvoir bâtir un lieu accueillant les personnes âgées et malades.

 

Elles ont été « aux vrais petits soins » pour nous !

 

Avant de partir, La Mère Supérieure nous donne une « eau miraculeuse » dans un petit flacon, uniquement composée de plantes ;  je l’ai surnommée ainsi car elle guérit pratiquement tous les maux !

Et le regard frétillant de cette Mère Supérieure me restera à jamais gravé …

Extrait de ma moleskine « De ces regards qui devinent tout en silence, qui partent cheminer au fond de nous pour s’arrêter dans les recoins les plus enfouis, les plus secrets … »

J’en ai encore des frissons en relisant ces mots et revois, le coeur saisi d’extase, la silhouette de cette petite dame, toute menue, respirant tout à la fois la tendresse d’une « mère » (sans M majuscule)  et l’énergie d’un torrent ! 

 

 

Et je ne suis pas là d’oublier non plus leur soupe, défiant les meilleurs palais, que je nommerai aussi de « miraculeuse », tant elle crée de plaisir en la savourant !

 

« Le couvent de Bellemagny » …

un exemple de générosité qui m’a émue, une fois de plus , jusqu’aux larmes !!! 

 

Rien n’est plus grand que l’humilité des êtres et des choses….. 

 

 

 

Dernier jour, derniers pas, je rêvais en secret d’un immense steak frites et le chemin nous y mena droit dessus !

Mais nous ne savions pas, alors, que ce serait dans un « 4 étoiles du guide Coeur  » ……

 

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Sans rien dire, ces deux hommes nous ont fait cuire deux steaks à chacun, les accompagnant d’une opulente salade avec les frites…

Nos visages inspiraient-ils à ce point la faim ? (je souris).

Ce fut un vrai « feu d’artifice » dans nos coeurs et dans nos papilles  !

Puis, ils nous ont offert un café (comme s’ils ne nous avaient pas suffisamment entourés de gentillesse !) et ont, de surcroît, accepté de poser pour la photo (ce qui ne fait pas trop partie de leurs coutumes !).

 

Je ne sais plus, ensuite, ce qui m’amena à leur parler de la « Crédenciale » (passeport du pèlerin, tamponné à chaque halte).

Avec une certaine « impatience enfantine », je suis allée en chercher une des nôtres pour leur montrer.

A la vue de tous ces tampons si évocateurs, j’ai vu dans le regard de l’un (celui à droite sur la photo) perler comme une sorte de nostalgie mêlée d’envie !

Il me parla alors de son grand-père qui fit, lui aussi, un chemin spirituel à dos de chameau en plein désert ……

Et, en y songeant aujourd’hui, je me dis « Quelle foi, quel enthousiasme intérieur faut-il posséder pour  emprunter de tels chemins, muets, et dénudés de tout (ou presque) ! »

 

Cet échange me rendit « folle d’amour pour l’humanité ! »

Et, d’ailleurs,  pourquoi la religion devrait séparer les hommes ? Car, quelles que soient nos convictions en la matière, ne cherchons-nous pas la même lumière …!

 

Lorsque nous mangions à la terrasse,  il y avait autour de nous des jeunes dont, pour beaucoup, on devinait une certaine révolte et misère sociale …

Sans bruit, rien que par une écoute intérieure, je me suis rapprochée d’eux, de leurs conditions, de leur appel …

Je n’avais plus le même regard, ce fichu « regard sur les autres », lorsque ces autres sont diamétralement différents de nous.

Et cet état me donnait envie à la fois de pleurer et de crier de joie ………!!!

 

Lorsqu’un chemin se termine,  tout ce qui y fut vécu forme en nous comme un « chaos intérieur » …

C’est l’explosion finale comme si le chemin avait déposé en nous, à chaque étape, un paquet chargé d’amour et que là, parvenus à destination, nous déballions tous les paquets ….

 

« A vous tous et toutes, fleurs du chemin, de vous regarder aujourd’hui me GRANDIT … »

 

 

 

« LA » rencontre du chemin !

 

 Pourquoi « LA »  ?

Non pas que les autres rencontres aient moins compté pour nous, loin s’en faut !

Mais, celle-ci, je l’écris en majuscules car elle représente celle qui m’a sûrement le plus « bousculée » de l’intérieur ……..!!!

 

De Weitbruch à Brumath, notre livre indiquait un balisage inexistant.

Plutôt que de nous perdre, nous avons opté pour le macadam ; nous y effectuerons un bon 8 km, en plein cagnard !

 

 

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Nous ne sommes donc pas arrivés comme prévu près de l’église de Brumath mais d’un temple sur les marches colossales duquel nous nous sommes royalement affalés …

Et c’est donc là que Christiane et Guy, recommandés par le prêtre de Brumath, sont venus nous chercher.

(Je trouverai, par la suite, la coïncidence un tantinet amusante !)

 

 

 

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Christiane et Guy

 

 

On marche vers leur seuil sur une frêle et grâcieuse mélodie d’eau, filet magique ornant de perles les feuilles de nénuphar …

En parvenant vers le petit salon de jardin, perdu au beau milieu d’un fouillis végétal des plus charmants,  prenez garde à ne pas réveiller le chat qui dort, au soleil, sur un banc improvisé …

 

Chez Christiane et Guy :  « la maison où l’on resterait pour l’éternité » !

 

Bien que leur demeure ait toujours été vouée à l’accueil et au partage, nous étions « leurs premiers pèlerins de Compostelle ».

Ce chemin intriguait quelque peu Guy qui nous a donc posé moult questions.

Il n’est jamais facile à un pèlerin d’expliquer pourquoi il fait le chemin !

Mais, avec Guy,  chaque question posée devenait un nouveau voyage,  un merveilleux sentier buissonnier à découvrir …

Alors, nous avons parlé, parlé, n’avons fait que parler !

 

Christiane et Guy sont les exemples vivants qui nous montrent que le « vrai chemin spirituel » se trouve déjà à l’intérieur de soi …

Et le lendemain, lorsque nous repartirons, ce sera « emplis »  de l’élégance d’âme de Christiane et des paroles de Guy, devenu animateur religieux, mais également conteur dans les écoles, faiseur de joie avec Christiane auprès des malades, des personnes âgées , pour ne citer que quelques-unes des »offrandes » embaumant leur si beau chemin de lumière !

 

Cette farouche envie d’aller, humainement, plus loin que leurs simples limites, a été principalement nourrie par un homme d’exception …

Et je l’ai rencontré cet homme :  « le Prêtre de Brumath » 

J’ai eu ce privilège, en allant faire tamponner nos crédenciales, conduite par Guy.

Je me souviens d’un homme bâti comme un roc, dont la grandeur m’a  fait écarquiller les yeux !  Il nous reçut pieds nus.

Il avait de très larges mains aussi, je les revois posées sur son bureau ;  on avait envie d’y caler toute notre misère !

 

Et c’est ce même homme qui, par intermédiaire, me fera réveiller à 3 h du matin, en proie à une intense réflexion ….

Lors de la soirée, en effet, Christiane nous fit part d’une animation qui semblait l’avoir profondément marquée ; animation mise sur pied de toutes pièces par ce prêtre.

Elle ignorait alors, en la narrant de sa voix douce et imprégnante, l’effet que cet échange aurait sur mon être  !

 

Christiane raconte que ….

le prêtre, un jour, avait demandé à ses paroissiens d’exprimer, sous forme d’écrit, dessin ou photo, le meilleur moment vécu au cours de leur année.

Avec ces « bouts d’âme » il constitua une gigantesque guirlande dans l’église, que chacun et chacune pouvait venir consulter …

Partager ainsi, tous ensemble, le « pain de la vie », tient du grandiose !

A 3 h 30 du matin précisément, je me suis réveillée en sursaut pour, d’une part, écrire sur le livre d’Or de nos hospitaliers et, d’autre part, pour chercher le moment qui avait été le plus beau au cours de mon année.

En le découvrant, mes larmes jaillirent comme l’eau d’un puits longtemps condamné …

Je vous parlais tout à l’heure de « chaos intérieur », eh bien ce fut là un véritable tremblement de terre qui se produisit en moi, mon être tout entier se trouvait sens dessus dessous !

Ce que je découvris était, justement,  si extraordinairement beau ….

Le meilleur moment n’est pas celui le plus empreint d’éclats de rire ou de magnificence. Non, il est sobre, plein d’humilité,  il est l’enfant d’un accouchement difficile avec cette joie indéfinissable au bout de le voir enfin né, il est ce fruit exceptionnel et inattendu qui nous aura fait creuser la terre et y mettre les mains au plus profond !

 Il était donc né, cette nuit, pour moi,  ce « meilleur moment », dans les bras de ma fille aînée « Gwen », que je me rappelais avoir serrée de tout mon coeur dans les bras, séchant ses larmes et sa grande misère morale; elle qui pleurait ainsi suite à une brusque querelle où  je n’avais pas su la comprendre, et ses mots dans mes bras fendaient à tel point l’âme qu’une nouvelle porte s’ouvrit en moi, ruisselante d’une nouvelle clarté …

J’avais dû creuser, à ce moment-là, loin loin dans la terre de mes certitudes pour admettre, ensuite, qu’elle se devait d’abriter des saveurs différentes ……

 

Le plus beau moment, oui, est bien celui où nous donnons le plus de nous-même et où nous allons chercher dans les fins fonds de notre âme pour y parvenir !

 

 

Christiane raconta encore que …

le prêtre, un jour, avait décidé de larguer les amarres et de changer la direction du « baiser de la paix » !

Il demanda ainsi à chacun et chacune d’aller serrer la main aux personnes les plus étrangères  de leur entourage.

Tout le monde s’est ainsi retrouvé dans l’allée centrale à se parler et se tendre la main pour la première fois, apprivoisant l’inconnu … 

Quel somptueux bouquet d’hommes cela devait former !!!

 

Et j’en viens à parler de cette « fameuse phrase » , évoquée un peu plus haut, que Guy fit résonner en moi …

Ecoutez-là, c’est un léger bruissement intérieur qui chante comme une cascade dès qu’on y soulève le voile de brume …..

Il nous a dit :

« Je parle, je raconte, mais c’est Christiane qui ressent ! »

 

J’avais l’impression, en prononçant ces mots, d’entendre toute la poésie du silence …

Et, en même temps, la similitude entre « Patrick », mon coéquipier de vie, et moi-même était si…bouleversante !!!

J’en étais, ainsi, doublement émue ……….

 

Nous sommes repartis le matin, après un petit déjeuner aux chandelles sur fond de Monteverdi. 

 

De partout, j’ai écrit :  « Nous repartons sur le chemin, bien plus humbles et plus désireux que jamais de donner et bâtir à chaque instant! »

 

Et, comme je ne crois pas au hasard, ces mots j’aurai très vite l’occasion de les expérimenter …

Peu après notre retour au bercail, notre fille « Gwen », celle que j’avais serrée si fort dans mes bras au printemps,  décidait de venir s’installer définitivement en Charente Maritime.

Elle nous arrivait avec son « petit bout des îles », une autre jolie petite graine dans le ventre, et toute sa fragilité aussi, son désespoir, ses impossibles colères intérieures …..

Il a fallu nous réapprivoiser l’une l’autre, unir notre lourd passé, nos doutes et nos vies différentes en un superbe champ de fleurs !

Ce fut prenant, fort, terriblement torturant parfois, mais tellement sublime une fois l’oeuvre d’art terminée !!!

 

Rien, jamais, n’est accompli au hasard et si je n’avais pas fait ce chemin auparavant, je n’aurais sûrement pas eu la force d’affronter tout cela.

 

D’avoir approché le courage de ces prêtres, de vraies figures d’humanité en Alsace, et vécu ce magnifique « voyage intérieur » auprès de Christiane et Guy, m’ont donné la sève nécessaire à la situation.

Et la présence constante de mon ange, si débordante d’amour, en fit une « sève d’exception » poussant tout mon être vers le haut et l’infinie pureté des étoiles !

 

 

 

 Tu étais là, magistralement là, à nos côtés …

 

 

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 Quelques pas avant la fin …

 

 

et chaque instant a pris le contour d’un coeur ouvert aux vertus de l’infini et de l’éternel …!

 

 

« L’Abbatiale de Wissembourg au petit matin … »

 

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L’Abbatiale donnait sur le jardin de la cure et sur notre chambre …

 

Nous allions entamer notre premier jour de marche.

Alors que j’étais entrain d’ouvrir la fenêtre sur un paysage encore endormi, au même moment, pas un millième de seconde ne s’écoula entre temps, toutes les cloches de l’Abbatiale se sont mises à sonner …!

J’eus l’incroyable et palpitante impression qu’elles s’étaient mises à battre la mesure pour moi et, en même temps, qu’on me regardait du ciel ; j’ai senti rayonner un sourire sur la chair de mon âme …

Ces ressentis ne s’expliquent pas, ils font juste vibrer notre être à la façon d’un oiseau qui prend tout à coup son envol en plein ciel et part s’enivrer de l’azur …

Ils nous laissent aux longues mains d’artiste des mystères de l’impénétrable et je suis devenue petit faon dans le beau milieu sombre et incertain de la forêt et …je n’avais plus peur !!! 

 

Deux larmes ont coulé le long de mes joues en silence, traçant deux sillons où, du ciel, on me jetait des fleurs  …

 

 

 

 Un peu de ton histoire …

 

 

Elle fut un temps ton refuge, ta cabane spirituelle,  le lieu où tu venais sûrement confier tes peurs, et le tout premier endroit où tu nous emmenas ce 17 septembre 2007 lorsque nous sommes venus te voir…

 

 

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Intérieur de la Cathédrale de Strasbourg

 

 

Extrait de ma moleskine  « J’ai senti là toute ta souffrance imprégnée dans les murs.

J’ai deviné l’endroit où tu venais prier, je l’emporte, je ne sais où encore ….. » (juillet 2013)

 

Et, j’en étais convaincue à présent, c’est à Santiago, dans cette petite chapelle, celle où Marie porte son enfant et où une messe fut célébrée pour toi en 2009, que toute ta souffrance s’est transformée en océan de paix, en gerbes de joie, en inaltérable espoir …

C’est là, également, que des amis pèlerins m’ont dit ressentir ta présence dans leurs tripes, une présence  comme un sourire-soleil, un bouquet de fleurs fraîchement cueillies, une douce main tendue, toute sculptée d’étoiles …

Comme j’ai hâte d’y revenir !!!

 

 

La cathédrale,  ce splendide édifice de dentelles qui couvrirent ton coeur lorsqu’il avait mal ou froid …

 

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Assise juste devant, à une terrasse, tout me revenait en mémoire : la pizzéria « Il journale » où nous avions déjeuné ce 17 septembre,  le tour en bateau mouche, ton portrait croqué par un peintre de rue, au côté duquel ma table d’écriture est installée désormais …

Et même si mon coeur était entrain de chanceler à tomber, sensation inévitable, je ne devais retenir que ces bons souvenirs ; ceux où, je l’espère, tu t’es senti « aimé » !

 

 

 

A chaque regard posé, j’ai senti ta main se fondre dans la mienne ….nous refaisions la ballade ensemble !

 

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Nous n’avions pu explorer les ruelles, avec leurs balcons ravissants et leurs jolis troquets, tu étais tellement fatigué !

Mais je sentais là un vent nouveau, avide de tout, guider mes pas et mes envies …….

 

 

Aux premières lueurs du jour, Strasbourg était encore plus fantastique !

 

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Je me suis retournée  avant de partir, et j’ai su que nous y reviendrions un jour, (on ne découvrait pas les  trésors de cette ville en un jour), mais

nous l’aborderions cette fois …

le coeur rempli d’allégresse !

 

 

 

La prière 

 

Il y a tant de sortes de prières et tant de lieux pour les murmurer !

J’ai déjà prié sous une pluie battante, dehors, devant une pierre ou une simple croix, dans des chapelles oubliées où ne venaient plus prier que les oiseaux …

 

 

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l’oratoire du couvent St Marc

 

 

Et ici je me sentais bien également, dans cet oratoire aux lueurs et aux senteurs de la forêt !

 

Rien n’est irréel dans ce genre d’endroit, rien, bien au contraire …

Tout y rapproche nos pensées et notre âme de l’essentiel,

à nous qui oublions trop souvent les racines mêmes de notre être !

 

J’y déverserai une rivière de câlins, de confidences et de douleurs,

des mots des mots et des mots pour mon ange,

à l’oreille attentive de son coeur …….

 

J’ai senti son écoute si ardente, et le lieu si désireux de paix, que j’étais soudainement prête à battre des montagnes !

Cette soudaine énergie allait me porter sur le chemin …

J’ai eu envie de fermer les  yeux pour mieux goûter à ce bien-être retrouvé,

ne voulant pas en perdre la moindre miette.

 

Je me souviendrai toujours de cet oratoire où fut déposé avec amour …

« un délicieux baume sur mes plaies « 

 

Il se souviendra de nous lui aussi,

d’une mère tristement éperdue et d’un fils prodigieusement attendri …!

 

 

 

 Mais encore …

De quoi fut fait ce chemin ?

 

Sur le chemin,

on panse tout seul son coeur écorché,

on pleure pour de vrai,

et on s’amuse, on rit d’un rien.

 

On devient des  enfants libres, des …

« Robinson de l’âme » !

 

 

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et en Alsace …

le mot « enfant » doit sûrement être chanté, chaque soir, par la lune, et dansé en ronde par les étoiles !

 

L’Alsace, un pays à l’esprit si savamment « comptines » 

 

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L’arrivée à chaque village  y est grandiose !

 

 

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Arrivée sur Kaysersberg

 

Ici, en allant toucher le coeur des vignes,  les yeux embués par ce château, dégoulinant de soleil et de majesté, toute une colonie d’oiseaux est venue s’envoler devant nos têtes éblouies ……!

 

 

La vie, dans ce pays, y est rythmée par le chant des oiseaux et celui des clochers …

Alors, à chaque pas posé sur le sol, le pèlerin suit cette mesure, ressuscitante comme l’eau des puits,  pure comme le plus harmonieux des bols tibétains !

Et ces cours de ferme avec leurs tonneaux et leurs bancs de dégustation …

Je n’ai pas osé prendre de photos, par pudeur et respect, mais il en émanait un romantisme fou !!!

 

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Sur tous les chemins du monde, lorsque l’on y marche, chaque chose, chaque lieu, même désert, et à fortiori désert, acquiert une valeur particulière…

Et, au petit matin, il est souvent si bon de se raconter la belle histoire qui nous a bercés le soir !

 

P1070572 (Copier) camping de Molsheim

 

Hier, il y avait là …….

un artisan en saucissons et fromages,  une vendeuse d’écharpes, un chat recueilli, une extraordinaire pompe qui faisait couler des bières sublimes (Oh, les mauvaises langues, nous n’en avons bu qu’une !) et « Antoine » le baba cool en job d’été (et qui plaisait drôlement à Lola ….Chut !!! Mais non, z’ai sa permission pour le dire !)

 

 

 

P1070513 (Copier)Foyer Notre Dame à Strasbourg

 

Il y avait là des jeunes de tout bord et de tout pays …

Notre fenêtre de chambre donnait sur la cour, leurs échanges et leurs rires .

Et nous avons dormi dans ce délicieux brouhaha qui m’a rappelé les soirs en Espagne , sur le « Camino Francés »…

 

Lorsque, sans bruit, nous fermerons la porte pour nous retrouver dehors, avec le soleil levant, tout retentira à nouveau en moi, avec le même plaisir  !

 

Et, chaque matin, à chaque sac qui se boucle retentit comme la sirène d’un train ……. »Prêts pour le départ ? »

Prêts à rencontrer, découvrir, se découvrir et …emporter quelque chose de quelque part dans l’intense nudité du petit jour !

 

 

 

Mais rien, jamais, n’est comme nous l’avions imaginé …

Guebwiller …Que ce nom me faisait rêver !

Le fameux ballon de Guebwiller, mes leçons de géographie,  l’infini,  l’altitude, le bout du monde en somme !

Aussi, je me l’imaginais en petit village, emmitouflé dans sa montagne.

Et ce rêve d’enfant avait dû rester quelque part accroché en moi !

Je fus légèrement déçue en arrivant sur une grande ville, aux maisons plutôt « passe-partout » .

Mais elle m’offrait, à sa façon, de l’insolite et matière à m’évader avec …

cet arbre-conteur, ces fenêtres espiègles …….

 

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 et un gîte aux allures de Robin des Bois, où nous dégusterons du sanglier au feu de bois !

 

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C’est au pied de ce château que je rêvais de m’asseoir, la moleskine sur les genoux, en oiseau rapace, avec des ailes géantes et les yeux gavés d’azur …

 

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Un des joyaux de Kaysersberg !  

 

 

Un jour,  le plus pitre des pèlerins, le plus charmant des pitres du reste,  me dit « J’habite Kaysersberg ! »

Aussitôt,  mes petits doigts coururent sur le clavier pour taper ce nom abrupt, sentant la tanière …

et je vis ce château !

Il ne cessa, depuis,  d’hanter mes rêves …

 

Or, arrivés tard sur les lieux, il y avait eu tant de merveilles en chemin à immortaliser sur pellicule, nous ne connaîtrons rien de Kaysersberg, ou si peu , ne faisant qu’y courir après le temps et dévaler les ruelles en « fourmis fatiguées » !

 

 

« Fée Alsace »… écoute !

 

Nous reviendrons …

 

Nous suivrons,  entre les grands sapins, les étoiles laissées par Ste Odile …!

Ste Odile que j’avais imaginée, en chemin, en « petit chaperon rouge », vagabondant dans la forêt un panier à la main, rempli de petits pots d’étoiles dont elle parsemait les sentiers, ça et là …

Elles nous mèneront vers le sarcophage et les trois chapelles que nous n’avons pu voir, notre étape du jour étant encore loin.

 

 

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Nous passerons chez Mme Dolder, à Mittelbergheim, acheter quelques bonnes bouteilles, car son vin était un poème dont les rimes flânent encore sur nos lèvres …!

 

Nous irons déjeuner à la « Petite Venise », à Strasbourg,  réservant une table à sa jolie terrasse au bord de l’eau …

 

Et peut-être qu’un gentil fantôme nous invitera au château de Kaysersberg pour un inoubliable souper aux chandelles …

Ah mais, que vois-je en y songeant ?

Ne serait-ce pas ce pitre de pèlerin, dont je vous parlais tout à l’heure,  déguisé pour l’occasion en vampire chevaleresque ….?

 

Je le préfère en esthète, pas vous ?

 

P1070809 (Copier)« Philippe », le plus pitre des pèlerins ! 

 

 

Nous lui avons fait une « visite éclair » ….Sniff !

Vivement …………ce souper aux chandelles  !!! 

 

Quand vous aurez fini ce chemin avec moi, allez découvrir son travail auprès des personnes déficientes visuelles qu’il amène sur les chemins de Compostelle.

Il a un site, somptueux, qui en parle : « Les yeux de mon guide »

Vous le trouverez sur ma colonne de droite à « Mes hamacs »

 Son projet est entrain de s’élargir, s’orientant vers les malades  d’Alzheimer.

Souhaitons-lui réussite et courage au sein de cette action « Admirable  » ! (avec un A majuscule, comme le mot « Amour », dont tout son être déborde !)

 

 

 

Déjà partir !

  

Au fur et à mesure que s’achevait mon diaporama commenté, je traînais déjà …

Je traînais, prise d’une tendre euphorie et d’une poignante tristesse à la fois, revenant en arrière pour contempler et relire, me gorgeant de chaque instant comme à l’eau d’une fontaine miraculeuse …

Qu’en sera-t-il ici de mon état d’âme ?

Le même,  déraisonnablement le même !

Je suis « aime-hantée » à ce récit …

Et j’attends,  

j’attends que cet écho terre à taire me parvienne en vagues déferlantes, me projetant sur le récif … »Pèlerine, tu es arrivée ! »

 

Mais non, folles demoiselles, j’ai gardé …….. »un coin de corail dans mon coeur » !

 

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 Et puis …

Ne nous reste-t-il pas ce ti bateau pour voguer encore et encore ?

 

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Vous montez ?

 

Ce sera à nouveau exquis, craquant, et nous rendra …

« célestement heureux « 

 

 

Bon happy-tea  ! 

 

 

 

Sur les chemins de Compostelle en Alsace : le diaporama commenté.

 

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Pour vôtre bonheur (et aussi le mien !), 

je suis repartie sur le chemin d’Alsace, harnachée de « mots et d’images-partage » !

J’ai posé mon bât dans le bises-trop familier  « Aux livres d’images »

dans la ruelle de droite de mon espace …

On y sert aujourd’hui le « Compostelle alsacien »,

un mets bourré d’haies-peace et de saveurs authentiques .

 

Venez-y nombreux !!!

 

————-

 

 

Le récit que je vous prépare, en complément, ira plus en profondeur …

 

En l’attendant, je vous propose de partir vous  imprégner des images et, en parallèle,  des écrits qui les illustrent.

Merci de prendre le temps de lire :

Contempler les images sans lire leur légende serait comme …

contempler une fleur sans aller en apprécier le parfum ou la douceur !

Il y a beaucoup d’images et je les ai chacune commentées …

Le chemin paraît long mais si vous entrez coeur et âme dans le voyage et que vous y prenez plaisir, vous ne marcherez pas , vous …

volerez !

 

—————

 

RV donc à « Mes livres d’images » (juste en dessous de mon lecteur de musique, sur la colonne de droite)

Le diaporama en question se trouve « aujourd’hui » en fin de file …

Pour partir cheminer, il suffit de cliquer sur l’album, puis sur la 1ère image (en défilement manuel).

Mon support étant un peu fantaisiste, une fois que vous aurez cliqué sur l’album, vous tomberez soit sur « Picasa album web » et mes légendes y figureront alors en dessous de chaque image.

Soit vous tomberez sur « Google + » et chaque légende  s’y  trouvera sur la colonne de droite, tout en haut.

(toujours après avoir cliqué sur la 1ère photo bien sûr !)

 

BON CHEMIN à toutes et à tous !!!   

 

Et je suis doublement heureuse de vous l’offrir aujourd’hui car …c’est mon anniversaire !  Il n’y a pas de hasard …

Je remercie chaleureusement au passage « la Communauté des Nuls » pour tout leurs souhaits, et les messages délicieux qu »elle ne cesse de me transmettre pour mon anniversaire depuis ce matin…

Moi aussi aujourd’hui je …

vole !

 

 

De Cluny au Puy : le récit

 

Préface 

 

Vous n’allez pas trouver ici un récit relatant de chacune de nos journées de marche, mais un simple dessin d’enfant aux couleurs de nos émotions, où le crayon n’a jamais été retaillé…

Ce sont des touches particulières, des réflexions, gravées au jour le jour sur mon petit carnet de voyage, et que je n’ai pu inclure dans « le diaporama commenté » (que vous avez, pour la plupart, déjà parcouru).

Vous y vivrez quelques uns de nos rires, de nos instants magiques, mais également un peu de nos doutes, de nos craintes …

Vous y devinerez la profondeur et la beauté de certains silences, mais encore toute la grandeur de l’inattendu à travers certaines rencontres fortes !

 

 

Sabine.

 

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Ami gitan,

toi par qui nous avons évité de mourir de faim, toi qui nous as fait reprendre la route vers un lendemain encore plus lumineux et chargé d’amour, nous n’oublierons jamais ta bonté et ton histoire …

Je te dédie le morceau qui suit !

 

 

(Pensez à éteindre le lecteur du blog sur la colonne de droite)  

 

 

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Epique !

 

 

Instant vraiment épique que cette première journée passée sur le chemin allant de Cluny au Puy-en-Velay, mais que nous avions décidé de prendre à l’envers « Du Puy à Cluny », afin d’arriver en « pèlerins » chez notre amie « évajoe » et d’y découvrir sa vraie maison d’éclusier en Bourgogne….

Ce projet était aussi palpitant que fou mais nous y tenions tant à ce bel et authentique effet de surprise !

Car, prendre un chemin à l’envers signifie suivre son balisage à l’envers ou, lorsqu’il est quasi inexistant,  ne rien suivre et se fier uniquement à la providence, et c’était précisément le cas pour ce tronçon !

Bien sûr, nous ne le savions pas et même …cela n’aurait pas changé grand chose à notre détermination !

Dès les premiers pas,  les « petits pépins » (restons objectifs) s’enchaineront, comme dans une ronde incessante de visages d’enfants tous plus grimaçants les uns que les autres !

Le vieux pont de l »Aiguilhe (le point de départ) tout juste franchi, nous nous rendons compte que nous avons oublié les couverts. Il est dimanche, tout est plus ou moins fermé ! Un homme à qui je m’adresse pour m’informer sur un magasin éventuellement ouvert et qui était entrain de promener son chien, nous amènera jusqu’à chez lui pour nous donner quelques couverts (que nous lui rendrons au retour). Il était réticent au départ mais il avait fait, lui aussi, quelques pas sur le chemin de St Jacques un jour ….

 

Il était un peu plus de 9 heures du matin et il faisait déjà chaud ! 

Nous étions partis tard, enfin trop tard pour nos natures,  habituées à décoller à la fraîcheur de l’aurore, mais il fallait bien prendre le temps de récupérer nos trois créanciales à la Cathédrale du Puy.

Le balisage se montre totalement incohérent dès les premiers kilomètres, il y a des flèches partout aux croisements, et nous nous perdons aux alentours de Tressac, à 5 kilomètres du départ. Alors que nous nous démenions avec notre livre à la main, le tournant dans tous les sens possibles, espérant y déceler un bon signe du destin, deux têtes surgirent d’une palissade nous faisant promptement lever le regard , de leur jardin un couple venait d’entendre nos étranges investigations !

L’homme ne mit pas longtemps à nous rejoindre et il nous conduisit, par un chemin de traverse, vers la bonne direction à prendre …C’est finalement bien d’écouter aux portes, non ?

 

Depuis que nos bâtons s’étaient posés sur le sol, nous ne faisions que grimper, grimper, grimper….A en trouver saugrenue cette idée d’avoir voulu prendre à l’envers une étape « réputée pour ses descentes » !

 

 

 

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A la pause déjeuner, moment délectable que nos pieds attendaient pour s’ébrouer en toute liberté, Lola s’aperçoit n’avoir qu’une semelle orthopédique, et l’autre ? Sûrement laissée sur un coin de chaise de la cuisine d’Odette …! 

Je l’appelle aussitôt, et à partir de là nous élaborerons un plan machiavélique pour récupérer cette semelle, avec multiples intermédiaires et à des heures anormalement matinales, plan que nous abandonnerons très vite dès le lendemain !

Le fait de manger, que j’affectionne plutôt d’ordinaire, réveilla de réelles nausées et je repris le chemin en tournoyant ! J’avais passé la nuit avec une bouillotte sur le ventre et je crus pouvoir donner un nom à ce mal insidieux « gastro » !

Nous reprendrons avec quelques descentes abruptes, où nos corps eurent l’impression de revivre mais, ne nous réjouissons pas trop vite, je ferai deux chutes …(et ce seront bien les premières en quelques …bons milliers de kilomètres anciennement parcourus, il y a un début à tout !)

Bon gré mal gré, nous essayons de tenir le coup sur le restant du parcours et, à quelques kilomètres de l’arrivée, persuadés de tenir le bon bout, nous nous perdons à nouveau et cette fois-ci « royalement » ….

A la sortie d’un village, nous nous étions enfoncés dans une forêt, croyant glisser à pas sereins vers notre nid du soir ….Oh ! combien elle fut bonne cette sensation, je m’en souviens, et combien fut abominable le réveil …je m’en souviens aussi !

Après avoir virevolté en tous sens comme des oiseaux malades, nous posons nos fessiers sur l’herbe, quelque peu découragés, et j’appelle le gîte sensé nous recevoir pour l’avertir de la situation …l’heure impitoyable tourne et nous sommes déjà en fin d’après-midi !

Le propriétaire des lieux nous annonce simplement qu’à partir de 20 heures, plus aucune commande ne sera prise au restaurant …!

Nous repartons, l’instinct de survie aiguisé, bien décidés à déployer à notre tour la plus hideuse de nos grimaces à cette maudite étape !

J’entends au loin un bruit, y aurait-il âme qui vive dans ce désert d’écorce et de feuillage ? C’est une femme sur un tracteur, je cours vers elle à grandes enjambées et sans réfléchir …Ouf, sauvés, elle nous montre le chemin mais comme nous étions encore bien loin de notre destination !

Ce chemin qui semblait nous crier en permanence aux oreilles « Ah ah, vous avez voulu me prendre à rebrousse-poil, alors tant pis pour vous ! »

A environ trois kilomètres de l’arrivée, le balisage nous indique à nouveau un itinéraire fantaisiste ….

Nous repérons des voix vers une terrasse de jardin un peu plus loin, et nous nous y dirigeons tels trois oisillons dans les bras de leur duvet !

Là, des gens d’un abord fort sympathique sont entrain de boire l’apéro
..

Devant nos mines passablement déconfites et nos « bredouillis » verbaux, un homme se lève et nous propose de nous amener ..Encore une première pour nous qui n’avons jamais fini une étape autrement qu’avec nos pieds !

Un peu frustrant certes, mais pas trop le choix dans la situation présente.

Parvenus « enfin » à destination, la simplicité ne sera pas encore au RV

Monsieur le cafetier (le Monsieur si rassurant du tél.) nous tend une grosse clef et nous indique la route pour accéder au gîte, il faut encore marcher (!) et surtout faire vite !

Comme d’autres pèlerins que nous croiserons par la suite (pèlerins juste venus passer la journée), nous ne trouverons pas ce « gîte fantôme »  ! Et, pour cause, il est dissimulé derrière de gigantesques barricades de chantier ….

Démarre alors une course folle contre le temps où chaque minute, chaque seconde même prend de l’importance …Il faudra aller repêcher une bonne âme dans le village, prête à dépasser le simple stade de l’explication pour nous conduire devant le bâtiment !  Bonne âme, sans laquelle, nous ne risquions pas de trouver notre nid ….

Mais, rien n’est encore atteint, et il nous faudra encore grimper, escalader, emjamber….avant de pouvoir tourner cette grottesque clef dans la serrure, prendre une « douche chrono » (quelques bonnes secondes de décrassage) et rejoindre en courant la terrasse du restaurant !

Un seul menu pèlerin sera proposé, faisant honneur au fief mais pas au porte-monnaie du pèlerin :  « des cuisses de grenouille ».

Après avoir fait flotter nos fourchettes dans un vrai bain de graisse, goûté à une sauce sarrasou aigre et à une mélasse à l’eau en guise de fromage blanc, remède radical pour la gastro (!), nous sommes repartis avec la nostalgie de notre bon vieux plat de pâtes, si chaleureux et qui fait toujours si bien l’affaire !!!

 

 

Elle court,

Elle court la vie,

Je la suis 

Car son pas ressemble

A la danse d’un oiseau …

Elle défile défile

Comme dans un beau film de Chaplin,

Avec des grands yeux de clown triste, 

Ou plein de rires sous son chapeau  !

 

Sabine.

 

 

 

 

Et, dans la nuit qui suivit notre toute première journée, nous décidons de prendre le premier train venu nous menant à Cluny !

Nous reprendrions ainsi le chemin à l’endroit, et irions rendre visite à notre amie « évajoe » avant d’entamer notre périple (elle n’habite qu’à une quarantaine de kilomètres de Cluny).

Or, à partir de ce moment-là, tout se déroulera très vite, comme dans un film de magie aux mille rebondissements …

On a changé de rideau et de scène et c’est un parfum d’aubaine qui succède aux déboires de la veille …

Au matin venu, nous nous dirigeons vers la gare où, à notre surprise, il n’y a plus le moindre accueil mais un homme qui attend près des rails et nous informe qu’un train va passer dans quelques huit minutes. Qu’il fut bon d’entendre cela, sur le quai d’un village où les trains ne passent pas toutes les heures et pour trois pèlerins atterris là par simple impulsion !

Malgré plusieurs changements, nous arriverons à Cluny dans la plus délicieuse sérénité comme si un somptueux tapis s’était déroulé sous nos pieds au fur et à mesure de nos pas …

Pas la moindre attente entre deux trains, étions-nous entrain de rêver ?

Et nous avions de surcroît une « fée » pour assurer notre logistique …J’ai bien sûr nommé notre amie « évajoe » qui avait pris soin entre temps, et sans qu’on lui demande quoi que ce soit, de nous réserver un gîte, où nous resterons un bon 24 heures, le temps qu’elle puisse nous recevoir. 

Ce sera l’occasion de flâner dans ce lieu purement idyllique qu’est Cluny !

L’occasion aussi de faire « notre première belle rencontre », au sein même de ce gîte, avec une personne (dont je ne donnerai aucun détail ici par pudeur) mais qui venait de perdre un être cher…

Il n’y a pas de hasard !

Au fil de nos mots, quelques liens se tissèrent vite et elle ressentit le besoin de nous confier toute sa peine. Par rapport à mon vécu, j’ai pu spontanément lui réchauffer le coeur, lui donner un peu de la force et de la foi dont j’avais réussi à m’emplir au fil des jours et des années……..Et qu’il était merveilleux de pouvoir « rendre » cela, et ce n’était que là, à ce moment-là, que j’en ressentais toute l’ampleur ! 

Je la revois encore, juste avant que la voiture de notre amie vienne se garer devant la grille, nous étions étendus sur l’herbe près de nos sacs …Elle fumait une cigarette, l’air complètement abattu, le regard tourné vers sa misère, dont on entendait couler au loin une fontaine de larmes ….

Au moment de quitter les lieux, nous avons couru vers elle pour lui dire « au revoir », soudainement on s’est tutoyé, je l’ai serré très fort dans mes bras et, jusqu’à temps de ne plus nous apercevoir ….nous nous sommes fait voler des bisous de la main à n’en plus finir !

Elle semblait me dire « Reste là, ne t’en vas pas déjà ! »

Si je dois reparler d’elle dans mon récit, ce sera avec ce joli nom  « Tendresse » (ne voulant pas divulguer son prénom).

En regagnant la voiture de nos amis « Alain et évajoe », je savais alors, tout au fond de moi que ….

« Le chemin avait déjà commencé » !

 

 

 

A coeur et à-coup !

 

 

Cluny,

lieu fascinant,

accroché à nos mémoires,

tu as tant pris

de notre existence…

Nous t’adorons !

 

 

 

Tout juste lâchés dans la gorge de ce lieu hors du commun qui va, de sa beauté, nous avaler tout cru, l’heure du déjeuner commence à sonner de toutes parts dans nos ventres affamés …

Toujours par « instinct » (je pense écrire là l’un des seuls mots qui nous guide !), nous nous dirigeons au …. » Bistrot » !

 

 

 

 

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Nous y resterons jusqu’à quatre heures de l’après-midi !

 

A peine attablés, nous nous sentirons chez nous !

Le « Bistrot » c’est non seulement une cuisine familiale et des plus copieuses qui fleure bon le soleil et le terroir, parce qu’elle est conçue (je devrais même dire « méditée ») avec un amour incroyable, mais c’est encore « deux êtres superbes »,  deux potes, qui se donnent corps et âme durant six mois de l’année au développement écologique de l’Inde !

Ils quittent tout, rires en terrasse et senteurs divines qui font leur quotidien, n’emportant que leur passion pour une terre qui les tient par un lien inexplicable, émouvant et viscéralement humain …

Nul besoin de préciser que nos échanges seront purement « divins » , entre leur expérience et la nôtre au Sénégal !

Ils déploieront même en nous des ailes quelque peu repliées ….

 

Mais, avant cela, nous nous étions assis machinalement près d’un couple de personnes âgées, qui se confieront très vite à nous .

Elles avaient été cambriolées depuis peu et durant leur sieste …

Cette troublante aventure semblait les avoir passablement traumatisées. Elles ne possédaient plus aucun papier, tout était à refaire …

Au fil de la conversation, nous en sommes venus à évoquer le « Chemin de Stevenson » et, bien sûr, le village qui fut « notre » grande révélation « St Germain de Calberte » !

A ces seuls mots, nous vîmes briller des larmes d’émotion dans les yeux du grand-père
….

Ce village, perdu en plein coeur des cévennes, était celui de ses aïeux, celui qui avait bercé ses joies et ses souvenirs.

Il y avait une sorte d’envoûtement,  de lueur « sacrée » dans son regard … De celle qui, étrangement, vient à nous habiter face à ce pays où la force du silence, entièrement façonnée de respect et de tolérance, nous transporte vers une poésie, une beauté de sentiment jusqu’à là inédite !

Il suffisait donc de franchir le seuil d’un sympathique bistrot dans une ville inconnue pour partager avec d’autres inconnus le chant d’une source, la silhouette d’un clocher, la fraîcheur d’une pierre …La vie était tout de même incroyable !

 

L’après-midi est déjà bien avancé lorsque nous déciderons de nous « extirper » de ce troquet magique (où nous ne manquerons pas de retourner le soir !).

Nos premiers pas dans Cluny nous ont déjà séduits mais tout reste encore à faire, à découvrir, dans ce lieu enchanteur qui semble être né entre … mystère et romantisme !

 

 

(Vous voulez y flâner vous aussi ? Je vous laisse, pour cela, entre les mains de mon diaporama commenté intitulé « De cluny au Puy » que vous trouverez tout en bas de ma colonne de droite  à « mes livres d’images »… Se munir d’une loupe pour voir le titre, un bug d’OB ! Une fois que vous l’aurez repéré, il vous suffira de cliquer sur l’album, vous obtiendrez alors une mosaïque et, en cliquant sur la 1ère photo, vous accèderez au diapo. à faire défiler vous-même, image par image).

 

 

 

Nous commencerons notre visite par l’illustre « Abbaye  » !

Toute ma vie durant, je m’en souviendrai …

J’étais entrain de régler nos tickets d’entrée lorsque mon portable sonna.

Ma fille aînée « Gwen » était en larmes, effondrée, pire comme …anéantie !

Elle était à l’hôpital de Bordeaux et venait d’avoir les résultats de l’examen cardiologique pratiqué pour notre petit-fils, alors âgé de 5 mois, décelant cinq anomalies dont certaines assez lourdes …

Tout me file alors entre les doigts, et je laisse tomber par-terre tout ce que je venais de déposer sur le guichet, dont mon sac, un stylo, mon carnet de chèques ……….

En l’espace d’un millième de seconde, la vie basculait, et plus rien autour de moi n’avait de sens ni de raison, et ce n’était plus une rivière de sang qui coulait dans mes veines mais une sensation de néant, de vide, me laissant comme inanimée !

 

Il y a une heure à peine, tout avait la saveur d’un paradis et là, en quelques secondes, tout prenait la couleur de l’enfer …………

Aucune possibilité de nous rassurer ne nous sera alors offerte, l’enfant ne peut être entouré que par ses parents, toute autre visite étant interdite, et ma fille souhaite rester seule avec son compagnon !

De notre côté, il ne nous reste plus qu’à …nous accrocher éperdument à l’espoir ………..

 

 

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Oiseau qui vole,

je te confie mes pleurs …

Un autre jour,

Tout à l’heure,

Ou demain,

Tu les déposeras

Entre deux rides

Du courant de ces pierres !

 

 

Faire confiance !

 

Après ces premières journées, j’avais plus que jamais retenu que l’on pouvait comparer la vie à une sorte de « grand manège » où se succèdent dans une même envolée craintes et cris de joie …

Tout ceci je le savais déjà mais le Chemin aime toujours à nous le rappeler un peu plus !

 

 

 

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C’est au coeur de cette campagne profonde, campagne qui se meurt doucement et où nous
n’avons trouvé que très peu ou pas de ravitaillement, qu’existe encore la vraie solidarité …

                  Du moins, nous l’avons rencontrée !

 

Qu’il s’agisse des soeurs de l’accueil Jacquaire de St Jean dont nous avons tiré sur les denrées emportées nombreux jours durant, de la dame du camping d’Azole qui est allée prendre des provisions de son propre frigo, de la simple passante à St Haon Le Châtel qui nous a montré le chemin du gîte et nous a amenés en voiture faire quelques courses, ou de cette autre dame à La Cruzille qui  est venue avec les haricots de sa production et les oeufs de ses poules nous préparer un « repas de roi »….

nous serions sûrement repartis le ventre vide le lendemain dès l’aube !

 

 

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Le temps était déjà très lourd depuis 7 heures du matin !

En milieu d’après-midi, on pouvait entendre vociférer l’orage, nous étions en alerte orange …

Vaches, chevaux et ânes rencontrés criaient aussi et s’agitaient on ne peut mieux

Six grands corbeaux tournoyaient en croassant juste au-dessus de nos têtes, comme prêts à s’y poser, un joli petit écureuil roux fila entre nos jambes sur le bitume pour s’abriter en hâte dans le ventre d’un robuste noisetier …

Toute la vie au dehors était sur ses gardes quand nous atterrîmes là, au « Relais du canal » à Briennon,  modeste petit hôtel aux murs défraîchis où, seuls les grincements de portes et de lits, venaient troubler le silence.

Là encore nous avons failli nous endormir le ventre vide !

C’est le jour de fermeture et aucun repas n’est donc servi …

Devant notre découragement (et sûrement paré d’un grand coeur !) le tenancier nous promet un plat de pâtes, mais à condition d’avoir terminé pour 20 heures tapantes !

 

Nous dînerons dans une chaleureuse ambiance de bistrot, discutant et riant avec les habitués …

La tenancière est un vrai bout-en-train ! La télé marche, des gens partent et reviennent
…Tous franchissent le seuil comme celui de leur propre maison !

Sur une table voisine, il y a également un couvert d’installé, il est pour un pélerin allemand qui vient de faire aujourd’hui ses 75 kilomètres à vélo .

Il est là, avalant son repas sans un mot,  son regard semble communier avec le silence …

Après  son repas, il partira puis reviendra un quart d’heure plus tard commander un autre quart de vin rouge, et s’installera pour regarder la météo à la télé.

Je l’observe du coin de l’oeil….A plusieurs reprises, il se mettra à rire aux anges.
Il a vraiment l’air gentil, je lui trouve même un rien d’attachant, de pathétique !

En repartant, et après avoir discuté avec la tenancière sur les divers aspects de ce tronçon de Compostelle où nombreux pélerins se plaindraient du balisage, des infos erronées, et du manque évident de structures d’accueil et de ravitaillement, j’adresse au pèlerin allemand un « Guten Weg » (Bon chemin) sorti des fonds de tiroir de ma mémoire et à la grande stupéfaction de mes deux acolytes (!)….

Il est content ce pèlerin, à en rougir de bonheur un peu plus !

Il me rappelle tous ces pèlerins que nous avons tant eu l’habitude de côtoyer, qu’un rien emporte, et n’attendant du soir qu’une occasion de plus de tendre son verre et son coeur …!

Que tous ces pèlerins me manquent, mais …Où sont-ils ?

Allons-nous enfin en rencontrer ?

 

Nous n’en avons croisés que le tout premier jour !

C’était à Cenves, chez les soeurs de St Jean, nous étions huit pèlerins à table au dîner, mais ne retrouvions rien de l’ambiance  festive et franchouillarde connue jusqu’à là dans les tronçons précédents …

Trois pèlerins, un couple et leur amie, venus de Strasbourg, parlaient entre eux en allemand avec deux autres pèlerines.

Nous avons, quant à nous, très peu parlé et, les derniers couverts essuyés, nous sommes partis nous coucher.

Le lendemain, il n’y avait toujours pas un seul pèlerin à l’horizon sur le chemin, même ceux rencontrés la veille !

Or, il n’y avait plus de places dans l’ensemble des gîtes et, si l’on ne réservait pas, on pouvait être certain de dormir dehors à moins de posséder une très large bourse …(!)

Aussi, posons-nous la question …

Qui occupait ces gîtes ?

 

 

Dans tous les cas, nous nous sentions seuls !

Nous pour qui, chaque pas vers St Jacques, fit rimer le mot paysage avec les mots visages et partages !

 

Ici, sur ce tronçon, cette poésie n’avait plus cours , ou alors …

 

 

le chemin devait vouloir nous dire autre chose cette fois-ci !

J’avais vraiment hâte de le découvrir car, n’oublions pas …

« On croit que l’on fait le chemin…En réalité, c’est lui qui nous défait . » (Nicolas Bouvier).

 

 

 

Cadeaux du chemin

 

 

Nous en étions à notre second jour de marche, et venions de parcourir une bonne trentaine de kilomètres, et vécu six bonnes heures de pluie …

La forêt avait toujours était omniprésente et l’était encore de la fenêtre de notre petit bungalow. Etendue sur le lit, je rêvais à cette journée passée  …

Sur ce parcours, nous menant de Cenves au camping d’Azole, je me souvenais d’un pin dont l’épais manteau de velours vert nous avait subjugués …Et les multiples noeuds qui parsemaient son tronc formaient d’exquises esquisses !

Il m’évoqua aussitôt un sublime masque papou !

La fatigue, la brume qui commençait à s’abattre, furent autant d’éléments qui me freinèrent pour le prendre en photo.

Alors, je me suis endormie avec cet amer regret, en me disant qu’on ne rencontre pas deux fois la même émotion…

Le lendemain, je suis donc repartie avec, dès mes premiers pas, cette idée profondément ancrée de le retrouver !

La veille, je l’avais appelé « le Roi du carnaval », car il était le plus beau de tous les arbres vêtus de velours vert ! Et je n’avais pas envie de l’appeler autrement aujourd’hui…

A chaque pas, cette rencontre m’occupait l’esprit, m’empêchant par la même occasion de ressasser mes douleurs et les difficultés de l’étape .

Mes yeux furetaient par-ci par-là, et dieu sait s’il y avait de quoi faire au coeur de cet univers exclusivement peuplé de troncs et de feuillages !

Or, je ne le retrouvais pas, du moins pas un aussi resplendissant
….

Et, tout à coup, après bien des kilomètres, il était là…

Il était là au moment où je ne m’y attendais plus, ne regardais plus…

         

avec son petit cœur rouge 

 

(On le distingue mal sur la photo, car j’ai voulu prendre un ensemble, mais le coeur était parfaitement dessiné !).

 

 

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Il était différent du « Roi » rencontré la veille, mais, pour moi, il tombait là tel un véritable cadeau , encore bien plus beau puisqu’il portait …

un coeur !

 

Messager d’amour du chemin ou « de mon petit ange » qui a choisi cet emblème pour me rappeler sa présence !

Alors …je me suis approchée de lui, y ai posé mes deux mains, sa mousse était douce
…Elle me rappelait une autre joue, et …

                  j’ai fait un bisou sur son coeur !

 

Je suis repartie …ivre de bonheur !

 

 

Nous n’avions toujours pas rencontré d’autres pèlerins mais, en chemin, je me suis dit que, si le prix de tous ces kilomètres était celui d’une seule rencontre, celui de l’espérance retrouvée pour « Tendresse » (vous vous souvenez de « Tendresse », dont je vous ai parlé dans mon tout premier chapitre)….Alors

 

mon chemin aura eu tout son sens !

 

 

Un grand moment ….

 

 

Nous étions dans le Forez à « Pommiez » et, détrompez-vous …ça grimpe encore et toujours !

Qu’il fut bon, au loin, d’apercevoir  notre camping où, nous ne le savions bien sûr pas encore …

            Quelque chose d’immense  nous attendait !

 

 

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Nous avions retenu un mobil-home, et elle n’était pas donnée la location, à 50 euros pour la nuit (!) alors que, mais nous ne le saurons que le lendemain, ce camping reçoit des prestations pour les pèlerins dont quelques mobil-home à leur réserver gratuitement (et nous étions dans l’un de ces mobil-home !)

De plus, la veille, l’employée d’accueil du gîte de Saint-Jean-St-Maurice nous avait mis en garde, comme quoi les pèlerins logeant dans ce camping reprenaient souvent la route le lendemain le ventre cruellement vide !

Un snack y était pourtant installé, indiquant des horaires et des jours d’ouverture qui n’étaient absolument pas respectés ….

En dépit également de ce que le guide mentionne « Alimentation sur place », rien n’existe donc mais le responsable du camping, à qui nous en parlerons, ne sembla réellement pas s’en émouvoir !

 

Lorsque nous sommes arrivés, je m’en souviendrai toujours, un vieil homme se tenait assis à l’entrée près de sa caravane. Flairant sûrement notre léger désarroi (ajouté à la fatigue), il nous a aussitôt indiqué le bureau d’accueil qui se trouvait à l’extrêmité du camping. De quoi se perdre en effet lorsqu’on ne connaît pas le lieu et qu’aucune inscription ne permette d’y accéder .

On nous installa près de sa caravane, justement …Etait-ce un hasard s’il fut notre voisin , je ne crois pas au hasard !

Sur le coup, je n’ai pas fait le rapprochement, j’avais déjà oublié cet homme et n’y ai vu qu’une simple famille de bohémiens …

 

Après la rituelle douche (le pèlerin est très organisé), nous sommes descendus au village afin de boire une bonne bière fraîche (rituel qui nous est propre celui-là !) et nous imprégner de la vie  locale. Dans le village, nous repérons un restaurant mais ses tarifs restent bien trop élevés pour notre budget de pèlerins !

Il n’est pas loin de 18 heures et nous attendons avec fièvre que le snack ouvre, selon l’indication du panneau à l’entrée. Or, il n’ouvrira jamais …!

En repartant,  j’entame machinalement la conversation avec les dames d’une caravane, faisant partie de la même famille que notre caravane voisine…Ces dames n’avaient pas mangé le midi, se fiant aux horaires inscrits sur le tableau extérieur du snack !

Elles me conseillent alors de frapper à la porte de ce snack, je les remercie et leur promet de les avertir si une solution s’offrait.

Nous avons longtemps frappé car nous entendions du bruit à l’intérieur , incontestablement des gens étaient là, à l’intérieur, mais se refusaient à ouvrir.

Nous revenons, bredouille et déçus !

Pendant tout ce temps, un homme avait observé chacun de nos va-et-vient, le même qui nous avait indiqué le bureau d’accueil à notre arrivée.

Il vient vers nous, nous conseille le restaurant du village et nous lui expliquons que la table proposée n’est pas du tout dans nos moyens.

Quelques minutes plus tard, ce même « gentil monsieur »  propose de nous faire emmener par son fils à l’Intermarché du coin, situé à environ 4 kilomètres. Nous acceptons avec bonheur !

En chemin, nous parlons, parlons …Et ce fils se livre à quelques confidences, je ne les oublierai jamais !

Il nous explique que son père (le gentil monsieur) est né dans un camp de concentration. Son oncle (le frère du gentil monsieur) y est également né mais mourra, il n’avait alors que 4 ans ……..

Cette histoire me pénètre le corps, le coeur et l’âme de pied en cap !

De retour au camping, nous nous dirigeons vers cet homme, la famille était là aussi …je les aurais embrassés ! Je n’ai toutefois pas osé, par respect, leurs coutumes étaient peut-être toute autres …

L’homme, ou le « gentil monsieur » (comme vous voulez), devinant mon regain d’affection, me dit alors ceci « Si je vous ai fait plaisir, alors …ça me rend heureux ! »

En écrivant ces mots, l’émotion borde mes cils ………

De retour dans notre mobil-home, Patrick mon compagnon me dit « Tu sais, il y a peut-être, parfois, un retour de médaille  » et il m’expliqua avoir aidé durant l’hiver un homme en panne de gasoil avec sa voiture. Il était allé lui chercher son carburant, cet homme était un gitan
………

Peut-être, pensais-je rêveusement, peut-être …!

Et me revint tout à coup en mémoire mon poème, écrit suite à des évènements déchirants ayant touché un grand nombre de gitans , ce poème « Sur le chemin d’Anne » je vous laisse le redécouvrir ou « découvrir » (pour ceux et celles qui ne l’ont pas encore lu).

 

Notre soirée sera euphorique, peuplée de réflexions, de maintes remises en question, et d’infiniment d’émotion …Tout cela ne s’appelle-t-il pas,  plus simplement , la …

« tolérance » !

 

 

Le lendemain matin, je ressentis le besoin « viscéral » de laisser un petit mot à cette famille magnifique…

Dans le silence encore chaud des sommeils, fièrement harnachés à nos bâtons, prêts à partir pour une nouvelle aventure, je déposai donc sur leur table, que j’avais pris soin de bien nettoyer de la fraîcheur matinale, mon petit écrit.

Au même instant (je confirme qu’il n’y a pas de hasard !) une vieille dame au teint buriné et aux longs cheveux blancs, sûrement la compagne du « gentil monsieur », sortit de la caravane, encore en chemise de nuit, avec un seau à la main …

Et je ne sais plus de qui, d’elle ou de moi, naquit l’envie de faire voler un bisou de la main, mais ………………..nous l’avons bel et bien fait chacune en même temps …

Nous pouvions partir,

 nous savions alors que quelque chose de profondément beau, doux et inoubliable venait de se graver en nous !

 

Oh, que cet instant fut grand  ….!

 

 

Une belle rencontre !

 

 

Je fus la première à entrer avec lui dans la jolie salle d’exposition du Prieuré de Montverdun, qui était aussi notre gîte ; un lieu où, entre chaque pierre, règne un parfum fantasmagorique ….Il y fait froid également, nombreux pèlerins le notèrent d’ailleurs sur le livre d’Or.

« lui », mais ….Qui est-il ?

Je ne possède pas grand-chose pour vous le présenter, une carte de visite, un site, mais le peu que je possède « en moi » vaut déjà … » une poignée d’or » !

 

 

 

Gilles

 

 

Son site

 

 

La cour du Prieuré est tout en galets, il bataillait donc quelque peu avec son fauteuil mais, en le voyant faire, je me disais que…

« nous étions tous pèlerins au fond de nous, capables de cheminer avec conviction au plus loin de nos échos intérieurs ! »

 

 

Ce jour-là, le Prieuré logeait également les musiciens du concert de « Jazz manouche » qui allait avoir lieu en soirée, au Château de Goutelas.

Ce même château organise chaque année un somptueux spectacle en mémoire d’un avocat défenseur de la cause des gitans .

Décidément, entre la splendide rencontre faite la veille avec notre famille gitane et ce nouveau RV musical, nous nagions en plein souffle nomade !

Car, pour notre fille Lola, en pleine phase « d’engouement musical », il devenait parfaitement impensable de rater ce concert !

Or, par quel moyen s’y rendre, lorsqu’on est un simple pèlerin ne possédant que simples bâtons de marche et sac à dos …

 

La vraie passion ne connaît pas d’obstacles !!!

 

Pendant que, entre deux fantômes errants, nous nous délections d’un petit somme, Lola, que l’exaltation emportait sur la fatigue,  était partie chercher une éventuelle possibilité au sein même des murs du Prieuré …

D’instinct, elle se dirigea dans la salle d’exposition, que je lui avais vivement conseillé d’aller voir !

Son aisance à communiquer l’amena à discuter longuement avec Gill, et quelques uns de ses amis, dont Paolo  son ami marqueteur.

Au bout d’un certain temps, ne la voyant plus dans notre chambre, nous allons à sa rencontre et, là, nous la voyons en salle d’expo entrain d’agréablement conférer au sein d’un groupe d’adultes…

Elle nous accueille, la mine sublimement réjouie, avec ces mots lancés comme une floppée de ballons colorés dans un ciel « Gill nous amène au concert ce soir ! »

 

Il nous embarquera donc « nous et nos trois plateaux repas déjà commandés »,  jusqu’à chez lui, en compagnie de ses amis !

 

Je laisserai « sciemment » mon appareil photo dans sa voiture ..

Pour moi, il était en effet entrain de nous offrir un « grand bout de lui » et ce quartier de vie était tellement précieux que j’aurais eu l’impression  de déballer ce cadeau à la hâte, vulgairement, et sans respect, en inscrivant quoi que ce soit sur pellicule ! (Le soir, au concert, il me dira que j’avais eu tord !)

Pendant que Gill se rend chez lui à l’étage supérieur, Paolo nous fait visiter son atelier en bas…

En y entrant, je ne verrai que ce séquoïa de 6 mètres de haut environ et de 2 mètres de circonférence avec, juste posée à côté, une sculpture prise dans ce bois de plus de 1m50 de haut …!

Je vois encore ce fauteuil roulant à verrin, j’imagine la force que ce métier impose déjà …!

Son ami, Paolo, qui expose avec Gill en marqueterie, nous parle de ce sculpteur, de sa passion dévorante, de son courage, de ses difficultés aussi, et des « mercredis croissants »  où il offre le café et initie à la sculpture …!

Nous mangerons tous ensemble puis partirons au concert…

Ce fut fabuleux, tous ces jeunes, étincelants de joie de vivre et venus jouer des quatre coins du monde !

 

 

(Vous pouvez toujours visionner tout cela sur mon diaporama commenté)

 

 

A trois heures du matin, nos paupières commençant à disparaître sur un rêve d’oreiller, nous serons obligés de demander à Gill de nous ramener au Prieuré ….

L’étape du lendemain était courte, dieu soit loué !

 

 

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Qu’elle était conviviale cette « taverne St Hubert » où nous étions entrain de refaire le monde, et où ces quelques paroles de la Chanson de Fugain sont venues gaiement sautiller dans ma mémoire ….

 

« On laisse tous un jour, un peu de notre vie, sur une table, dans le fond d’un café, sur une table …

que l’on oublie jamais « 

 

Et nous ne sommes pas là de l’oublier cette table de bistrot, à Montbrison…

Nous étions déjà au soir de l’étape suivante, attablés dans ce simple troquet, imaginant au dehors la fête foraine sous la pluie et …

nous parlions, nous parlions encore !

Nous parlions des rencontres auxquelles nous nous attendions sur le chemin et qui firent place à d’autres, totalement inattendues …

Et je ressentis le besoin de parler à Gill, je ressortis sa carte et lui téléphona longtemps longtemps sur son répondeur, lui laissant un interminable message !

Tout en mangeant, nous continuions de parler, de ce « gentil monsieur » gitan, de sa famille, et de Gill encore …Lola nous dit au passage avoir remarqué que son fauteuil était décoré …!

Qu’ils étaient tous entrain de nous manquer,  effroyablement !!!

Et qu’il fut finalement beau ce chemin qu’on croyait jusqu’à là banal comparé aux autres déjà parcourus …

J’écris alors sur ma moleskine ceci :

 

 » Je repense à ces rencontres et j’ai envie de les raconter au monde entier, j’ai envie de pleurer tant je suis heureuse ,

c’est fort, c’est beau, c’est grandiose ! »

 

 

 

 

 

 

Les doutes, les craintes …

 

 

 

Cet après-midi-là, la petite épicerie de St Jean Soleymieux avait décidé de fermer, nous n’étions cependant pas mercredi, son jour habituel de fermeture ?

Nous étions mardi et nos ventres faisaient bien la distinction !

Le village entier semblait résolument barricadé derrière les volets de l’indifférence, celle pour le pèlerin …

Ses habitants étaient-ils réellement conscients que des pèlerins, venant des quatre coins de la planète, empruntaient un jour leurs modestes trottoirs ?

Nous repérons sur notre livre un gîte d’étape et équestre au lieu dit « La Cruzille », la nuitée y est un peu chère, et rien n’est indiqué pour les repas, nous verrons bien ….

Pas facile à trouver chez « Faynou Cygne » (joli, non ?).

Après avoir bien tourné en rond, nous demandons le chemin à deux gendarmes qui se trouvaient là. Ils nous racontent alors des tas de choses désagréables concernant ce gîte …Avions-nous vraiment besoin de savoir tout cela ? Et le secret professionnel messieurs les gendarmes
?

Ils nous feront toutefois repartir avec quelques craintes au fond de nous qui s’avèreront totalement « inutiles » par la suite !

        

 

 

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L’accueil téléphonique avait été pourtant rassurant, dès lors que nous avions expliqué nos situations de pèlerins « fatigués, affamés et ne voulant plus mettre des prix exorbitants ! » (le gîte étant classé « gîte de France »).

Nous nous sommes installés, douchés, détendus (la routine du pèlerin) en attendant la venue de la dame avec qui je m’étais donc entretenue au tél.

Quand elle arriva, batterie de cuisine et provisions dans les bras, nous avons de suite senti en elle une belle âme de campagnarde !

Elle nous parla de son métier d’éleveur de chevaux, tout en nous cuisinant les haricots de leur production, des côtelettes et une omelette savamment baveuse faite avec les oeufs de leurs poules .

Nous n’en demandions pas tant (un simple bon plat de pâtes aurait suffi) et, de notre vie, nous n’avions jamais mangé d’haricots aussi succulents !

Et elle nous fit tout cela à …un prix pèlerin !!!

 

(Reconsidérez vos dires, chers messieurs les gendarmes, avant de « foutre la trouille » aux gens et d’en dénigrer d’autres qui ne le méritent sans doute pas !).

 

 

Peu après être arrivée au gîte, mon ventre s’était mis à se tordre en deux de douleur.
Patrick alla chercher du spasfon à la pharmacie mais le soulagement fut bien faible, et j’ai gardé toute la nuit une bouillotte improvisée sur le ventre, écoutant la complainte du vent entre les volets, à tout point identique au braiement d’un âne … !

 

 

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Il est 4h30 du matin, je remets une deuxième bouillotte, je ne dors
pas et …j’écris ceci :

 

 

 

« Je me dis que ce chemin aurait dû s’arrêter à cette soirée magique passée avec Gill et ses amis

Plus que 3 jours , 3 étapes …

Allions-nous les passer encore dans cette plus extrême solitude, devenant parfois pesante, triste, glaciale !

J’inscris ces mots cette nuit…

Qu’inscrirai-je demain ?

Peut-être …

la joie, l’ivresse ?  « 

 

 

 

Cet instant à la chapelle …!

 

 

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Nous n’en étions qu’à notre tout premier jour de marche …

Arrivés à Cenves, nous fûmes hébergés par l’accueil jacquaire des soeurs de St Jean, un lieu sans artifice où ne brille que le « sourire du coeur » !

Un peu avant le repas du soir, nous nous sommes rendus à la chapelle attenante au gîte
…je m’en souviens encore, comme si je venais de tout vivre à l’instant, j’ai encore en mémoire les odeurs, les bruits, et tout le dénuement !

Les lignes du décor étaient pures, les soeurs priaient à même le sol

Des petites fenêtres et de la lucarne s’irradiaient de douces courbes bleues et jaunes, telles des touches magiques dessinées par le silence, et le bois du lieu sentait le miel à nous en rendre ivres !

On entendait, dehors, les larmes de l’orage se déversaient comme une libération, et le bêlement des chèvres n’avait rien d’effronté, bien au contraire …Il semblait vouloir entrer en amitié avec l’âme de ce lieu de prière !

 

 

Au royaume des sens …

 

Le moindre détail sur le chemin se grave, se façonne, s’hypnotise même en nous …

Tel l’animal, nous nous souvenons physiquement, sensuellement de tout
….

Et c’est ainsi que je me souviens de mes premières bonnes siestes…j’en porte encore la chaleur duveteuse tout autour de moi et dans mon corps !

A Negreira, sur le chemin qui mène de Santiago à Finisterra, je me souviens de cette impression de mourir et des battements de coeur étranges dans ma poitrine…Il en va souvent ainsi lors d’un surpassement physique totalement inconscient ! Puis, au réveil, il y eut cette vue par la fenêtre …celle  d’un petit bout de chou d’environ  5 ans fanant dans le champ avec sa famille réunie sur bien quatre générations, ce tableau était des plus magnifiques !

Que j’aimais les siestes en Espagne, bercée par le froissement des sacs plastiques que remuaient les pèlerins en rangeant ou déballant leurs affaires….

Ou mes yeux plongés, juste avant de se fermer, dans les noeuds d’un bois ou les veines d’une pierre …je me souviens parfaitement où, et n’ai rien oublié de la saveur délectable de ces sensations !

 

 

Que ce soit la brume mouillant notre peau,

ou la silhouette d’un enfant dansant sur un trottoir,

nous nous souvenons de tout,

et devenons les « pèlerins oiseaux »

absorbant chaque miette de l’univers !

 

 

 

Ces bouts d’humanité …

 

 

 

Patrick (mon compagnon) songeait en marchant aux enfants d’autrefois jouant aux billes devant les maisons, à toutes ces ribambelles heureuses que nous ne voyons plus ….

De tous les villages que nous avons traversés, en effet, et alors que nous nous trouvons en pleine période de vacances, nous ne voyons pas d’enfants ….!

 

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A Apinac (trois haltes avant le Puy), nous avions été séduits par l’extrême convivialité du lieu !

Arrivés en véritables stalactites, tout dégoulinants de pluie, le responsable du Centre Permanent nous avait logé au rez-de-chaussée de sa jolie maison en bois. Le soir, nos couverts étaient mis dans les cuisines du centre , derrière lesquelles on entendait le brouhaha des colos, nous mettant un peu plus de joie de vivre dans le coeur !

Dehors, c’était l’hiver en plein mois de juillet …

Dans le p’tit troquet  du village, où nous irons tout d’abord déguster une bière, la dame nous fera goûter à son « quatre quart maison » et, à l’intérieur, ça riait et discutait fort….

En allant nous ravitailler pour le lendemain,  l’atmosphère simple et familiale de l’épicerie nous donnera envie de discuter avec son épicier qui nous dit ne plus pouvoir faire face aux grandes surfaces, une deuxième venant de s’installer tout près  !

J’y pense à ce jour et prie pour que cette épicerie reste en vie …

Où irons-nous ensuite pour cueillir un peu de chaleur ?

               

                      

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Au p’tit troquet d’Apinac

 

 

Récolter des p’tits bouts d’humanité,

et les emporter avec nous en y mêlant

notre compassion,

nos espoirs,

et notre conscience !

 

 

 

Emotion …

 

 

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 A Montbrison, alors que nous tournions relativement sur nous-même pour retrouver le point de départ, (ou de « redépart »), un jeune garçon nous appela et nous rattrapa vivement avec ce cri enthousiaste  » Vous faites St Jacques ….? « 

Il nous dit avoir marché aussi, mais, au bout d’un court instant, je m’aperçois que ses propos sont insensés, il pose souvent ses mains sur le front pour réfléchir, elles tremblent terriblement …

Alors, aussitôt, je t’ai revu « mon ange », à tes derniers instants sur terre

Il est gentil aussi,  il veut nous amener dans un beau salon de thé

Il repart …

Je le regarde partir …

Il porte à peu près les mêmes baskets, le même genre de tee-shirt, et doit avoir sensiblement ton âge …

Il a surtout cette démarche,  cette attitude que tu avais, ravagée par les médicaments…et, en marchant,

 

des larmes me
coulent sur le visage …………….

 

 

mais je sais aussi que cet instant est un joli clin d’oeil, une façon à toi de glisser tout contre mon coeur ces mots  » Maman, je suis là et marche à vos côtés ! « 

 

 

 

Danser la vie …

 

 

Que ce mot « rien » devient vivant, sur le chemin, et il abonde comme les guirlandes de rosée sur les rires du matin…

Et plus il est petit, plus il a sa place !

On appelle cela les ………. »tout petits rien » ,  

détonateurs des délires et des extases, sur ce chemin où un rien émerveille, un rien fait naître un fou rire dans un souffle de plaisir interminable !

Le rien devient un festin dont la vie se nourrit en enfant gourmand de tout

 

Tombés amoureux de ces rien, nous avons été les proies d’innombrables délires mais le
plus gigantesque fut, sans nul doute, celui du 14 juillet, à St Jean-St-Maurice où la journée avait déjà bien commencé avec une certaine poutre …

Elle se termina dans l’euphorie la plus complète et magistrale !

 

 

Je vous laisse découvrir ces instants magiques sur le même diaporama commenté….

 

 

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Déambulant en simples sandales sous la rage d’une pluie d’hiver et le regard décontenancé des passants, ou rampant à contresens sur une balustrade et sous l’oeil affolé d’un chat à sa fenêtre …

 

 

Qu’il est bon

de traîner en vagabonds

avec des cascades de rires plein les yeux

et le coeur parsemé de bouquets d’étoiles…!  

 

 

———–

 

 

Pour découvrir mes autres récits de Compostelle, du Puy à Fisterra,  prendre tout d’abord …

    

       ce chemin       (1er récit)

         

     puis
celui-ci     (2ème récit)

 

 

 

  pour aller jusqu’à   celui-là 

 

      puis encore    celui-ci

 

      et enfin     celui-là   !            (3ème récit) 

 

 

 

 

Vous trouverez également les diaporamas commentés 

 » De Condom Burgos »

et

« De Burgos à Fisterra »

 

 

( toujours sur la colonne de droite de mon blog à « Mes livres d’images » où ils seront les deux premiers, avec titre bien visible cette fois, vous pourrez ranger la loupe !).

 

 

De Cluny au Puy : le diaporama commenté

 

 

Je viens juste d’ôter avec le coeur mes chaussures de marche encore toutes gluantes de terre et de
bonheur,

       et vous offre ce voyage que vous attendez sûrement (je vous l’avais promis !)

 

                Elles sont enfin là ces 492 photos commentées
 …

                             
     le parcours sera long ?

                             
       Mais non, car ….


rien ne vous empêchera de vous arrêter à votre guise pour déguster une glace au cactus, aller au carnaval
avec les arbres, flâner chez la potière ou le sculpteur de génie, écouter les cascades les rivières et le coeur des violons manouches, traîner avec le soleil ou le vent à une pause chocolat, vous
asseoir longtemps pour écouter les pierres ou vous rouler en riant dans le vert d’un paysage …

 

                             
  Alors …

                             
    Faites un merveilleux voyage,

                             
           au rythme de votre coeur !

 

 

                 
                                               
*  °  *

 

 

Ce diaporama commenté m’a fait déployer une énergie gigantesque (entre le temps de téléchargement, les retouches
obligatoires ….etc etc),

me faisant, parallèlement, un peu déconnecter de l’environnement et figeant ma pendule du temps !

Je n’ai donc absolument pas pu vous rendre visite et m’en excuse …

Ce week end, je vais suivre « un stage de conteuse » sur la Rochelle afin de me perfectionner …

Je passerai vous voir au plus vite et essaierai de rattraper le temps perdu !

 

JE VOUS AIME : Sabine.

 

 

INFO : beaucoup me demandent où se trouve mon diaporama
commenté ! Il se situe dans « mes livres d’images » (sur la colonne de droite) comme l’ensemble de mes diaporamas.

Il a été fait avec « Picasa ».

 Munissez-vous toutefois d’une loupe pour lire le titre de l’album « De Cluny au Puy, (Compostelle 2011) »…Encore un
bug d’OB, je ne parviens pas à mettre ces titres en plus gros caractères.   

     


Du Puy à Condom

Quelques visages, un peu de récit, assez peu de lecture et, je l’espère …
                    un plein de bonheur et d’émotion !
 
 
Fin juillet 2007, ma plume arpentait ,le coeur battant, les sentiers fascinants de l’Aubrac, et les
cascades de l’Aveyron…
                   
 les gros grains du papier écru composant les pages de mon cahier de bord sont encore tout imprégnés de ces instants de fièvre ; fièvre d’écrire, de
tout retranscrire, de tout revivre !
Et cette jeune écolière devant son pupitre, boucles flottant dans un nuage sépia, n’a plus, depuis, que les
paupières levées vers le ciel !
Et, comme je l’ai déjà écrit sur un billet de la catégorie
« Voyages »,
c’est dans le grand hangar à foin de notre vieux port d’attache bercé par la Sumène, qu’elle reprit chacun de nos pas depuis la cathédrale du Puy jusqu’à
Figeac…
Il me fut offert par Laurence qui fait le chemin chaque jour avec son coeur, mais rêve en quasi
permanence de pouvoir remarcher un jour et fouler le même sol que les pèlerins de St Jacques !
Ce cahier constitua aussi un vrai dilemme au moment du départ vu son poids atteignant très largemment les 500 grs ;
maintes fois reposé, mais maintes fois repris …comme si quelque chose de « viscéral » voulut en faire mon inséparable compagnon !
 
 
 
  De Figeac à Condom, tronçon
parcouru en avril 2008, j’eus cet autre compagnon à la silhouette moins scolaire, de par la couverture déjà qui n’est pas faite d’un épais cartonnage comme le 1er (on gagne en légèreté !) mais
dont les pages ne possèdent pas non plus ces fines lignes d’un joli bleu marine où j’aimais poser mes mots !
Ma plume y parla de la tendresse infinie rencontrée sur les halages de la Garonne et je choisis d’ailleurs pour
l’illustrer ce portrait d’une mère avec son enfant, aux senteurs équines et aux lueurs câlines, réalisé par Lola qui le nomma « tendresse du chemin ».
En plein mois de mai, les assauts du vent peuvent encore être qualifiés de « terribles » sur les bords de notre
Charente, et ce fut pourtant là que je choisis d’exhaler par écrit les émotions de ce second périple, lors de ma pause du midi. Non pas que je fuyai les cris émanant des cours de récréation,
bien au contraire ! Mais je me sentai tellement bien sur les tables en bois longeant les berges d’un site fluvial du haut Moyen Age, un oeil levé vers la somptueuse terrasse du château de
Taillebourg et l’autre agrippé aux voiles des mâts…Et ce fut là aussi qu’elle dût se cramponner à mes doigts transis par le froid, parfois humectée de pluie ou suivant la course effrenée
d’une page sur l’herbe emportée par le vent !
 
Pas moins d’une centaine de pages défilèrent sous son élan pour chacun de ces 2 cahiers de bord !
Je pourrais ici tout retracer dans les plus infimes détails, jour après jour, presque minute par minute ; car tout est resté gravé en moi comme une inscription dans la pierre ! Mais je me
contenterai de relater quelques faits, peut être les plus représentatifs…en tout cas, pour moi ! Mais combien il m’a été toutefois difficile de parler de l’enchantement d’un lieu ou d’un moment
plutôt que d’un autre, du merveilleux ou de la magie d’une rencontre plutôt que d’une autre …tellement tout fut justement enchanteur, magique et merveilleux !
 
 Cette photo, c’est notre tout 1er jour : nous dormîmes dans un pré tout juste fauché, plus poisseux que des carpes, Cannelle (notre chienne) ayant pris
soin de bien nous asperger de boue peu avant la fin de l’étape.. !
Face à notre 1ère rencontre avec ce qui deviendra « notre grande histoire d’amour », le 1er tronçon nous imprégna de
ses moments forts !
Partis avec pas moins de 40 kgs à répartir à nous trois, avec tout le matériel de camping pour 3 personnes (matériel
de popote compris !) , nous gèrerons assez difficilement aussi bien nos charges à porter que nos émotions!  Mais, avant de déposer ce matériel à Aumont Aubrac, nous nous souviendrons de
cette charmante compagne les jours de forte pluie…A Saugues, où l’eau dégringola de son double toit, aspergeant nos corps et nos duvets… A Aumont, où nous la planterons à plus de 23
heures, le froid de la journée incrusté dans les os !
Oui nos corps se souviennent des expressions du temps , de tout ce « langage du ciel » recouvrant d’une semblable
équité la nature et nos êtres ; la grêle entre St Privat et Saugues, le « cagnard  » allié au bitume à répétition après St Côme d’Olt qui fragilisa tant notre compagne « Cannelle »… ils s’en
souviennent autant que notre coeur se souvient des cadeaux , des récompenses, des grâces (enfin donnons leur le nom que l’on voudra) pour parler de tout ce que le chemin sème et
offre généreusement en « graines d’amour » qui nous feront ensuite renaître à l’intérieur de nous même…et nous nous souvenons ainsi de tous ces lieux, et de tous ces personnages si hors du
temps, ou si pathétiques ; ils furent innombrables, extraordinairement quotidiens et tous…aussi insolites qu’inoubliables !
 
Il y eut également cette autre rencontre sauvage que nous avions toujours souhaitée et désirée au
fond de nous …C’est alors que, pour un temps, il n’y eut plus que nous, le granite et les bêtes, mais elle fut tout sauf déserte justement !La solitude n’y existe qu’avec soi même !
 
Il y eut plein et plein de belles histoires toutes chargées d’immensément d’amour, dont celle ci en plein coeur de l’Aubrac …
 
                           
                              
et celle ci , près du ruisseau d’Espeyrac, jolie source d’eau …et nous aurions pu appeler cette histoire « Manon de la source » !
Bien que nos rencontres nous aient toutes laissées un splendide impact de beauté et d’humanité extrême … celle ci
est sûrement celle qui nous rendit le plus sublimement heureux : je ne dévoilerai pas tous les détails de cette histoire, par pudeur pour Manon et sa propre histoire justement ( j’en
parle dans mon cahier de bord qui fut, toutefois, destiné à une infime diffusion).
Nous en étions à notre 10 ème jour de marche. Partis d’Estaing très tôt, vers 6h du mat, par crainte de la
forte chaleur annoncée et de l’étape à venir jusqu’à Golhinac, réputée difficile. Portés par je ne sais quel élan, nous parvîmes à 9h au gîte retenu pour le soir. Notre incroyable enthousiasme
nous mènera jusqu’à Conques  et, à partir de cet instant là, nous nous sentirons à peine maîtres de l’ardeur qui nous guide ! Etait-elle porteuse de l’évènement qui allait s’en
suivre ? C’est à Espeyrac que nous choisirons de faire une halte victuailles et repartîmes vers la sortie du village en empruntant une passerelle. Gagnés depuis l’Aveyron par « la magie du
bain de pieds », nous décidâmes d’enjamber la clotûre adjacente pour parvenir au tendre pré vert qui nous tendait les bras au bord d’un ruisseau tout frétillant de plaisir …l’herbe avait la
fraîcheur d’une cave de château, autant dire que nos jambes et nos pieds y vécurent des moments d’extase sans pareil ! Ils furent toutefois brefs et interrompus par une jeune dame (que nous
avions pris pour « une jeune fille » tellement une évidente jeunesse enveloppait sa silhouette) ; nous la vîmes assez violemment poursuivie par un individu qui n’avait pas l’intention de lâcher
prise. Elle eut à peine le temps de franchir à son tour la clotûre pour aller s’asseoir derrière nous, laissant un écart respectueux afin de pouvoir pleurer !  Nous nous approchâmes
spontanément d’elle, qui se tenait délicatement la tête entre les mains …tout bascula dès cet instant, instant magique où elle posa ses mots et ses peurs sur nos épaules, où, tel un oiseau
fragile qui ne veut plus quitter son nid, elle nous demanda de lui prendre la main et de la protéger !  Et je conserve d’elle, en dépit de ces 39 ans annoncés, l’image d’une enfant égarée !
Elle s’amusera dans l’eau, et avec Lola mangera du chocolat (c’est joli, ça rime et je ne l’ai pas fait exprès !)…

Je n’ose imaginer ce qui lui serait inévitablement arrivé si nous n’avions pas été présents près du ruisseau ! Seuls
tous trois, alors que plusieurs copines pèlerines ont emprunté la même passerelle  mais ont préféré nous saluer de loin et poursuivre leur chemin…alors que , parmi elles, il
y avait celle qui nous initia à la magie des bains de pied et succombait au moindre frétillement d’eau, y trouvant son plein d’énergie et de sérénité !

Alors, devions nous être seuls tous trois à ce moment là …Chemin, nous aurais-tu donc désignés
?   Dans tous les cas, MERCI , MILLE FOIS MERCI, de nous avoir fait connaître Manon, « Manon de la source », dont le coeur a résonné du même son pur et vivifiant

          C’est une larme « de joie » cette fois
qui sillonna sa joue lorsque nous atteignîmes la direction de »Pressoire », là où elle séjournait en chambre d’hôte chez une dame originaire comme elle de la Hollande.
Je la reverrai toujours, prendre cette petite sente en contrebas, d’où elle ne cessera de nous dire au revoir jusqu’à temps de n’être plus qu’une esquisse sur l’horizon !
Chemin, encore merci de nous avoir mis là…nous n’oublierons jamais !

Nous parviendrons à Conques en milieu d’après midi …et je reste persuadée qu’il fallait que nous parcourions pour
Manon ces 36 kms, et que c’était ça aussi le chemin !
Les 3 tours de la Basilique Ste Foy donneront sur les fenêtres de notre gîte, d’où émanait un air de violon et violoncelle…Dehors, une foule d’applaudissements retentissait des ruelles;
nous étions en plein festival de théâtre de rue. En contrebas, un marionnettiste nous prodiguait ses talents ………..le bonheur n’a jamais cessé
d’être au rendez vous !

A peine de retour de ce 1er tronçon, mon fils Yoann sombra brutalement dans le mal qui l’affligea ! Chemin, tu nous
donnas alors sûrement toute la patience, la force et la tolérance nécessaires pour affronter ce choc…Infiniment, prodigieusement, intensément MERCI !

Et c’est ainsi que le 2nd tronçon, parcouru en avril 2008, me fit passer de longs moments auprès de notre Mère
« Marie »… ma foi me plaçant en totale partage avec elle dans la souffrance qu’elle dût endurer !
Mais, bien au-delà de ces prières, Chemin, tu m’entendis !

Toujours, le chemin nous laisse des cadeaux au passage et réalise certains de nos voeux les plus secrets aux
moments les plus inattendus…
C’est alors qu’il me fit rencontrer des mères qui me donnèrent les réponses aux questions poignantes que je me posais sur mon fils, et ceci sans que
j’eusse le moindre besoin de demander quoi que ce soit !

Et toujours, toujours …des paysages et des hommes follement généreux!
Et toujours, toujours…notre coeur qui se remet en cause, réfléchit sur lui même, MAIS, riche de ses expériences passées sur le chemin, sera bien plus indulgent au prochain cas de figure
rencontré !
   Et voilà bien là …une des plus belles richesses !

Je me rappelle des lourdes galettes de glaise collées sous nos chaussures lors des 1ères étapes et …d’un colza qui
aimait à batifoler à perte de vue …

 

Entre les teintes de la Garonne et les magnifiques horizons champêtres du Gers, tout sur ce 2nd
tronçon fut aussi doux qu’une friandise…! 

 

 

Et si, parvenu au XVI ème siècle, on arrêtait le temps …près d’une halle à grains, nos rêves plongés dans la
pierre occitane, sur fond de battements d’ailes de pigeons…!

 Auvillar

 Le 1er jour de marche , de Figeac à Cajarc, un peu avant Gréalou, nous rencontrâmes
 ces mots … qui nous remplirent d’une splendide allégresse !

Concernant le dernier jour, de Lectoure à  Condom, j’ai écrit ceci sur mon (2nd) cahier de
bord
  , en parlant d’un petit pont à passer en forêt un peu avant Castelnau « …envoûtés par le
sublime concert donné par les oiseaux, nous déjeunerons ainsi en pleine philarmonie, enfouis dans le vert profond de cette forêt feuillue à souhait… c’est trop beau, c’est trop de bonheur! »
C’est alors que nous vint l’idée de le faire partager à tout prix, sûrement inspirés par les mots que nous avions trouvés sur la 1ère étape du tronçon !
Chacun ira ainsi de sa petite trouvaille en guise de système D, aidé par la superbe panoplie de dessin que Lola emmène toujours (scotch, gomme, crayons…), et nous laisserons ces quelques mots,
ignorant encore que les pèlerins à qui ils étaient principalement destinés passeront à côté sans les voir, l’un d’eux souffrant d’une tendinite, et ignorant encore davantage qu’ils rendraient
immensément heureuse une autre pèlerine, marchant en solitaire mais avec un coeur « amoureux »…magie du chemin !

              sur le chemin,
                        les messages,
                                  comme
l’amour,
                                         se
font écho !

   Et je n’oublierai pas de parler de nos rires, rires éperdus sur l’appel d’un « petit rien », d’un trois fois rien …Là où l’insouciance a soudainement quelque chose d’aussi
naturel que sublime, nous nous sommes diablement amusés ! 
                     Et nous nous sommes laissés emporter comme 3 grains
dorés sur l’immensité d’un rivage, et nous nous sommes sentis voler avec la même légèreté et la même liberté qu’un oiseau ; car nos coeurs lavés et séchés en plein vent et
pleine lumière des jours, ne craignaient plus de paraître dévêtus !

 

 

  Des verres qui se lèvent et pétillent
    Noyés dans des bulles de savon
   Bels espiègles ou simples penseurs
  Ce sont nos coeurs qui s’embrasent
                  et vibrent

                 de nos joies
           et partages sans nom.
                                   Sabine.

 

Comment clore ces 2 superbes tronçons sans quelques uns de ces visages … 

 

                            
 
                                 

              ... et il y en eut
tant et tant d’autres, pour lesquels l’occasion d’enfermer dans la petite boîte à images ne s’est pas prêtée …
                  mais qui restent à jamais logés dans nos mémoires et nos coeurs
!

                je
pense ainsi à Pierre de Boulogne, rencontré un peu avant St Privat , que nous avions surnommé « le solitaire »  et qui déjoua vite cet état de fait par la suite en
compagnie de Marie et Marie Dominique, toutes 2 magnifiques ! Jusqu’à Conques, où nous l’avons laissé, nous n’avons cessé de le chercher, de le trouver,  et de le chercher à
nouveau pour le retrouver encore…ce fut « viscéral » cela aussi et fait, paraît-il , également partie du chemin ! Chaque pèlerin suivrait-il une sorte de « guide spirituel » ? Et
c’est ainsi que Lola chercha le jeune »Boémon » (joli prénom de chevalier- Présent sur la 2nde photo, face à la splendide cheminée du Domaine du Sauvage, et que nous avions
surnommé « le câbri » car c’est de la même façon, totalement aérienne et désinvolte, qu’il dévalait les descentes pierreuses les plus dangeureuses). Et nous, nous cherchâmes « Pierre »,
dont l’âme de poète et le coeur bon enfant nous manquaient en permanence !
          je pense encore à Philippe de Grenoble, rencontré à Conques, qui nous apprit à nous nourrir de feuilles d’ortie en cas de coup de pompe,
nous apaisa de son regard si clair, et nous donna notre 1ère belle et grande leçon d’humilité et d’indulgence …je pense encore à Alexandre, jeune instituteur du Nord, mon fief natal,
avec qui nous sommes restés sans voix face aux hauteurs sublimes de la Chapelle Ste Foy, parsemées de rose et de vert, et avec qui nous n’avons ensuite cessé de parler de la beauté des
choses… je pense ainsi à tous ces pèlerins et pèlerines, que je ne puis vous représenter en image ici, et ce sont les accents de tous les pays rencontrés qui résonnent encore, faisant
jaillir en moi un éblouissant bouquet de fleurs et de mots !

Mais, bien plus tard, presqu’un an plus tard, je me retrouve encore sur cette petite place de marché, un après midi sur Moissac, face au seul stand présent (!) et au très large
sourire d’un « marchand » de vêtements (je préfère ici le terme de « marchand « à celui de « vendeur » ) et ça devait bien être ainsi que je m’imaginais ces hommes du désert, à la prunelle des yeux scintillante de bonté, faisant couler de leur théière multiples petites
cascades bienfaisantes !  Il mit tout son stand en pagaille afin de nous venir en aide !
                      je pense encore à Soeur Marie Florence qui nous acceuillit au sein
de sa communauté « Marie Mère de l’Eglise », à son humour, son incroyable spontanéité et à son rôle auprès des écoles et des enfants désoeuvrés…je partirai de Moissac en emportant un peu de son
âme et de celle du gentil marchand du Maghreb … et mon coeur se souvient donc aussi de tous ces autres « compagnons de route » sans bâton de marche ni sac à dos ! Ils sont là
aussi, au hasard de nos routes, venant à notre rencontre, ou nous abritant, ou nous offrant quelques pages de leur histoire, ou parfois tout à la fois !  Certains même, animés
par de forts sentiments de pudeur, de respect et de réserve, traduisent leur présence par un bel éventail de gâteries « faites maison »…non ! »faites coeur », nous ne
voyons donc pas toujours leur visage mais repartons avec un morceau de leur coeur !
Et puis il y a tous ceux là que je ne citerai pas, par pur respect pour leur vocation et l’authenticité de leurs sentiments, mais tous , absolument tous auraient mérité d’être cités …ceux qui
n’avaient rien prévu et ont tenu à improviser pour nous, ceux qui nous ont choyés comme leurs propres enfants, ceux qui ont pris notre charge et notre fatigue sur le poids de leur coeur, ceux qui
n’ont pas hésité à faire trôner une vulgaire bassine d’eau pour notre chienne au beau milieu de leur salle de restaurant, faisant abstraction de son « habit de pauvresse » (croûtes de bouse
!)…c’est par eux que j’ai saisi ceci : le mot « comprendre » est le premier vrai synonyme du mot « partage » !
C’est par eux que j’ai compris aussi que …la générosité n’a ni âge, ni visage et elle peut être n’importe où, souvent là où on ne l’attend pas : de la gentille mamie qui
inventa une omelette accompagnée d’un pain cuit au feu de bois à l’adorable jeune fille d’un Foyer qui garda un matin son Lactel pour Lola…c’est par vous tous  que nous avons
réussi à nous « défaire » pour nous « refaire  » ensuite : DU PLUS PROFOND DE
NOUS …MERCI!
                                                       
                                         

Coeur rouge Enfin, je me souviendrai toujours de toi, Gwendoline , ma fille, qui répondit à notre appel et vint nous embrasser sur le
quai de la Gare de Rochefort , il était à peine 8 heures ce dimanche matin là (un exploit !), t’obligeant de surcroît à ne quitter le quai qu’une fois le dernier compartiment devenu invisible !
Et nous avons ainsi éperdument tendu nos bras et nos mains par les fenêtres de ce train qui nous menait à Figeac, en plein mois d’avril, jusqu’à temps de ne plus apercevoir au loin qu’un point
sur l’horizon !
Tu ne peux que faire partie de nos voyages, toi qui as vécu avec nous tant de périples à pied jusqu’à l’âge de 11 ans (Sur l’album « je vous
aime ») 
.
Tu formais le second élément rieur et insouciant de l’équipe, et c’était un réel bonheur de te voir cheminer aux côtés de ta
petite soeur Lola, vous esclaffant si souvent toutes les deux pour un rien !

Si, au hasard des dédales de ton coeur, tu venais à me lire , sache qu’à l’image de nos bras et nos mains tendus par
les fenêtres de ce train … nous t’aimons et t’attendons éperdument !

                                     
A Bientôt …sur les pas de Condom à Burgos !

Juste avant ce billet, je rendais hommage à notre ami pèlerin « Jean Paul » de Hollande, disparu sur le chemin de
Ronceveaux. A tout instant du jour, à chaque élan de ton coeur, tu pourras ainsi y passer, et laisser ce que tu veux pour lui : un sourire, un mot, un silence, une prière …
 

De Condom à Burgos

Dans mon précédent billet, je vous laissais à Condom, y êtes-vous parvenus ? …ou êtes vous encore entrain de
flâner ça et là, peut être même prendre plaisir à sautiller dans une flaque d’eau, partager le jeu de la marelle avec des enfants sur une place de village, ou savourer quelques gouttes de pluie
sur votre visage , une fleur entre les lèvres …?
                Pour toutes ces
innombrables raisons, innombrables saveurs uniques, je voulais laisser un temps, une pause entre la publication de ce billet et celui qui le précèdait et marchait du Puy à Condom.
               Mais, il est né , poussant un cri qui perça tous les nuages !
               Mais, il est un poumon qui bat et j’ai tant désiré ce partage !

               Aussi, vraiment, j’espère ne pas arriver trop tôt avec ce billet (ce second « billet doux ») qui continue le
chemin, le poursuit de Condom jusqu’à Burgos car…
                     me pardonneriez vous alors ce trop fort élan d’amitié ?
 
  

…Sur le 3ème tronçon de Condom à Burgos …

 

459

A  toi qui nous entoure chaque jour des volutes de ton coeur, nous
t’offrons celui-ci
  (A Yoann)

 

Pour

 

cette 3ème partie…pas de pleins ni de déliés, aucun écrit enraciné sur papier comme fleur dans un jardin, le « bloc Ebauche » emporté n’a vraiment pas
voulu que la courbe des mots ne dépasse le stade de l’ esquisse …
                                  
mais des images pour évoquer des regards, et des regards pour évoquer les sourires de l’âme !
Et je me rends soudainement compte que tout l’intérieur de mon coeur s’est déversé sur ces 616 images commentées qui défilent ; s’attardant ou volant au rythme de nos pas et émois tels des
oiseaux épris de tout (Sur l’album Condom Burgos, juillet 2008) .

Au delà de la candeur infinie du soleil sur le paysage et sur les contours
humains de chacune de nos rencontres d’une beauté inégalée …il y en a quelques unes, qui se dispersent comme d’un joli troupeau les brebis égarées, et ont besoin d’être dites, prononcées,
retrouvées pour sans doute être mieux reconnues, et mieux « interpeller » !

Alors, s’il suffit parfois d’un regard, d’un silence, d’une voix , d’une réflexion, pour refaire tout le
chemin d’une vie…c’est, par les mots, et uniquement par les mots, que je vais le refaire ici …
                               et vous dire
que, les 3 vieux parkas que le serveur alla chercher d’on ne sait où pour nous qui avions peur et froid, sur cette terrasse un soir à Roncesvalles,
                                que les
3 tartines préparées sur un tréteau avec la plus extrême minutie par notre grand Ami Michel (de Suisse) le lendemain matin,
                            

m’immergent d’émotion et de larmes ! 
Ces images m’immergent à ce point car, de Roncesvalles précisément, je voulus repartir, retourner en arrière et
ne plus rien poursuivre ; le soir déjà mes oripeaux mouillés sur le bras traversant cette large allée bordée de tentes colossales type survie militaire dont les fenêtres à semi
arrachées battaient fort contre le vent…puis le lendemain matin aussi, le ventre creux faute de provisions, le paysage entièrement recroquevillé sous la brume !
Du pire découragement, savoir et comprendre qu’il en sera né l’un des plus beaux souvenirs, le meilleur peut être…           

comment ne pas pleurer de joie !

Vous dire que j’ai affronté l’Espagne mes mains encore blotties dans celles de Guy qui nous
acceuillit à St Jean,
              que mon corps n’a pas eu peur de sortir complètement dévêtu, encore tout grelottant de froid, muscles tout
tiraillés, pour laisser la place  à une autre pèlerine, à un autre corps fatigué du défilé humain appuyé contre les portes des douches …et que cela m’a rendue plus
humble, et que cela m’a fait comprendre que, femmes, nous étions toutes « soeurs sur la terre « !
Vous dire que marcher c’est aimer , et redécouvrir la vie …alors qu’est-ce que j’ai pu l’aimer !
Vous dire que tout y était magistralement beau …des rires de Carmen qui fit des instants du chemin une splendide cour de récréation , à cette pèlerine en jupe indienne qui surplomba de ses pas
de ballerine les dénivelés de Ronceveaux, nuage surnaturel qui survola ces hauteurs comme issu d’un conte de fée !

Vous dire que je me souviendrai toujours du long poème que Guillermo et Vicente composèrent et récitèrent en notre honneur sous les feux des
lampions, 
                que je me souviendrai encore qu’il y a des pierres propices aux confidences  et des âmes
propices à les recevoir et c’est bien à vous que je m’adresse,Françoise et Bernard ,dont je n’ai emporté aucune coordonnée mais la portée de vos mots et la force de votre « idéal » :
 oh combien tu dois les aimer ,toi Chemin ,dont ils arborent le coeur de long en large depuis maintes années !
Oh combien aussi j’y ai aimé la musique, les chants et les voix qui m’ont transpercé les entrailles …de la voix de Nicole à Nogaro à celle de Simone d’estella à Torres del Rio qui passèrent sur
nos maux comme la plus divine caresse du vent, comme le plus merveilleux souffle de cascade, des fanfares de rue qui firent scintiller nos yeux de mille étoiles, aux chants en diapason de
nos amis coréens qui firent de la brume du dernier jour la reine d’un matin !
Oh combien j’y ai aimé la magie de silhouettes d’enfants , des cheveux follement emmêlés de Lola jonglant avec ses 2 bâtons , à la jolie petite madone au visage d’ange aztèque qui nous ensoleilla
à Najera …

De la magie, oh combien il y en eut…de la guirlande de Noël que tu laissas, Jean Michel,
vers un couloir d’escalier, à la voix suave et si belle de Reggiani que je n’avais plus eu l’habitude d’entendre depuis ce paradis épicé et taillé dans « l’écorce d’un coeur » :
le tien !
Vous dire que Puente la Reina pour nous rime désormais avec ce joli prénom espagnol               « Joanna »
                que nos coeurs, rien que d’y penser, se réchauffent à sa lueur comme autour d’un féérique feu de camp
d’où émane la plus belle des mélodies nomades,
                que, pour la 1ère fois de ma vie, mon coeur s’enchevêtra à un autre lorsqu’avant de partir, elle me
prit dans ses bras si fort, si fort …que je sentis son coeur battre contre le mien !
                que mon doigt s’arrêta net sur le bouton déclencheur de mon numérique lorsque je voulus immortaliser sur
pellicule l’immense cicatrice traversant le ventre
d’une vache venant de subir une cézarienne et qu’il y a ainsi des pudeurs en forme de silences pour définir l’amour…et que tes mères étaient magiquement belles, Mr
Etcheparreborde, quand elles appelaient leurs veaux pour la têtée …

                 que mes doigts sur le clavier, à cet instant, ne parviennent
plus à faire naître les mots, les mots pour vous parler de celui dont j’eus peur un matin de m’approcher alors qu’il accourait vers nous pour nous offrir un peu de réconfort et d’amitié …A
toi…….Magistralement à toi, qui, certes, exhalait un peu fort le vin, à toi qui avait bien plus peur de la solitude que nous de l’inconnu…A toi qui nous débarrassa de tout
le superflu de nos coeurs , les lava…pour nous les remplir des seules richesses de ton coeur et
encore                               
PARDON !
Pour te dire Nicole, Nicole pèlerine et hospitalière rencontrée à Miramont Sensacq, que , …Oui, nos erreurs d’appréciation, les préconçues, les « préfabriquées », celles qui nous font ignorer,
s’écarter voire fuir, nous reviennent toujours comme (pour reprendre ton extraordinaire comparaison) « des boomerangs » !
Et, si elles te font d’abord baisser honteusement la tête, elles t’ouvrent ensuite …un jardin ignoré de ton coeur !

je dois encore vous dire tant de choses …qu’aux portes de mon être se bousculent tant de
visages, de prénoms et de sourires, des balcons, des lanternes des fanfares et les cris et les rires des villages,
                  je réentends l’Ave Maria et la tristesse de ton coeur, Jean Pierre, quand tu
déposas tes derniers pas à Logrono…

                  Que le chemin commence à entrer en nous dès que nos doutes se dissipent !
        …et qu’à l’image des oiseaux, des églises et des cathédrales, tout y a la beauté, la pureté immense et infinie de tout ce qui approche les cieux !
              
              
En hommage à tout ce que tu fus , es et seras encore, Chemin,(avec
un « c » majuscule comme j’aime à t’écrire souvent !)              
                             je te dédie la chanson qui
suit !
               Et je vous la dédie aussi, Nicole et Gilbert,( les mêmes rencontrés à Miramont), qui êtes toujours
là depuis …chaque jour, pour peupler mes heures de joie et de confiance, pansant, au hasard de mes confidences, l’essentiel de mes plaies …
               et vous la dédie encore autres amis, autres pèlerins, qui m’ont pris la main, sur les
pages de ce blog ou sur celles de ma vie, me donnant la force de croire chaque jour davantage que tous ces p’tits riens chargés d’émotion de la vie
quotidienne sont autant de paupières grandes écarquillées vers le Chemin de l’Apôtre dans sa spiritualité, quels qu’ils soient, et quel que soit l’endroit où ils se trouvent…
               qu’ils sont comme le voyage, qu’ils sont peut être même tout simplement « le voyage », par tout ce
qu’ils me font respirer, sentir et contempler de candide et de simple , de lumineux et de charitable …
                     et que vous en êtes … »le fantastique champ
d’étoiles » !

                            
je vous aime   Rose flétrie 

        

 
   
A Patrick mon compagnon et à Lola qui respectent et partagent mes instants d’écriture à ce point
qu’ils font de mes mots …
                               
« des êtres libres » ! 
    
 
 
 
 
 

De Burgos à Fisterra : 1ère partie

 PRose rougerRose rougeéRose rougefRose rougeaRose rougecRose rougee
 
 
 P1000393-copie-1.jpg
Aujourd’hui délicieusement blotti
 dans les vapeurs légères
de nos rimes d’hiver
aux parfums de sucre et de mystère
Hier et par la porte ouverte au vent
sous les boucles folles
de nos roses trémières
caressant le soleil
Demain, je ne sais encore
mais il sera radieux
près de ton visage
à la fois doux et princier
 que dessina au fusain
et avec un incroyable génie
ce peintre de rue
un 17 septembre 2007
face à ta cathédrale
retraçant sur tes lèvres
et dans l’abîme de ton regard
les reflets d’un idéal
d’une étrange et infinie beauté !
Et c’est dans le fond de ce regard
telle une grotte de rêve
que la nature aurait préservée,
entre les bambous
et les rêves d’eau
dont s’immergent nos pierres,
l’horizon tout enchevêtré
de feuillage et d’oiseaux,
que mes mots naissent
survivent puis renaissent
s’endorment aussi parfois
sur leur velours gris bleu …
 
A toi mon ange
qui me porta sur le chemin
et me mena vers la lumière nacrée
de ses tendres visages
et de leurs bras serrés
autour de mes peurs et mes doutes
A toi
qui fit jaillir en mon âme
toute sa lumière
et transformas mes pleurs
en prières
en chants immaculés
 
A toi et par qui
avant que l’un et l’autre
ne le sachions encore…
 
le chemin en nous
prit majestueusement vie !
 
En souvenir d’un vol de cigogne
sur « Boadilla del Camino »
je te dédie ces sons …
 
                                                           

 
 
 
Arc-en-ciel Coeur rouge Arc-en-ciel Coeur rouge Arc-en-ciel
 
En gravissant les escaliers de la nouvelle gare de Burgos, le 1er « Buen camino » nous fit aussitôt
reprendre le chemin et trépider d’émotion …
Et, à ce jour, me reviennent en vagues déferlantes, les vives senteurs d’encens du dernier botafumeiro, les grandes
orgues glissant dans nos entrailles lors de notre 1ère messe à la Cathédrale de Santiago, la divine musique du film « Out of Africa » jouée à la flûte et émanant d’une rue le dernier jour
Chemin qui remodèle notre âme à la façon d’un sculpteur attentif et passionné, tu ornes nos yeux du plus bel
assemblage d’étoiles, restaures nos pas en plumes d’oiseaux, poses sur nos lèvres des mots doux et ronds, plus grâcieux que les plus exquises courbes, figes pour nous à jamais le
silence dans la fibre de la plus belle oeuvre d’art et fais de notre coeur la plus pure des matières générant la vie et l’amour !
 
 
et j’ai lentement appris à …t’écouter !
Le 1er soir, je me suis demandée ce que le Chemin voulait de moi, pourquoi je le poursuivais, s’il ne me fallait
vraiment connaître que fatigue et routine jusqu’au bout et ma gorge s’est alors mise à se serrer avec une vive intensité…
Etait-ce un signe inévitable d’épuisement physique après 19 Km effectués au « rythme de Lola » en 3 heures (!) ou la
souffrance viscéralement morale de ne plus pouvoir caresser la présence de Yoann sous mon « arbre de prière », près de son visage magnifiquement retracé au fusain, ou sur notre
cheminée…et j’en oubliais même le petit coeur porté contre ma poitrine si maintes fois blotti dans la paume de ma main !
C’était en tout cas bien la 1ère fois que je ressentais un tel « mal être »…ou avais-je tout simplement besoin de
crier ma souffrance au monde entier ?
Alors, soudainement,  mon petit ange m’a dit « Tu n’as besoin d’aucun de ces éléments porteurs, maman, je
suis toujours là près de toi et où que tu sois… » et, conjointement, les mots de notre ami et pèlerin « Philippe » me sont revenus en force dès le lendemain, durant notre second jour de
marche …
 
 
 
 
Et ses mêmes mots, dont il nous fit cadeau juste avant notre départ, se sont ancrés dans mon coeur pour ne plus
jamais en sortir … »Regarde et écoute le murmure que procure le Chemin autour de toi…et autour de vous » …
Alors, le Chemin a poursuivi  leur pensée et m’a dit
« …écoute moi, et prends le temps de boire mes paroles » !
et j’ai compris que le vent n’était là que pour nous caresser, nous masser, et nous vider de tout superflu, et je
l’ai senti effleurer ma peau, et son souffle sur les blés n’a cessé de me bercer de sa douce musique….Et, au fur et à mesure que je marchais, mes pas se sont calqués sur ses notes et je me suis
mis à ralentir, ralentir, de la même façon qu’ un coeur affolé retrouverait avec un bonheur incontrôlable son rythme serein et régulier !
Le Chemin est devenu comme un hamac favorit, pour qui l’on se dévêtit de tout pour aller se plonger dans les airs et
laisser tout son être délicatement se balancer entre rêve et émotion …et le bonheur a fait jaillir en moi des larmes d’allégresse !
Un peu plus tard, il me récompensera de l’avoir écouté et m’offrira à Castrojeriz un « ailleurs » habillé de canis et
de lierre, imprégné de poésie et de silence savamment entrecoupé de quelques miaulements et où,  à l’image de nos pieds divinement nus et étendus sur l’herbe tendre, mes
mots ont adoré se prélasser sur le papier …
Et durant les jours qui suivirent au coeur de la meseta, parfois infiniment ocre, infiniment brûlante, mon regard a
su devenir à la fois peintre et musicien à l’écoute de la symphonie des fleurs, avançant à la lueur de leurs pastels comme à celle de superbes chandelles… les paupières prodigieusement
écarquillées !
 
Chemin… sur tes sillages, jamais tu ne nous laisses errer au hasard …
Oh! combien tu m’as appris aussi à te faire confiance, et, de l’admettre et le comprendre fut un chemin tant
soit peu « sinueux » ! Mais, je sais à présent que nos pas ont toujours une raison d’avancer…

et jamais tu ne nous abandonnes !
Tu nous écoutes au contraire et vibre même à nos mots…ainsi je me souviens de rencontres alors que je commençais à
frissonner de solitude, je me souviens du vent et des arbres alors que nous nous sentions brûlants ou assoiffés et, pour exemple, les saveurs sucrées et revigorantes des forêts après la Croix de
Santo Toribio alors que je rêvais secrètement de feuillages depuis le matin !  Et, cadeau des cadeaux, immensément suprême …après 8 jours de marche, je parviens enfin à joindre
ma fifille « Gwen » et j’apprendrais que, chez nous, c’est le 14 juillet …alors,  dans mon coeur « quel feu d’artifice » ! 
    Soleil« Chemin…tu me fis à nouveau pleurer de joie » ! Soleil
 
Enfant imprévisible tu es, Chemin, faisant de notre route
un ballon sauteur,
un sursaut de joie !
 
 
 
En haut de la montée avant Foncebadon 
 
Ainsi, nous nous laisserons guidés sans trop comprendre parfois ce qui nous détournera de nos toutes 1ères aspirations, ou nous fera  courir vainement après de beaux
souvenirs
 …  et nous ne reverrons jamais « Guillermo et Vicente », vous vous en souvenez
j’en suis certaine, qui s’étaient promis de finir le chemin avec nous cette année, depuis Burgos jusqu’à Fisterra …
Je ne saurai jamais non plus par quelle force, après El Ganso, mes pieds dévalèrent les descentes abruptes avec le
même plaisir que s’ils caressaient les ondes d’une rivière endiablée …
 
                       et
tu nous rends chaque jour
                 un peu plus
artiste,
                  un peu plus créateur
 
 
 
 
Et, en déambulant entre les lueurs de Ponferrada au petit jour, fleurant bon les parfums de
l’irréel, Lola a imaginé des immeubles en forme de coeurs, et de fleurs multicolores, et je la baptise aujourd’hui  … » Architecte du rêve » !
 
     nos pas au repos n’ont toujours qu’une
aspiration
       celle de poursuivre le Chemin en rêve …
Les sons, les voix et tout ce qui murmure, respire, ou effleure l’air nous met comme en apesanteur, nous
hypnotise …
                     et je me
souviens de la cascade qui faisait sourire le totem à Ponferrada et de la limpidité de l’eau bordant la plage de Fisterra, où nous suivîmes avec béatitude le va-et-vient de
milliers de petits poissons et le trajet extraordinaire d’un bernard – l’hermitte …Chaque « petit rien » se transformant en un pas de plus vers la sérénité et le
merveilleux !
Douce et intense volupté menant au plus délicieux sommeil fut celle de mes yeux noyés dans la large pierre du gîte
de Triacastela ou sur les noeuds lisses du bois dans l’humble refuge de Gonzar …
 

 

Chemin … immense fratrie !
Ainsi suis-je partie avec, inconsciemment et comme tout un chacun, des tendances et désirs
individualistes qui, au fil des jours des pas et des rencontres, sont devenus furieusement « communautaires » …
                    

                    Et, telle une enfant qui aime à s’immerger d’images et de
mots avant de s’endormir, le flot de paroles et de rires emmêlés sur fond de sérénades eurent pour moi l’indicible douceur des contes de fée, nés pour rassurer et
bercer …

                                    
je suis petit à petit devenue algue flottant au beau milieu d’un océan de poissons,
bercée par les bruits feutrés et devenus familiers des pas se tenant sur leur pointe et des tissus frôlés, des fermetures à glissière s’ouvrant et se refermant et des sachets maintes fois
froissés
  …
 

       des rencontres d’un instant, parfois même
         de quelques fractions de seconde
 qui viennent s’inscrire dans la mémoire
                de « toute
une vie » …
Ce sont, à Leon, le mendiant qui nous parla de Matadores et de San Isidoro au pied de l’église, « Tisiana » une
bruxelloise en vélo, qui nous envoûta de sa belle histoire, ou le joueur d’accordéon arménien …
                     ce sont
encore, aux quatre coins du chemin, l’adorable « papi » qui nous mena au gîte de Burgos au tout 1er jour de notre périple, ou cet adorable chat sur la route de Mazariff qui interrompit sa
savoureuse sieste pour venir tout spécialement saluer notre passage …
              bien sûr je ne parle ici que de
rencontres les plus furtives, toutes les autres n’ayant été également que de purs joyaux !
                Mais combien, le soir
venu, nous aimions aller nous imprégner des ruelles, des voix et des visages de leurs passants…magnifique bain d’humanité et de jouvence !
 
 
le rôle des grands parents en Espagne nous a semblé d’une beauté éminente !

 

et de ces superbes « ballerines » …vous en souvenez-vous ?

petitefille

« Burgos » juillet 2008

« Santiago » juillet 2009

 … un après-midi, à Terradillos, « Maria Asuncion » partagea notre chambre, elle dormit beaucoup.
Puis, nous la retrouvâmes dans la salle de restaurant, seule au beau milieu des tables bien peuplées …nous n’avons pas osé l’inviter, craignant d’heurter son intimité ! Puis encore …quelques
paroles toutes simples furent échangées avant de nous endormir, je me souviens qu’il nous fut particulièrement laborieux de prononcer le mot « Asuncion » , que nos multiples
« élucubrations »  préparèrent si joyeusement nos sommeils respectifs, et que Lola en ressortit la « meilleure élève », et puis ………..
              tu repartis, merveilleuse « Maria
Asuncion », faire (comme nous et tous les autres ) »ton chemin », fidèles tongues aux pieds et l’illustre chiffon rouge sous la bride afin d’atténuer les douleurs … et, pas un seul jour, tu ne
manquas à nos songes  nostalgiques !
               Alors que nous t’avions déjà
enfermée dans l’écrin bleu de nos souvenirs et que nous commencions juste à fouler les pavés de la Cathédrale …
 plantée face à nous au loin, comme si tu nous attendais depuis des décennies, nous te revîmes !
     Tu étais encore seule, le sourire comme gardé jusqu’à là pour nous
… 
               et la divination de cet
instant !
 
 
« Maria » ici à droite de la photo !
 Marie (au centre) arrivée depuis un ou deux jours, fut un guide fantastique !
 
   « Maria Asuncion »…
même si j’ai encore un peu de peine à écrire ton
prénom
ma mémoire saura toujours chanter notre rencontre !
 
 
Oh! cebreiro …
Parcours n’appelant qu’à la pensée et la prière envers les autres !
Ici la nature par son relief nous démunit de tout pour ne laisser qu’une profonde mais sereine fatigue …Oui
« sereine » car elle ressemble à toutes ces grandes et fortes rencontres avec soi-même où le corps et le mental sont obligés de gravir leurs plus hautes limites mais, parvenus au sommet, c’est un
horizon pur, comme lavé,  et éblouissant de nudité qui les attend et succulemment les enveloppe !
Horizon aussi qui nous amène à nous réunir, nous regarder, nous découvrir, nous partager, nous secourir
Un homme, dont les gouttes de sueur tombaient en cascade, en pluie de mots magnifiques semblant réciter par coeur
les versets de la douleur, portait son pied photo telle une authentique preuve d’amour, un sacrifice …
Il marchait montait montait marchait tel un pantin meurtri articulé par une invicible espérance !
Nous le retrouvâmes comme voisin de lit dans l’un des grands dortoirs du refuge, lui et son inséparable « pied
photo », du même bonheur géant et non dissimulé qu’à la vue de l’arrivée de « José » juste derrière nous …
 

             Comment dit-on déjà ? Oui, on s’y est
bien amusés aussi à prononcer le « J » (de ton « inoubliable » prénom) comme un « R » avec une voix qui se doit d’être la plus « rrrrrrocailleuse « possible » !  
Mais, il m’en a fait bien d’autres mon « Rossé » (car j’ai également oublié de
parler de la prononciation du « s » !!!) comme, et rien qu’en contemplant cette photo …

me donner l’envie de rejoindre Bilbao, telle que je suis, pieds nus, avec une simple sarbacane sous le bras , ou me faire fondre en larmes secrètes et de la plus tendre des complicités
Rose flétrie
Nous parvenions toujours à nous comprendre, même à demi-mots, et comme il ne comprenait que le français écrit,
j’avais réservé quelques pages de ma moleskine à nos merveilleux échanges, dont elles resteront à jamais gravées !
 
Chemin fait de doutes, de découragements et de remises en question
Oui, mon chemin aura été fait d’infiniment de ces sentiments sur ce tronçon-ci !
Et à Negreira, 1ère étape après Santiago, je me souviens avoir ressenti la peur de mourir lorsque mon
coeur eut des ratés durant toute la nuit et qu’il frappa maintes fois à grands coups dans ma poitrine.
Je me souviens aussi m’être dit que « …jamais plus, je n’attendrai pour aimer mon prochain comme il se devait » !
C’était pourtant à quelques pas de Santiago … à Lavacolla
 
 
L’ Eglise de Lavacolla
 
Nous venions d’arriver sur Lavacolla par le haut de ces marches…un mendiant y était étendu, le visage fort
boursouflé, un litre vide à ses côtés, il dormait !
Un peu plus loin, un petit chien attaché à un buisson, le sien sans doute, veillait sur lui en aboyant. Lola alla
presqu’immédiatement le voir, le caressa et, à la vue d’un tique, voulut expressément lui enlever. N’ayant pas prévu dans notre trousse de pèlerins de pince à tiques, et surtout …par peur de ce
qu’elle allait y rencontrer (microbes, agressivité …que sais-je ?) nous l’en avons empêchée !
             Cette réaction s’appelle aussi la peur…je
la nomme aujourd’hui en faisant naître ces mots, étranglés par les larmes …

« La peur de l’étranger » !
Nous avons dévalé les marches pour atteindre le centre de Lavacolla et c’est avec une certaine « hostilité » que nous
franchîmes le seuil de l’Hôtel San Paio, trop habitués à la franche et belle simplicité de nos refuges. Mais « José » (que nous ne reverrons pas avant Santiago) nous avait fixé « Lavacolla » comme
RV. 
Ce lieu nous sembla être une « ville-fantôme » et une étrange impression de solitude aux saveurs amères
s’emparera de nous lorsque nous chercherons dérisoirement les « nôtres », membres de notre grande famille de pèlerins, égarés au loin…N
ous ne savions alors pas encore que cette petite ville nous permettrait d’accomplir l’une des plus belles traditions ancestrales !(A
suivre sur l’album « de Burgos à Fisterra, été 2009)
Plus tard, nous nous restaurerons et, au moment du dessert, face à la célèbre « tarte de Santiago » que l’on surnomme
aussi le gâteau du pèlerin …sûrement me suis-je demandée alors si mon âme était bien celle d’une pèlerine pour avoir su abandonner devant une église un mendiant endormi et son chien apeuré
?
Je me souviens aussi, qu’au moment où nous venions d’arriver face à ces marches, il y avait un petit groupe de
pèlerins qui discutait entre eux sans même poser un seul regard sur ces 2 compagnons en dérive, plus soucieux de savoir s’ils allaient poursuivre leur pas vers la prochaine étape que de l’état de
ces pauvres miséreux (A  méditer !)
Alors…j’ai quitté comme une folle la table du restaurant, mon bout de gâteau à la main, suivie de mes 2 autres
« pèlerins fous » , dans l’espoir d’y retrouver mon mendiant et son chien et de lui offrir cette mince consolation, mais …
                          ils
n’étaient plus là !
Depuis, mes pas et mes prières sur le chemin vont encore vers vous et pour vous…et vous fites partie de mes
premiers mots en forme de « pardon » adressés à St Jacques au sein de sa demeure ….
     Coeur rouge Que le ciel nous entende et vous garde de toute vaine souffrance
      et que le sol sur lequel votre vie semble trouver refuge,
notre Apôtre, toujours sensible à nos prières,
   le sème enfin des bouquets de l’attention et de l’amour … Coeur rouge
 
et encore, humblement, le plus humblement
« pardon »
   Lola, sans nous, aurait sûrement fait partie d’un de ces bouquets …
   nous avons tant et tant à apprendre de nos enfants
Rose flétrie

            « 
gentille lRose rougeoRose rougel Rose rougea….
        essaies de garder toujours en toi
           cette sublime fraîcheur d’âme  » !
 
 

 Retrouvons-nous pour la suite de ce Chemin
quelques pas plus bas ….