*Aubeterre- sur -Dronne* en Périgord vert, village de la féerie des pierres, gardiennes émérites de spiritualité …
En l’espace de deux rimes, ce nom nous fut cité par maintes bouches exaltées au point que sa musique commençât à charmer nos oreilles …
Il nous fallait suivre cet appel, ce rendez-vous était écrit, quelque part, dans un des grimoires du TANT !


L’Eglise souterraine à la nuit tombée. Je te dédie cette image et ce lieu, Daath, dont le souffle ailé nous accompagna !
Place Merkès-Merval …
En hope-erra ou hope-air-être, tout y chante l’histoire : le lavoir, les maisons avec leurs balcons de bois, inspirés de fugues ensoleillées …
Et c’est sur ce spectacle angélique, comme éternellement inédit, que donneront nos fenêtres...


Réveillés par les clameurs de la pluie et la langoureuse ritournelle des pigeons, nous envierons le sort qui leur permettait à chacune de valser et jouer sur les toits …
Sac à romances sur le dos, pieds déjà ramifiés dans la magie enveloppante du lieu, quelques feux follets restés dans nos poches, nous traversons les ruelles pentues, taillées dans la roche, la constance de nos pas remise entre les mains de leurs anges …
La Place Ludovic Trarieux a gardé toutes les résonnances de son ancienne halle … Les enfants s’y asseyent encore sur les rebords ; jubilante mosaïque de fantaisies, de rêves et de langages !

Chez Cécile, vers ses pages à ciel ouvert, ses fils-amants de lumière épris des étoiles du monde et l’encens pur de ses oeuvres, l’imaginaire se nourrit « aux grés » d’exquises traversées …


La roche murmure en nous des mots indiscernables mais à ce point sorciers qu’ils nous emportent, entre hypnose et euphorie, vers l’Eglise souterraine …
Je ne vous en parlerai que très peu, afin de conserver intacte toute la fascination de la découverte …
Le prélude du TANT me consent toutefois à vous montrer combien les astres se dévouent à la baigner d’or, combien sa pierre imprègne la conscience au premier regard !


Instant grandiose
Vers l’église St Jacques, des coulées de santal suintent dans l’air …
Nous nous en approchons, soyeusement , l’âme en fête, les yeux pailletés d’ocre et de joie …


Enfants contre son ventre, nous nous laissons irradiés par des chemins nus, éblouissants d’humilité …

Devant elle, une autre potière, sa maison, un banc pour se souvenir des flâneries aux chandelles, quelques silences espiègles et un mur où nous écoutons, en équilibre sur un nuage, mille et une légendes de forêts …

Nous rencontrons l’arbre-veilleur, penché sur le village tel un peintre aux mains colorées du sang de sa muse …
Il la contemple pieusement, fiévreusement, en lui soufflant cette prière
Il la contemple pieusement, fiévreusement, en lui soufflant cette prière
« Puisses-tu, à travers tous les TANT, cultiver les grâces et la noblesse de l’Univers … »

Entre deux crépuscules, nous irons nous perdre sur des haltes buissonnières, nos têtes folles prêtes à basculer sur les rives de la Dronne …
Délicieusement blotti entre les bras du soleil, le petit village de Bonnes dormait à notre arrivée …
L’église St Pierre, un de ses joyaux, semble puiser toute l’essence de la bonté dans ses grands yeux de bénitiers …

Les ombres révèlent toujours des entrailles de lumière …

Le château dans son chiffon de l’AIME …

Au « 24 » d’une certaine rue, il est un être célestement généreux !

Vers le chemin de l’Ecurie, je rêve de litière douce où pouvoir poser mes pieds, vibrer au son de la terre … Le bitume n’a rien d’un baiser effleuré, qui puisse inspirer une danse furtivement charnelle !

A l’ancien moulin, nous trouvons les langes encore humides de tout un passé. Il y règne une candeur pathétique, éveillant en nous l’envie d’assembler de nos mains les pierres disparues …

Un parfum suave d’estragon, d’humus antique, flotte dans l’air …
Nous touchons le sommet d’une colline. J’aime cette terre, si belle dans son simple pagne !

Le crépuscule commence à ouvrir les yeux , il s’étire, bâille, bambin insouciant toujours gourmand de sommeil …

Nous arpentons des coteaux escarpés, bordés de limpides vallées, infiniment joyeuses et libres …
Nous allons vers le « Bois du roi » et nous perdrons sans cesse, encore et encore …
Le pays ne nous a laissé que très peu de repères, voire aucun …Nous comprenons très vite qu’il faut le mériter !
Il nous reste encore des kilomètres ….Y arriverons-nous avant la tombée de la nuit ?
Nous raffolons néanmoins de cette sensation de doute, qui nous fait surpasser nos peurs et épouser un rythme de gazelle !
Et soudainement, parvenus à la cime de nos pas, la récompense ! Haut perché sur sa colline, nous apparaît le bois du roi dans des lueurs éperdument cévenoles qui nous enivrent de souvenirs vécus sur le chemin de Stevenson …
Deux contrées, deux identités apparemment différentes, aux âmes singulièrement siamoises, réunies dans un même bois !
Il nous fut tellement merveilleux de sillonner cet instant …
Je vous laisse imaginer, car vous ne verrez pas ce bois autrement qu’au travers de mes mots et la fluidité enjouée d’un lieu décrit avec passion intérieure …
Chabrol, qui connait mon amour pour son pays, m’a peut-être offert un dernier clin d’oeil, une miette de sa terre pour vous … La scène qui va suivre en effet, d’un vieux couple glanant autour d’un arbre, gardé par leur chien, ne dépareillerait nullement dans un paysage de camisards …

La nature rayonne dans son gilet chatoyant du soir …
Emmitouflés dans l’odeur tiède des troupeaux, nous regagnons Aubeterre et sa splendide mer de lanternes …

Encore ART-rimée aux songes de la nuit, mes yeux ce matin restent accrochés à une gerbe …
De Titiana, Ondine, Maeve, et tant d’autres fées envoûtantes, laquelle déroba dans son charriot de feu ou d’or ce bouquet aux couleurs de cendre ?

Elle entraînera avec elle au passage une marionnette aventurière, l’une de ses voisines d’en face !

Aubeterre hume bon les dimanches bouillonnants d’allégresse, d’un fumet inoubliable, véritable jus sacré perlant d’un arbre millénaire …
Nous quittons ses ruelles pour une fontaine, vers le petit village des Essards.
Bien plus perdus que la veille, sans les lumières d’une habitante nous ne la trouvions pas cette « fontaine de guérison » (et il en fut ainsi pour toute la balade !)
Un soldat y aurait été guéri …
Son modeste écrin d’eau a des reflets d’ART-GENS …
Tout y resplendit et reflète une force ardente, l’arbre, le ciel, les ondes bienfaisantes …

Notre instinct primal nous fait adopter un paysage façonné par le sarcasme des lutins, un rien misanthropes légitimes et radieux solitaires …

Nous venons d’apercevoir au loin un château gigantesque …
Je ne l’immortaliserai pas en image car c’est toi, arbre magnifique qui a su bercer mes sens, le Seigneur de ma contemplation !
Et je te baptiserai « L’arbre-Seigneur » aux mille rubis étincelants …
Si le temps m’avait accordé un peu plus de TANT, je me serais bien assise contre ta toison, pour y entendre toutes les fêtes d’antan …

C’est imprégnés du sang des arbres, encre à nulle autre pareille, que les astres sont devenus poètes !

Un visage nous trouble, et je pense en marchant
« Sculpter n’était-ce pas laisser glisser une âme entre ses mains, en alliance occulte, dans un mélange de prévenance habitée et de sublime désinvolture, faisant naître et grandir un foetus mi-cieux mi-terre … »

Un arbre meurtri me parle
« En me sacrifiant, l’homme m’a condamné à une vie de chien errant ! Loup nostalgique sur les hauteurs du monde, mon corps hurle encore sa survie mais, observe bien, je porte en oriflamme le vestige sacro-saint de mon COEUR … »

Des cascades végétales ruissellent sur les murs en psaumes insolites …
Entre leurs ondes suprêmes, j’ai inscrit en lettres douces et rondes les codes secrets de notre errance …

A un autre jour peut-être « Aube-terre » !
SAB-Lyse
Pour celles et ceux et qui n’auraient pu prendre ce TANT d’aller cheminer en Périgord pourpre, vers le ravissant petit village de Queyssac, c’est juste … quelques pas plus bas !