» la pensée vient en marchant » (Nietzche)
Je dédie cette citation à tous les dons de la vie et à toutes les rencontres qui, souvent, en émanent et font de notre chemin, jour après jour, un jardin aux sillons magiques !
J’ai entendu cette citation dans une salle de restaurant en Haute Loire où nous étions attablés, mes deux filles mon compagnon et moi-même, sûrement harassés par une randonnée une fois encore des plus « décapantes » ! Nous aimions tant cette contrée qu’à chaque fois que nous en foulions le sol, une seule idée nous hantait l’esprit : la parcourir de long en large, dans ses recoins les plus méconnus et refoulés, en amoureux follement épris !
Juste à côté de nous retentissaient, tel le plus féerique des échos, les voix de pèlerins, réunis autour d’une longue table. Ils semblaient regorger à la fois d’ivresse et d’une superbe plénitude. Tous s’exprimaient sans vergogne, d’une ardeur qui ne semblait jamais vouloir se rassasier ….
A plusieurs reprises, le mot « St Jacques » fut prononcé …Ces hommes l’avaient-ils donc rencontré ? Ou avaient-ils besoin, à ce moment précis, de simplement en parler, de simplement…l’imaginer ? Ma mémoire n’a pas retenu ces indices ni même le lieu exact de cette rencontre…
Je ne me souviens que du visage d’un homme, d’âge mûr, à la silhouette fine et au regard pétillant qui clama majestueusement ces mots …
« …Nietzche disait que la pensée vient en marchant… »
Il en était si magnifiquement convaincu et offrit ces mots comme une gigantesque brassée de fleurs !
Ils résonnèrent aussitôt en moi et eurent l’effet du plus beau tintement de cloches vibrant dans le silence …!
Et j’ai cueilli ces mots en hâte comme l’on ramasserait une fleur par crainte de la voir faner ailleurs que sous nos yeux, dans l’espoir secret de la maintenir à jamais indemne entre deux pages de notre coeur ……
Ces mots étaient désormais à moi…Du moins je les ferais miens ! Et, j’en étais le plus inconsciemment du monde déjà persuadée …ils me mèneraient loin, loin, loin ….!
Certes, « marcher » avait toujours été une seconde nature …
Nous avons commencé avec nos enfants à parcourir la Haute Loire (en Auvergne), berceau de mon fils aîné « Yoann » et région qui fut et demeure toujours.. »notre source enchantée » ! Puis nos pas nous ont amenés à vouloir découvrir les merveilles logeant à notre porte et avons ainsi traversé aux temps libres la Saintonge Romane, la Haute Saintonge, le Pays Royannais et le Vals de Saintonge..Et, au fil des émotions, des bonheurs partagés et des « rencontres » notre coeur a effleuré un projet mais nous sommes restés sur son seuil au départ, comme sur celui d’un paradis où l’on n’ose entrer ! Ce n’est que grâce à la force de certains sourires et la luminosité de certains regards que nous avons fini par y croire et ouvrir la porte !
Mais, les véritables « racines » de ce projet furent, sans nul doute, ce livre » Le Chemin oublié de Compostelle » de Philippe Lemonnier, offert par mon fils « Yoann » (aujourd’hui vivant dans les cieux) , quatre années avant notre départ. Ce livre possédait déjà à lui seul toute la force d’un arbre qui m’enserra, me nourrit, me porta …
En juillet 2007 nous sommes partis sur le Chemin de Compostelle avec notre fille cadette « Lola » (âgée de 10 ans et demi à l’époque), notre chienne labrador et nos bardas de camping (popote comprise) démesurément lourds, du PUY à FIGEAC. Puis avons poursuivi en avril 2008 jusqu’à CONDOM. Le chemin continua à nous mener en juillet 2008 jusqu’à BURGOS et en juillet 2009 jusqu’à Fisterra … Notre fille « Lola », surnommée partout « la chèvre », et la « cabrita » en Espagne, a tout arpenté avec nous ! A cet âge de l’existence, elle prit tout de plein fouet et à une dimension autre que nous, ce qui fit de ce chemin « le » cadeau de la vie, gravé dans sa chair et chacun de ses pas à venir ….
Depuis… d’autres sentiers, d’autres visages et d’autres mains n’ont cessé de nous appeler, faisant de notre coeur un voyageur toujours en partance …
Depuis aussi …nous avons la sensation , si douce si chaude presque irréelle, de vivre et d’Aimer
« à l’ineffable lueur du monde » !