Je me souviens …

 

C’était un de ces matins de juin

où l’inaccessible en nous

se sent en accord complice,

de connivence chaude, presque ombilicale,

avec tout ce qui ne cesse jamais de s’ouvrir,

où nos pas se sentent liés à l’air,

et notre fluide aux veines de la terre,

bédouine au coeur épars

sur nos déserts multiples …

 

Un matin qui attendait patiemment,

dans le ventre des faveurs intemporelles,

que ma plume poussât son cri !

Et je le fais s’envoler aujourd’hui,

tel un baiser soufflé

de mes lèvres

à l’orée de vos rêves

que j’espère

de nulle part appauvris !

 

 

 

 

Il y avait à aimer là, blotti dans le creux de ses maints, tout un monde en éveil …

 

Quelques communiantes en voile blanc,

chantant des prières

sur fond de hautbois …

 

 

 

 

un charivari d’émotions

en horde de belles,

le corps henné 

à la poudre de soleil … 

 

 

 

 

un champ de larmes

qu’une pauvre pie en sarrau ,

devenue voleuse digne,

emportera

à la sueur de son être

vers d’authentiques trémolos …

 

 

 

 

des rires dans la foule,

une ivresse tendre

et le foisonnement de son pain …

 

 

 

 

Au détour d’une main accueillante

où l’ineffable viendra

y poser délicatement le menton,

les chemins semblent mimer 

des palabres de rivière,

des gestes d’anges,

les secrets tus

d’éventails en fleurs

ou noblement dépouillés 

qui soulèveront nos ailes

 

 

 

 

La magie des chemins 

me fait affectivement penser

à la femme aux mille bras

en Afrique,

portant

nos insoupçonnables fardeaux,

allaitant

nos maigres ardeurs d’enfant,

puisant

l’oh nécessaire

dans les abysses de notre regard,

tressant

avec la vieille paille de nos nids

d’impossibles errances …

 

 

 

 

Et quand la pierre se penche vers l’arbre

pour lui offrir une caresse,

et qu’il y trouve douceur en sa joue

en dépit des apparences,

elle fait goûter au ciel 

tous les charmes inversés  

d’une poésie ô combien différente …

 

 

 

 

Non loin de mon arbre

aux yeux de chouette,

je crus voir la forme d’un renard

dans un reflet vert …

Serait-ce le point de rendez-vous

des âmes en quête de souvenirs ?

 

 

 

Nous le saurons, peut-être, un prochain matin de juin ….

 

 

 

Feu sacré ….

 

Au crépuscule,  un prodige dans l’air nous laisse un rituel fascinant à observer …

Avant de redevenir ce foetus d’une fulgurante beauté glissant langoureusement dans les entrailles du ciel, le soleil dévale les prés, réinventant des pas de danse et ré-accordant toutes les mélodies intérieures de l’ombre. Il entoure les troncs de ses bras amoureux, les arbres attendent toujours avec impatience ce bercement aérien …

Il fait voler des baisers fous vers le front des roseaux, mariant tous les vents aux oiseaux, et baigne son corps chatoyant dans les eaux,  les constellant de sa chair en océans brasillants et merveilleux, où le poète trouve un émail précieux pour les maints artisans de son imaginaire …

Tout cela se joue dans une relative indifférence des hommes, affairés à leur quotidien souvent illusoire, torturant quelque peu l’esprit rare et magistralement vivant de la terre qui pense alors « Etre un jour lune, étoile, rosée de l’aube ou ce soleil enchanteur, rien que pour le plaisir de se fondre puis renaître, n’en rêveront-ils donc jamais ? »

Et le soir vient se mêler avec émotion à l’incroyable inspiration de ce souffle dense …

Je me sens si petite tout à coup, un grain blanc serti dans un nuage, encore ignoré de l’horizon !

(Sabine/SAB-Lyse)

 

 

 

 

 

 

Sur le chemin des songes, je vous ai ramassé une jonquille …

 

 

 

Les beautés éphémères sont les messagères empressées de notre somnolence …

 

(Sabine/SAB-Lyse)

 

 

Les mains nues ….

 

J’ai voulu te lire cet humble poème, Lorraine, car je sais que de là-haut tes oreilles entendent toujours le chant de la terre …

Peut-être me répondras-tu car j’entends toujours, moi aussi, ta plume dévaler avec grâce ce mystérieux pays des mots !

Combien tes pages vont être belles à présent, avec le ciel en guise de parchemin, que de somptueux orages flamberont aux quatre coins …

Et le soir, lorsque j’apercevrai la lune briller en marque-page, je saurai que tu es toujours là !

 

A toujours, à bientôt …        Sabine.

 

 

 

Vous aurez le choix entre m’entendre légèrement en fond et laisser la musique du blog, ou profiter pleinement de ma voix en allant éteindre le lecteur sur la colonne de droite,  entre « Mes hamacs » et « Mes livres d’images » (Rien ne vous empêchera ensuite de venir lire ce poème en remettant la musique)

 

 

Les mains nues

 

J’aurais pu te cueillir une simple jonquille

dans le jardin blême de mes vers égarés,

à l’instant même

où le soleil lui offrait quelques rimes …

J’aurais pu choisir pour ma page

un parfum d’herbe sucré

où seraient venus s’enrouler les anges

en attendant que les étoiles, dans l’ombre, 

s’éprennent de bergers,

et t’inventer des jeux de maux 

en cascades d’or

et des brumes de mots

où se cacheraient

d’indicibles aurores …

Mais je n’ai rien su cueillir,

rien su déposer

et rien n’a pu jaillir d’autre

qu’un silence consentant,

un mouvement sobre

de mes bras vers ton coeur …

Tu ne veux, me confia le ciel,

ni grandes offrandes

ni longues lettres,  

juste un souffle d’amitié

puisé des rires de l’air …

Mon encrier s’est vidé 

à force de ratures,

et ma plume implore en secret

ton essence divine,

je me rappelle tant 

du moiré de ton écriture …

De tes mots qui contemplent

les doigts du vent entre les branches,

savent naître des flûtes d’eau,

des harpes et des orgues d’antan

capables d’enluminer de leurs sons

le triste aimant des barreaux,

les nuits noires des antres …

Je te vois sourire avec tendresse

devant mon insistance,

et même si je ne parvenais à rien

ou à d’infimes glanes,

me croire dans un néant

à ne rien pouvoir te déployer

serait oublier

que les déserts sont toujours porteurs

d’espérances nouvelles,

que ton talent d’être 

 a toujours volé

au dessus du réel,

 et que les racines de ton âme

n’ont pour s’abreuver

jamais eu besoin d’autre chose

que de pensées simplement profondes,

d’élans simplement sincères …

 

(Sabine)

 

A Lorraine, qui s’est envolée pour le pays des poètes ….

Le monde virtuel est en pleurs …

Vous pouvez retrouver cette grande dame   ICI 

                                                                                                                 

 

 

 

 

 

 

Chère Mamilouve !

 

Ma porte virtuelle reste ouverte afin que vous puissiez venir réchauffer votre peine à la châle-heure de mon âtre …

Je vous offre également ces quelques fleurs, baignées de soleil …

Toutes mes pensées les plus douces vont vers vous et votre famille …

 

 

***********

 

 

Un après-midi de vent dans les arbres …

 

 

 

 

Il y avait à entendre

entre les remous du feuillage

comme une complainte de la mer,

les ébats insanes de l’air

suspendu

à la grâce des cimes,

le cri étouffé d’un rapace

enchaîné dans son vol

à la splendeur des spectres …

Je vis écrit à la plume

trempée

dans une veine éclatée du vent

« Les hauts de la mort et du hurlesang »

Il y avait à voir

des labyrinthes de fils-amants

en fibre de l’un ou de soi,

qu’importe, ils tombaient bien …

Il me restait en rêve

quelques roses intrépides

à broder

sur le mantel noir de l’hiver …

Il y avait à sentir

infiniment

comme un fumet

d’Egypte ancienne,

des fragrances de malédiction,

un mélange de cinabre et d’encre …

Je saluai au passage le druide

qui piqua

d’un étrange rire ailé

l’or-ange âme-air

du jardin des sens …

On passait, fébrile, entre les ondes,

de la renaissance au chaos,

du blêmissement au flambeau …

Il y avait à dire

finalement

une foule de maux

que la langue des ombres fleurit

et assembla

dans le plus délicat

des herbes-riez d’enfant !

 

Sabine (ou SAB Lyse)

 

A l’hiver, à la vie, à la mort qui est VIE, à l’ivresse « oh-de-vie » !

 

 

 

Mes voeux pour l’univers …

 

 

 

 

Lettre d’une pèlerine à une fée …

 

Face à ton regard, étincelant de vérité, à l’émouvante simplicité de tes gestes, au sang clair de tes plaies, à la pureté de ta parole silencieuse, je n’ai pu tricher !

Au fil de mes pas, j’ai très vite compris que tu me donnais ton âme sans compter, et je devins parallèlement cette voleuse de rue à qui l’aumônier offre encore son couvert et une enfant ébahie, portée sur tes épaules, écoutant battre le coeur de la terre …

A chaque aube, je me sentis  renaître un peu plus, entrer en fusion avec cette sublime chair …

Et je n’ai plus désiré que marcher, marcher, enveloppée de ta chrysalide, emplie de promesses d’envol et belle à en pleurer !

 

                      

     A toi ,

              dont le lait nourrit encore tout enchantement,

              au nom léger comme l’herbe

                un rien candide et dépouillé,

              que le privilège d’être

                a conçu comme un susurrement 

                   à émettre et à chanter …

              Est-ce par  crainte de ta mort,

              pour ne rien perdre de toi,

             que  sans cesse les oiseaux te crient

                  ou te chérissent dans leurs psaumes 

            « Nature » 

          tant vénérée du verbe aimer !

                                                                                 

                                                           

                             (Sabine ou SAB-Lyse)

 

 

Puissions-nous tenter de la reconnaître un jour, de respecter cette fée d’un royaume humble et généreux, et, à travers son identité, nous rapprocher des êtres , quels que soient l’hymne de leur tribu et l’apparence de leurs oripeaux  …

Voici les voeux que je dépose, aux pieds d’un avenir troublé …

 

Un autre voeu, qui m’est cher, s’est mis à traverser ma mémoire, mais je préfère vous l’offrir dans une citation de mon cru :

« Garde ton coeur d’enfant, veiné de brindilles d’oh, il est ton nid suspendu, l’asile sûr tissé des MAINTS de l’émerveillement … » (Sabine ou SAB-Lyse)

 

 

Pour clore en harmonie, je tenais à partager avec vous ce proverbe africain que je viens de découvrir …

« Soyez comme la bouche et la main. Lorsque votre main vous fait mal, la bouche souffle dessus. Lorsque la bouche est blessée, la main caresse »

 

Epanouissante année à toutes et à tous !

 

 

***************

 

Pour toutes celles et ceux qui ne seraient pas encore venus flâner en Italie, je vous invite à « VIVRE réellement » ce voyage quelques pas plus bas, en plein coeur d’effluves inoubliables et de mon histoire aussi, un peu …Jusqu’à la rencontre, grandiose, avec un génie musical lors d’un concert donné au Teatro dal Verme.

 

 

Un jour de décembre au Teatro dal Verme …

 

 

Avant de vous emmener par les airs vers un pays résolument exalté et romantique, je tiens à remercier toutes celles et ceux qui ont contribué à m’offrir ce fabuleux séjour en Italie et à me faire vibrer en live avec la musique inégalable, fascinante, déchevelant les étoiles du ciel, de Ludovico Einaudi, lors d’un de ses concerts qui avait lieu à Milan le 14 décembre, au Teatro dal Verme.

C’est ce cadeau, cet instant purement fantasmagorique, que j’ai en effet choisi par le biais de vos délicates intentions déposées, directement ou indirectement, dans ma boîte à rêves.

Mes soixante printemps écloront d’extase à jamais à travers les fleurs uniques de ce sublime sentier emprunté …

Encore merci, magistralement merci …

 

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Merci également de demeurer indulgents avec la qualité photographique des images qui vont suivre, mon inséparable Lumix ne m’ayant pas accompagnée cette fois-ci, pour d’évidentes raisons pratiques …

Je n’ai emporté qu’un simple numérique de poche dont l’objectif n’a pu rattraper dans son excellence son confrère Leica !

Le récit, je l’espère, comblera ce manque …

 

*******

 

 

Il avait neigé sur la région quelques jours auparavant, le sol en avait conservé l’empreinte. Je la contemplais, nostalgique,  comme l’on découvre à travers bois la trace d’une louve que l’on aurait aimé voir, rencontrer …

 

 

 

 

 

Sept heures du matin, l’église de Malpensa a une voix magnifique ! 

Les cloches jouent une mélodie ressemblant à une sortie de mariage, sans doute  celui du matin avec l’hiver …

Nous avons peu dormi, le système de ventilation du chauffage avait le souffle d’un train fou dont on ne peut maîtriser les commandes, mais ce chant irréel rajustait tout, venait se poser sur nos oreilles avec la splendeur éthérée d’un miracle !

 

 

 

 

 

Nous ne pourrons prendre la navette de neuf heures, déjà bondée.  Le temps d’entrer dans la petite église, toute vêtue de fresques d’anges et de lueurs d’aquarelles, nous sera ainsi offert …

Les suspensions qui flottent par-dessus l’autel nous ramènent au grisant souvenir du botafumeiro  …

A un moment donné de ma méditation, un écho sourd se fit entendre, à la manière d’un gong magique. Je me trouvai soudainement projetée en plein coeur du roman de Victor Hugo « Notre Dame de Paris  » !

 

 

 

 

La navette nous déposera devant l’aéroport Terminal 1, d’où nous prendrons le bus pour un trajet d’une heure jusqu’au centre de Milan.

En chemin, les montagnes enneigées au loin ont les fossettes joyeuses du Frioul de mon enfance …

Je vous laisse les imaginer, noblement drapées de blanc, le bus allait trop vite pour me permettre de les cueillir en image !

 

C’est une « Italie à la sauvette » (pour reprendre précisément les termes de mon « infiniment téméraire » coéquipier de vie !) que je redécouvre, qu’il découvre pour sa part.

Deux jours, c’est très peu, un après-midi d’errance tout au plus, entre les multiples trajets à effectuer . J’avoue qu’il faut être un peu fou, voire déraisonnablement épris,  pour donner tant d’énergie dans le seul dessein de voir en personne Ludovico Einaudi poser ses mains de magicien sur son piano …

Mais que ne ferait-on pas par amour !

 

Les montagnes défilent encore, me replongeant à foison dans l’univers de mon enfance et d’une partie de mon adolescence, je savoure cette apnée délicieuse …

Me reviennent en mémoire  la vieille « nonna » dont la barbe piquait et sentait le foin, qui me donnait des pommes au four enroulées dans un pan de son tablier noir, les majestueux cyprès, combien leur senteur était entêtante sous le soleil, le vin chaud des soirées à la guitare …

Qu’il me sera toujours cher ce village que je parcourais en vélo, de long en large, mains absentes du guidon, bras flottants, une position qui me semblait alors être la plus confortable pour respirer sensuellement l’air, n’en perdre aucune particule de bonté !

Nous traversons de longues avenues, rares y sont les fenêtres sans balcon, véritable identité dans les pays méditerranéens.

 

Un taxi nous amène au London Hôtel sur un air d’opéra …

La rue a des accents de Puccini dans « Madama Butterfly », nous la laissons nous étreindre de sa volupté !

 

Viens, viens,  prends ma main !

 

 

 

« Al Cantinone », ce mot nous plaît, car il contient le mot « cantine » et sa devanture sent le terroir …

Chianti, polenta et euphorie seront au rendez-vous !

Paroles, gestes, échanges, ondulent dans l’air en flots passionnés, et je découvre, rassurée, que rien n’est bien loin des racines ancrées à l’humus de ce pays, qui sont la frénésie et le coeur !

Je retrouve en rêve mon grand oncle, d’après l’histoire qui me fut contée, jubilant d’impatience en débarquant sur le quai de gare avec sa brouette de ferraille qu’il baptisait la plus belle du siècle  …

Je le retrouve et me retrouve au coeur de ce pays où l’insensé a un visage des plus charmants, où  les émotions s’adonnent à l’un des plus étonnants feux d’artifice humain qu’il soit donné !

 

 

 

 

La rue est tout à la fois un orchestre, un théâtre, une foire aux personnages, du plus tendre au plus farfadet …

 

 

 

 

Il fait un froid sec qui saisit au vif, il a la nature de ses gens. On l’accueille comme un bienfait, l’écho d’un applaudissement, une écume fraîche sur nos pieds nus …

La rue regorge de pigeons presque autant que de passants …

Ces vagues de sons, ces voix, ces rires,  au coeur de l’hiver, ont un réel goût de marrons chauds !

 

 

 

 

Par endroit, la rue devient même … la plus précieuse des dentellières !

 

 Le Duomo, la troisième plus grande église du monde !

 

 

 

Je n’ai jamais autant heurté de bordures de trottoirs, autant évité des vélos de justesse, je n’ai jamais été autant dans les nuages !

Ici, à chaque pierre, on entend une source, un incantateur murmurer …

A chaque mèche végétale qui dégringole, on imagine un violon déchaîné …

 

 

 

 

Sur les ruines d’une citadelle, un duc construisit une forteresse au xv ème siècle, il s’appelait Francesco Sforza et donna d’ailleurs son nom au château …

Il en avait des rêves de chevaliers dans la tête !

Pour l’heure, les miens sont de grenat et d’ocre, parant des murets de verdure, entre soleils égyptiens et musique d’ailleurs …

 

Pour les yeux d’une sirène !

 

 

 

 

Il lui parle des jardins de naguère …

Elle lui offre, en guise d’éclat de rose, un furtif baiser dans le cou …

 

 

 

Depuis, le banc en est resté indubitablement poète !

 

 

 

 

 

En repartant, nous croisons un grand-père, il « nonno » entouré de ses petits-enfants …

Que leur conte-t-il ?

Des histoires d’oh et de fée-haie-rit …

 

 

 

On dirait qu’ils l’écoutent, sagement, puis s’endorment dans son giron …

 

 

 

 

Vers 17 heures, après avoir bien erré, nous décidons de faire une sieste d’une heure, mais je ne parviens pas à dormir, tout en moi palpitant de hâte et de fébrilité !

Nous sommes à trois minutes du Teatro dal Verme, ce grand moment tant attendu, son aura est trop proche …

Et j’écris, j’anticipe , ces mots en regardant la fenêtre  » Cette nuit, même si toutes les lumières devaient s’éteindre, la clarté du ciel parviendrait jusqu’à moi à travers mes rêves et le resplendissement de mes souvenirs de concert ! »

La lumière se maintenut  mais la nature de mes souvenirs n’en fut pas moins grandiose …

 

 

 

 

 

 

Il est un peu plus de 19 heures lorsque nous franchissons le seuil du teatro , étincelant sous son manteau bleu du soir …

On nous fait attendre un peu avant d’entrer dans la salle puis nos pas l’effleurent enfin.  Si, au cours du concert, deux morceaux m’ont fait couler de vraies larmes sur les joues, c’est sans doute le moment où je pénétrai dans la salle qui me causa le plus d’émotion, même si celle-ci demeura invisible !

 

 

 La salle ici représentée au tiers de son ampleur. Elle fut comble !

 

 

 

Il est venu s’asseoir telle une ombre, quasi évanouie dans le décor, dos au public.

Il était là, effacé mais prodigieusement vivant, à la façon d’un chef d’orchestre, levant la main à la fin de chaque interprétation, avec une élégance princière, faisant de chacune de ces fins un envol prestigieux par sa rareté, son impact laissé sur le silence …

Chaque morceau musical semble être une scène d’amour qu’il termine apaisé de son désir, d’une jouissance aérienne. Sa main levée devient alors plume d’ange, aile d’albatros, fleur d’Albizia !

Vous décrire ce concert m’est une tâche bien délicate, voire périlleuse dans la crainte de le dévaluer, les concerts d’Einaudi ne peuvent être retranscrits de quelque manière que ce soit, il faut tout naturellement, tout intimement les vivre …

Chaque instrument tour à tour se fond ou s’écartèle, est souffle d’eau ou tremblement de terre, orage ou perle de brume … 

Sûrement nés d’une histoire d’amour entre l’inattendu et le réel, on ne sait pas toujours d’où ces instruments proviennent !

Il y avait en effet ce soir-là un instrument qui ressemblait à une cage à oiseaux que le musicien frôlait à l’aide d’une baguette, insolite baiser …

Il y avait aussi, posés par terre, ces bols en porcelaine remplis d’eau et amplifiés par des hydrophones plongés à l’intérieur  …

Tomoko Sauvage est la musicienne des gouttes, des vagues et des bulles qu’elle fait résonner avec ses doigts sur l’eau, tout un monde expérimental et d’intonations mystiques. Parfois, il lui suffisait de suivre le pourtour d’un  bol, toujours avec le doigt, pour créer une divine alchimie.

Hors norme fut encore le frisson qui jaillit des mains du violoncelliste, lorsqu’il ne fit rien d’autre que caresser ses cordes, laissant simplement glisser ses mains de haut en bas …

Et le spectacle, en arrière plan, sur l’écran, fut de la même veine artistique et émotionnelle !

 

Il émane une sorte d’allégeance dans la manière qu’a Ludovico Einaudi de saluer son public ;  il se courbe en serviteur, penchant humblement la tête, comme entièrement fidèle, obéissant à l’âme de sa musique, dont il se veut n’être que l’infime élément, l’ébauche, la silhouette ….

 

 

 

 

Nous n’avons fait que deviner ses mains sur le piano, mais les notes qui s’en échappèrent eurent l’effet du Zéphir sur notre peau …

Et puis les premières fois, car c’était bien la toute première fois que nous assistions à un concert d’Einaudi, laissent toujours un goût d’inoubliable !

 

Ludovico Einaudi est, à mon sens, et je ne dois pas être la seule à le ressentir ainsi,  un génie. Ses musiciens sont des génies …

Cette musique est un véritable joyau de l’univers !!!

 

Et afin que vous puissiez continuer à rester enveloppés dans la magie de ce voyage, je vous offre un lien  ICI 

(il s’agit de l’un de mes concerts préférés, proposés par You Tube).

Ayant pour habitude de changer de musique à chaque nouveau billet, je vous mets également le lien du concert, complètement magnifique, qui passe actuellement sur mon lecteur de blog , c’est ICI

Je n’ai trouvé nulle part un quelconque enregistrement du concert auquel nous avons assisté, désolée !

 

 

Nous avons quitté Milan, légèrement enrobée de brume, pour aller prendre le train jusqu’à l’aéroport Terminal 2 …

Mon coéquipier de vie, qui m’a suivie dans cette aventure, n’en aura emporté que des pleins sacs de rêve, d’enchantement et de plaisir …

Et, bien sûr, je partage ample-aimant ses sensations !

 

 

 

 

Et comme, très souvent, le voyage garde en mémoire nos attentes, pour nous les servir sur un plateau sans crier gare …

Contemplez ce qui suit, à l’arrière des nuages  :  la montagne !

 

 

 

 

Merveilleux Noël à toutes et à tous,

dans l’infime joie des choses et la fraternité !

 

Sans oublier ceci …

 »  de croire toujours éperdument en vos rêves !!!  « 

 

 

 

Mon baiser à la Massonne …

 

Il est des lieux qui, à peine gravis, vous prennent par la main aussitôt …

Et ce fut le cas pour la Massonne, réserve d’exception s’étendant sur une centaine d’hectares de rêve, qui fêtait à la mi-octobre ses vingt ans de « splendeur naturelle » !

 

 

 

 

 

Je commence par emprunter timidement ce long chemin autour du logis, entre bois, prairies humides et landes sauvages, non encore complice avec l’instant, ne respirant pas encore dans son poumon …

Je suis seule avec le paysage, il manque mon fidèle coéquipier, malade aujourd’hui, sans qui tout partage ne semble pas être pleinement vécu.

Le houx et la bruyère me rassurent …

Les noisettes parsèment la terre, innombrables chapelets sur les prières alanguies de l’automne. Chaque craquement sous mes pas me laisse imaginer le frisson de l’écureuil et je souhaiterais être un oiseau pour simplement pouvoir tout survoler en douceur, me poser sans être vu ….

J’ai de plus en plus l’impression de traverser des secrets d’écorce où les herbes ne sont plus que des fissures à l’intérieur desquelles des confidences se cachent. Or, très vite, l’air apprivoise ma retenue et les arbres m’enlèvent pour m’emmener au coeur de divines escales …

Ils m’invitent à valser avec le silence, me serrant un peu fort contre l’embryon de leur épouvante, contre mon ventre je le sens déjà bouger …

Je recueille quelques sanglots, partage quelques vérités …

L’émotion est aussi intense que fugace, on la prend sans besoin de méditer, comme une giclée d’absinthe, un rire de cascade.  Tout ici est à naître et change probablement chaque jour !

 

 

 

 

 

Les branches et les troncs sinueux, bras avides de la tendresse des ans, m’entourent de leur mouvance, de leur chair aux effluves d’enfance …

C’est une danse étouffée, sensible à l’extrême, qui s’offre à tous les préludes du monde !

 

 

 

 

 

Des artistes ont laissé leurs empreintes, ça et là , se faisant mages ou farfadets …

 

 

 

 

 

Ame de corps-serre

Pas trouvé ton trésor

Juste entrevu

Quelques fleurs du mal

Collées au mât

 D’un étrange bateau ivre …

 

 

 

 

 

Je m’avance, sans le savoir, vers ….l’antre aux amoureux !

 

 

 

 

 

J’arrive à découvert et s’ouvre devant moi un exquis paysage d’eau, ressemblant légèrement à un rêve tibétain …

Mes yeux dessinent un cormoran sur un piquet, une femme s’approche vers moi, une fleur de lotus à la main, la grâce de son sourire me transporte …

L’écho me renvoie le souffle du primevère …

Je ne suis plus là et vogue en zhucao …

Je m’agenouille le soir venu dans le temple de la brume, vénérant l’humble éclat des choses …

Ce paysage me libère de la superbe emprise des arbres , du moins je le croyais, avant d’être aspirée par la grandeur du ciel …

Tout ici nous immerge dans les mystères de l’infini !

 

 

 

 

 

Tout près, des hommes pensent …

Ce qui s’en évapore est à ce point vivant que je me dirige instinctivement vers le sable sur la pointe des pieds …

 

 

 

 

 

Je connais ton nom mais préfère t’appeler la « Fleur papillon » …

 

 

 

 

 

Je ressens viscéralement une présence dans les airs, comme une entité magicienne …

A chaque fois, en effet, qu’un recoin me parle et que je m’apprête à l’immortaliser en image, un splendide rayon de soleil apparaît !

Ce lieu est vraiment extraordinaire …

Il y existe une sorte de télépathie, entre lui et tout être imprégné de sa poésie …

 

 

 

 

 

Le feuillage me berce et j’entends le chant de la mer !

Et ce vent, quel talent, a la fougue de Karayan, il entraîne Debussy vers des berges bien plus inconnues et bien plus belles encore …

Sous mes pieds, le sol se fait de plus en plus velours …

Je voulais être un oiseau tout à l’heure, mon voeu est exaucé …je vole !

Je finis par entendre le glissement de mes pas sur l’herbe, le froissement de mes vêtements, ils me massent, me caressent le sang à la manière d’une algue …

J’ai déjà connu tant de fois cet état de bien-être unique, sur les dernières étapes de mes divers chemins de Compostelle lorsque, dans les dortoirs bondés, le simple bruissement d’un sac plastique suffisait à me faire plonger avec succulence dans le sommeil …

 

 

 

 

 

Un peu plus loin, quelle rencontre !

Sans toutefois l’apercevoir ou la connaître, je me dis que nous sommes au moins deux à avoir été envoûtés par les vagues  …

 

 

 

Un bateau pour naviguer, mais où ? Et puis a-t-il réellement envie de partir, les yeux éperdument noyés dans la bruyère  que je découvre, en nappe désinvolte,  à mes pieds …

 

 

 

 

 

Une tribu peuplerait donc la forêt ?

Des elfes peut-être, ou encore un …fou du bois !

« Il était un fou du bois

qui vivait l’âme sereine

près d’un logis d’autrefois

pour l’amour d’une graine … »

 

 

 

 

 

Arbre blessé

que la foi a pansé

sait

que l’ombre est nécessaire

pour bien enlacer la lumière …

 

 

 

 

 

Je te vois « arbre-mère »

Tes petits jouent dans tes cheveux,

se tressent,

glissent sur ta sève,

se rient du vent,

et tètent contre ton sein

le printemps éternel …

 

 

 

 

 

Ici le vent laisse infiniment de son coeur

à qui le suit, l’écoute,

sans lui faire peur …

 

 

 

 

 

Gens de boue, je vous regarde, portant sur vous les rides de la terre, je voyage dans votre histoire …

Et, comme si  je ne devais pas aller trop loin, le vent vous emporte à chaque fois au-delà de mon regard …

 

 

 

A cet instant, j’eus envie de pleurer   …

Ce fut fort,  intimement fort !

 

 

 

 

 

De retour, aux abords du logis, je repère, près des hortensias, une petite fenêtre que quelques fileuses de génie ont ornée de dentelles …

Sans doute une façon de nous dire « Ici sommeille la mélancolie en habit d’or-Gandhi » …

J’avais gardé la salle d’exposition pour la fin, comme on garde dans la poche une précieuse friandise  ou un caillou sacré !

Depuis deux semaines, une quinzaine d’artistes, écrivains, peintres, plasticiens, architectes, musiciens, sculpteurs, font résonner la Massonne de leur voix  …

En franchissant son seuil,  je ressens toute cette énergie humaine imprégnant encore les murs , bien que la salle soit relativement déserte en cette fin d’après-midi là.

Seuls deux artistes occupent les lieux, qui m’accueillent chaleureusement, dont « Jean-Michel Bénier » que je reconnais sans peine.

Jean-Michel est peintre, écrivain et propriétaire de cet endroit magique.

Artiste voyageur, il peint et écrit les montagnes, les océans …et tous les chants intérieurs qui émeuvent le vent !

 

 

 

Jean-Michel, je te présente « Noé », chat devenu également « veilleur de vent » !

 

 

 

 

J’étais venue fatiguée, sans désir ni pressentiment particuliers, et ce lieu me saisit toute entière, m’enveloppant dans le fruit d’or-haie de son âme …

 

 

 

En toute âme-hissée …

 

 

 

Tout présent offert est encore plus beau lorsqu’en le contemplant il perpétue la lignée de nos rêves d’enfant …

 

(Sabine)

 

A François et Marie

 

 

______________

 

 

« Gentils voleurs de reflets » qui ne seraient pas encore allés à la rencontre de mon « Pêcheur d’images », je vous invite à prolonger votre flânerie quelques pas plus bas, vers lui …

Car, quelque part, il vous ressemble !

La vidéo musicale que j’y évoque, superbe, de Ludovico Einaudi, vous pourrez la retrouver  ICI    et même la laisser en fond sur ma voix ….

 

 

 

Pêcheur d’images …

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malgré une extinction de voix, je tenais à vous offrir ce petit enregistrement vocal. Afin d’éviter toute cacophonie, je vous invite à aller éteindre le lecteur du blog sur la colonne de droite à l’onglet « Caresses musicales ». Enfin, pour continuer à vous abreuver de mes jeux de mots, je vous propose d’écouter en lisant ….

 

 

Amarreur d’étoiles

au fer des mélancolies,

sous le hang-art de tes paupières

en bois de ETRE

naissent

des caresses d’anges

sur l’ivoire du ciel,

des océans de pétales,

des jungles d’ailes,

des jabots de brume

que soulèvent

des rumbas de pluie,

l’air et ses tambours …

Tes visions sont des arpèges

qui marient des histoires d’amour …

Sous les ramures de tes cils

refleurissent

les mots en lie de vain

tombés au fond du pressoir …

Ils chantent, je les murmure souvent,

la tendre chouannerie des poètes.

A l’orée des instincts

un silence animé savoure

ce mélange de grenades et de fraises

sur les lèvres du vent,

bouche bée rouge qui enchante

le grand verger des rêves

où la lumière vient boire,

célébrant les fruits du hasard …

Et les aveugles voient

ce qu’ils n’écoutaient plus

« le souffle de la vie »

et les marcheurs s’émerveillent

de ce qu’ils sont devenus

« enfants de l’infini »

 

Sabine

 

 

Autre invitation, autre image : une fois votre flânerie terminée, je vous convie à aller rallumer le lecteur du blog … Un voyage exceptionnel vous y attend, en « son » et surtout « image » par le biais de la vidéo « superbe » !

Et je tenais également à vous faire partager, pour l’heure,  un dernier bonheur : la cagnotte récoltée pour mes soixante printemps me permet de réaliser un voeu, celui d’aller voir en concert ce phénoménal  « Ludovico Einaudi », présent à chacun de mes souffles d’inspiration.  Ce sera en décembre et à Milan !  

Je me réserve l’intense plaisir de vous en reparler …

 

 

 

 

Home-âge …(Lettre à un ancêtre et son petit )

 

Du préau, je vis resplendir une montagne étoilée de naines rouges …

Mes pas, secoués à la fois par mon impatience et leur fragilité de l’instant, cahotèrent vers elle, à la rencontre d’un spectacle des plus attendrissants !

 

Oh, mon beau, mon sublime vieillard, où as-tu trouvé la force, le génie, de faire pousser sur tes ailes autant de fruits, me suis-je dit en te contemplant, émue !

 

Une romance passa …

« J’aimerais toujours le tant des cerises … »

Ah ce fringant bonheur

de laisser venir le corbeau,

pour le simple plaisir

d’entendre ensuite

la révolte douce

de son chant d’amour,

en quittant ta demeure !

Goethe disait « Ce sont les enfants et les oiseaux qu’il faut interroger sur le goût des cerises et des fraises … »

 

Si rarissimes furent les instants où je suis venue t’enserrer de mes bras,  par crainte d’étouffer l’orbe de violettes sacrées qui respire à tes pieds …

Mais hier, je le fis, pour te remercier, ma joue contre ton coeur, mon ventre contre le tien !

 

Il me semblait lire sur ton visage ces mots :

« J’ai atteint l’apogée des possibles,  afin de vous offrir le meilleur de moi-même,  faisant perler sur mon front toutes les sueurs des saisons … »

 

Et tes racines se sont mises à filer dans mes veines !

 

 

 

 

 

Quelques jours plus tard,

du préau je vis

une paroi de la montagne joncher le sol …

 

Une hache invisible était venue te fendre en deux !

Et te voici, le temps d’un cri, épluché à demi de ta substance …

Que t’aura-t-elle laissé ? Le yin ou bien le yang, l’ombreux grimoire ou le conte merveilleux ?

 

J’entends, moi, ton rire sous chaque fruit,

et sur tes lèvres

la fulgurance de ton sourire

ressemble, en personne, au soleil momifié !

 

 

 

 

 

Le végétal et l’animal sont  liés par un pacte du coeur …

Et notre « Cannelle » pleure,

comme elle a toujours pleuré la dépouille des arbres !

 

 

 

 

 

Saurons-nous te soigner ?

Où trouver cette béquille invincible qui portera ton âge, les colères du vent et nos défaillances aussi ?

La poignée de cendres de notre ange, déposée au couchant, désormais n’aura plus d’abri !

 

Hôtes éperdus,

nous venions sous ton feuillage

manger la chair de ta sagesse

et boire tes ivresses,

le vin doux

de tous les extrêmes du jour …

Dans le chamois de ton écorce,

tu as enveloppé nos maux,

et nous puisions toutes les réponses

dans l’arôme de ton souffle …

 

Mais l’espoir d’un renouveau enterre toute amertume …

Tout vit encore,  j’en suis sûre, sur ta rambarde frêle,

les mains du printemps me l’ont dit !

Par toi et avec toi,

nous continuerons à fêter l’hanami,

et ta fleur parfumera encore 

le thé de mes vallées imaginaires

à chacun de tes mariages avec le ciel ….

Car un autre petit être,

à tes côtés,

est venu naître,

généreuse magie du destin !

 

 

 

 

 

Lointain petit-fils 

d’une lignée infinie, 

si le temps sait écouter ta complainte d’enfant,

et il l’écoutera,

tu pourras venir entourer de ton talent

 l’épaule de ton ancêtre,

digne mais meurtrie …

En elle alors

tu hériteras,

confiant et grandi,

de l’âme prestigieuse des samouraïs !

 

(Sabine)

A notre arbre à paroles !