De Burgos à Fisterra : 2ème partie

 Nous arriverons à Santiago le 27 Juillet …

C’est cette date-là, ce jour-là dont mon for intérieur rêvait ardemment en secret, et pas un autre !  Neuf mois
plus tôt, le temps d’une re-naissance », le 27 octobre …je te récitais le poème « l’enfant des volcans » lors de la cérémonie de ton envol, animée de la même flamme qui me faisait
vous endormir, enfants, vers un bonheur fou et dans la délectation du rêve …
Depuis la Galice et sa magie verdoyante et sucrée dont notre mémoire est encore toute inondée, nos coeurs n’ont
toutefois cessé de réclamer ces « Buen camino » que les passants, en Navarre en Rioja ou en Castille, nous lançaient généreusement à chacun de nos pas et réduits ici à l’état de silence
…mais nos têtes n’en demeurent pas moins exaltées à l’approche du tombeau de l’Apôtre et un rien nous émeut nous ennivre…comme la jolie musique brésilienne s’échappant d’une demeure après
Monte Del Gozo, ou le souffle du vent faisant voler les cheveux blonds de Lola sous son « sombrero » ! Je n’ai pas été assez rapide, (ou la beauté de cet instant a tenu plus que tout à
son intimité), pour immortaliser cette danse folle en photo …Si je l’avais été, je l’aurais intitulée        
                       
  « Liberté » !
  
A quelques pas de Santiago, un homme et une femme tous deux âgés et montant péniblement m’a éblouie par le
rayonnement de leur visage, ils se tenaient par la main et cela les rendait … »diablement heureux » ! Deux pèlerines aux pieds bien abîmés cheminaient cahin-caha se soutenant
mutuellement par le bras, et un cycliste arrivera le bras bandé …
Quant à nous, ayant effectué ces derniers 10 Km en à peine 1H30 …
              
« nous volerons » ! 
                                                           
En arrivant sur Santiago…mes yeux se sont instinctivement mis à fureter les alentours de part en part et, comme
dans les dénouements de films les plus splendides, je m’attendais à entendre derrière moi une voix (qui m’aurait fait retourner, le coeur haletant)…prononcer le « bra bré bri bro bru  » que tu
t’évertuais avec tant d’amour et de conscience à faire dire par Lola, afin qu’elle sache bien « rrrrrrrrouler les R » ,
ou réciter ce verbe avoir que nous te faisions si souvent réviser verbalement « Mr le Professeur d’Histoire » ,
et, pour lequel tu avais tendance, je trouve, à rencontrer une légère mésentente avec …. »la 1ère personne du singulier »
   mais combien j’aimerais de nouveau entendre, avec le même air « appliqué »  que tu
prenais, ce …
 « jé a,  tu as,  il a …. »    !!!
  
Encore A toi ! « José » de Bilbao Coeur rouge
 revu l’après-midi, au hasard d’une rue !
  
Santiago, douce enfant espiègle, est ainsi faite …à l’image du coeur des hommes !
Elle ne livre pas son amitié aussi facilement qu’on semblerait le croire…il nous faut tout
d’abord l’écouter, puis la deviner du regard, pour enfin pouvoir se plonger corps et âme dans son histoire.
Peuplée d’infinis détours vers des passages secrets, menant tous au merveilleux, sa voix pour nous parler n’est que
murmure, chuchotement frêle rimant avec battement d’aile …et ces détours sont infinis …
Santiago est l’un des plus beaux labyrinthes d’émotions !
  
Tu es arrivé quelques pas après nous sur le sol de Santiago … »émotion » !
                     Sur le
chemin, j’ai écrit de toi ceci :
  » un regard sur la vie
 comme les humeurs de la mer sur les vagues … »
Te reconnaitras-tu ? Lola , oui !
Voici en images … »l’histoire d’une splendide amitié »
  
 

 

 … J’aime capter les choses « à l’arrière de leur visage »
           et voir transparaître avec un recul
 le sillon lumineux de leur route commune
      se dirigeant vers l’infini !     (Sabine)
 
Tout ceci ne vous rappelle-t-il pas…nos « 2 merveilleux garnemans » de l’été 2008 ?
Lola, toi tu te rappeleras encore de celui que tu surnommais…
          « le p’tit suisse à la vanille » !
 

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« …Ce n’est qu’un au revoir, Lola !
Vois dans mon sourire
   le reflet de ton souvenir .. » (Burgos, juillet 2008)
 
Quelques grands moments …
 « quelques étincelles du superbe feu
d’artifice
            qui ont mouillé nos yeux un peu plus que d’autres
…. »
 
Ce furent …le sublime voyage dans les airs que nous offrit Sérafino, nos corps dans la rivière de Lavacolla, les
plus belles phases intimes que le soleil nous révéla de son sommeil un peu après Negreira, Fernando et nos sanglots intérieurs mêlés à la Croix de Ferro, la main que me serra avec force
Jéronimo lors de l’Ave Maria chanté à la messe de Triacastela, notre brusque face à face avec la mer, perdue dans la brume, après la belle croix galicienne, notre suprême euphorie à
Manjarin, José nous attendant sur le perron de la Casa de Carmen près d’une pluie battante, José (encore et toujours) quittant son gîte confortable pour aller attendre patiemment, en plein coeur
de belles senteurs de fumier, vêtu de sa vareuse, que nous nous réveillâmes de notre sieste à Gonzar, le départ en solitaire de Jean David pour Negreira (après le 1er botafumeiro) qui fit
jaillir plein de larmes dans les yeux de Lola et …ce guitariste afro jazz qui transforma alors ses cordes en filets de cerf volants pour la faire rire !
     …rien, dans ces états d’âme, n’a suivi d’ordre particulier
            tout ayant été déversé au fil des souvenirs
 
et puis il y a eu …
ces maintes rencontres avec toi, mon ange !
Ce fut …au coeur de la Cathédrale de Leon, en plongeant mes yeux inondés de larmes  dans la magie
de ses mille vitraux, l’image encore gravée en moi des grands bouquets de « jasmin » décorant les autels,
          ce fut encore ma divine rencontre avec Fabienne, « messagère
de lumière », et rencontrée au 1er jour de notre périple, à l’étape d’Hornillos del Camino …
          ou la Chapelle de la Cathédrale, la seule où figure
un petit ange aux yeux bleus dans les bras de sa mère, où te fut donnée une messe…
          ou le « pain de ma douleur » partagé entre pèlerins
!
 
 

 Jéronimo et Mercédès …
Yoann vous remercie Rose rouge
 
Durant cette messe du 28 juillet célébrée à 8H30 par le Père Célestino, tu m’as de nouveau emplie d’une force
inexplicable, quasi surnaturelle et, comme durant la cérémonie de ton envol …je n’ai eu ni besoin ni envie de pleurer !
Je tente de l’expliquer aujourd’hui par le fait que, tellement présent près de nous lors de ces moments de prière,
tu dois probablement venir poser ta tête sur mes épaules ou, comme lorsque nous nous promenions le long du Bruant , tu viens me prendre la main … voilà sûrement pourquoi
              je m’y sens à chaque fois si
bien !
 
 

 

              Quelques belles histoires,
           et l’envie d’aller encore plus loin
 « …chaque être rencontré fut, ceci dit, « une belle histoire »
!
 
Nous étions dans un petit restaurant, type pension de famille, dont les boiseries sobres côtoyant des murs frais en
faisaient un cadre champêtre des plus sereins !
Même la télé qui parlait très fort ne nous dérangeait plus, au contraire…C’était maintenant, au bout d’un petit
mois de cheminement, que l’on se sentait prêt à entreprendre n’importe quel long périple, même audacieux, et que l’on se demandait justement comment nous allions pouvoir continuer à vivre sans
entendre parler toutes ces belles langues du monde …l’anglais, l’italien, l’allemand, l’espagnol ….!
Et, ce fut dans cet état d’esprit déjà bien présent en nous, que « Tom Robinson » (vous vous souvenez ? Rien que ce
nom aux parfums d’aventure !) vint nous conter son récit un peu fou ! J’avais promis de vous le conter à mon tour …
Alors qu’il partait de sa province canadienne jusqu’à Vancouver pour rencontrer sa soeur, tout ceci en
« motocyclette » je précise (!), il fut surpris par un ours qui traversa la route, affolé par l’orage …Il prit également à cette occasion la fameuse route à quelques 300 virages sur environ 17 km
où , nous expliqua-t-il, y est présent un « arbre souvenir » où l’on peut accrocher un morceau de …sa motocyclette BRRRRRRRRRR !!!
 
Karlo , devenu célèbre dans son pays (si l’on en juge par la coupure de journal), mais…qu’importe la célébrité ,
vous vous souvenez au moins de l’éclat de son sourire, j’en suis plus que certaine !
J’étais délicieusement attablée à une terrasse de Fisterra, juste en face du bus qui allait nous
ramener à Santiago, seule (Patrick et Lola étant partis jouer les « reporters » côté port , ce qui leur valut d’ailleurs la désagréable surprise de devoir sauter de justesse dans le
bus prêt à prendre la route ….ouuuuuuuuh les effroyables étourdis !!!).
Mon instinct me fit très vite entreprendre la conversation avec Karlo et ainsi entrer de plein fouet …dans son
incroyable périple !
Karlo a marché durant 2 mois et parcouru 3000 km, ce qui équivaut au rythme adopté par les pèlerins du Moyen Age !
Parti de chez lui à pied, il effectua l’itinéraire suivant : le Puy/Conques/Lourdes/Irun/ St Jean Pied de Port d’où il emprunta la voie du Camino del Norte jusqu’à Fisterra …enfin
arrivée OUF !
Karlo est aussi écrivain, et, au passage, racontera notre histoire (Ouaaaaaaaah !). Mais ce que je retiens de lui
est , avant tout et par-dessus tout …
           » la vive lumière qui jaillit de son sourire « 
!
 
 
Finalement, on comprend pourquoi notre « compagnon-reporter » a failli râter le bus…je vous laisse voguer au gré de
… »son oeil marin » !
 

 
Et, pour clore cette « avant-dernière page » en beauté, je vous offre un joli camaïeu de poésie et de tendresse,
toujours en compagnie de notre …
« merveilleux compagnon-reporter » !
 

 

 

 Je te dédie ces quelques vers, extraits des « fleurs du mal » de Ch. Baudelaire…qui te
correspondent si bien !

L’HOMME ET LA MER  (Charles
Baudelaire) 
 

Homme libre, toujours tu chériras la mer !
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame,
Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer.

 

 

 

 Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets :
Homme, nul n’a sondé le fond de tes abîmes ;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets !

Au compagnon de vie que j’Aime …

Terminons ensemble ce Chemin 
        à encore quelques pas plus bas
 
 

De Burgos à Fisterra : 3ème partie

Chemin de pardon…
Cette partie du Chemin fut, pour moi… un Chemin de pardon, un Chemin exclusif fait par toi et pour toi
!
Et j’ai rapidement compris, quelques étapes avant Santiago, que je cheminais pour te prouver mon amour et aussi pour
brûler ta souffrance , mais avant tout, pour
                                            « la
porter
 » …
Ce sont dans mes chaussures que je l’ai portée, celles-là même qui m’empêchaient de poser les plantes de pieds par
terre aux arrivées d’étape !
Elles ont réalisé l’impossible pour suivre le rythme et s’adapter aux efforts demandés, mais ont fini par s’émietter
de l’intérieur comme ….ton coeur le fit !
Elles ont déformé ongles et orteils, et ont lanciné dans la chair comme …

ta souffrance le fit !
 
 

Ici repose apaisée
ta souffrance sur la terre
 
Plus de 2 heures durant, je n’ai cessé de ramasser des poignées d’herbes brûlées par le soleil, afin d’attiser le
feu qui se refusait à prendre, vue la quantité d’eau que mes chaussures et nos 3 paires de chaussettes avaient accusé le matin !
Puis, je ne cesserai de te défendre , bec et ongles dehors, contre tous ceux et celles qui voulurent en faire un
spectacle et le photographier …
Je n’ai pu quitter les lieux qu’une fois ta souffrance parfaitement endormie, tel l’enfant que l’on laisse,
rassuré, les paupières enfin closes et le sommeil souriant !
 
J’ai eu le privilège de cheminer
       avec un « Ange gardien »
et je peux mettre un nom
à la Foi qui a guidé mes pas …
           » YRose rougeoRose rougeaRose rougenRose rougen  « 
 
Souvenez-vous de notre dernier grand « coup de foudre » au dernier jour de notre voyage, et de ce musicien prodige en
qui nous fîmes naître de multiples paillettes d’émotion dans les yeux en emportant sa musique avec nous …
Il jouait du … »Hammer Dulcimer« 
 
je te dédie cette musique, mon ange !
Ou plutôt « cet instrument » …il est des plus magiques, à la fois sauvagement doux et irrésistiblement envolé,
à l’image de tes yeux et des caresses de ton âme,
               à l’image du royaume des anges
 
 
               

 
 
 
 
 

Depuis…

 

je me rappelle chaque seconde qui a gravi les jours de ce beau voyage, de ses somptueux jardins à ses
tout petits riens, des cris que nous nous amusions tous à émettre sous un pont en partant vers Arzua de la même façon que des enfants, au pèlerin qui cheminait alors devant nous et portait
derrière son sac, comme le remarqua Lola, un « adorable doudou », à cette « Dame nature » qui ôta d’un geste presqu’impatient l’étoffe de brume qui cachait ce qui apparut sous nos yeux fascinés,
telles les portes d’une grotte qui se seraient ouvertes sur un palais de cristal ….. »LA MER » !  Et, de la même façon qu’un pèlerin n’oublie jamais son arrivée
sur Santiago, nos yeux n’oublieront jamais l’éventail « d’images fortes » qu’ils vécurent juste avant ce rêve d’écume, de la pluie happant la nuit noire au fantasmagorique manteau de brume
!

je me rappelle aussi , cette belle journée qui nous mena de Negreira à Olveiroa, où nous empêchâmes successivement
pas moins de 5 pèlerins de se perdre, sauvâmes un chat de la mort certaine et où je laissai les trésors de ma potion magique (tant pis pour… »son flacon souvenir » !) à une pèlerine atteinte
d’une tendinite …
Et, d’ailleurs…… »qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse » !
 
Nous n’avons plus revu ni entendu parler de « Raymonde », rencontrée à Bercianos …

chagrin !
 
Je remercie chaque pèlerin d’oser inscrire leurs mots sur les pages de mon coeur…tu en fais partie « cousine
québécoise », encore MERCI !
 
« Mélanie », notre cousine québécoise, 1ère fille en partant de la gauche.
 
Je remercie encore du fond du coeur Philippe et Nicole (dont je viens de découvrir les mots écrits à notre intention
sur son blog le 6 juillet, jour de notre départ …) pour nous avoir tenu si fraternellement la main tout au long de ces jours  Rose flétrie
 
J’ai extrait ici tout ce qui m’a certainement le plus touchée au plus profond de mon être …
           mais ce voyage, tant par son face à face avec la Nature
qu’avec l’Humain, n’a été qu’une « rencontre des plus grandioses » du 1er au dernier jour …mais
 
         Y a-t-il vraiment un dernier jour ?