Parfum de chaumière

 

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Il crépite encore dans notre cheminée, ce joli bout de bois, vêtu de neige
et de champignons …

Je vous invite à venir caresser nos flammes de vos mains,  elles
seront mes bouquets d’étoiles au coeur de ce froid sibérien !

 

 

J’installe quelques coussins autour pour vous y voir assis en rond, feuilletant
rêveusement le livre d’images que j’ai choisi aujourd’hui afin de poursuivre notre beau voyage au « pays de l’argentique » …

 

Et je sens peu à peu régner une ambiance d’apothicaire, mêlée de mille plantes sauvages
et de souvenirs d’enfance : les livres de géographie où j’entendais couler les eaux du « Mont Gerbier de Jonc », simplement par la magie que ce doux nom faisait évoquer en moi !

 

 

Je vous emmène là
où vivent sourciers et effileurs de chanvre

 

Et, peut-être qu’entre sourciers et sorciers, ne diffère que la cuvette d’un « U » où
baigne
 incontestablement le mystère
!

 

 

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Partis avec le chant de l’aurore et parfaitement sourds aux maintes recommandations concernant ce pays vigoureux, à l’humeur des plus changeantes,

 nos bâtons
en vacillaient d’excitation à l’idée d’aller découvrir les hameaux, parfois antiques, entourant le village de St Martial, au pied du Mont Gerbier de Jonc, en Haute Ardèche.


C’est en le parcourant que nous avons compris qu’il fallait y être doté de la virtuosité
de la chèvre et de la constance de la roche pour le traverser …

 

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Mais voyez plutôt ,

notre engouement était justifié !

 

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Et, le plus soudainement du monde (on nous avait prévenus !), un orage foudroyant éclata

le paysage avait déjà revêtu les couleurs de la colère !

 

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Nous avons juste eu le temps de courir vers une ferme dont on apercevait au loin
l’échafaudage.

La porte d’entrée était ouverte, deux marches descendaient vers l’unique pièce voûtée,
ressemblant à s’y méprendre à une grotte, une caverne préhistorique !

On y voyait à peine, une ou deux loupiotes de faible éclairage donnaient à cet endroit
un aspect encore plus étrange …

Sur la table, on y avait mangé, bu, et tout était resté tel quel, comme si une
catastrophe avait poussé les gens au dehors…

Devant l’entrée, une poignée de chatons était étendue sur le sol …

Parmi eux, l’un, mort, était entrain de se faire dévorer par son voisin, un superbe
chaton noir, le seul de la portée à endosser ce pelage d’ailleurs.

Etait-ce la pluie qui commençait à s’infiltrer dans nos os ou la tragédie de ce
spectacle qui nous faisait frissonner, je ne sais, ou peut-être simultanément la voix d’un homme à proximité de nous , disant ceci :

« Ah ! les voilà ! »

Nous avions beau observer tout autour, nulle silhouette ne se dessinait dans nos parages

Dans quel piège étions-nous tombés ?

Les secondes à attendre de voir apparaître un individu face à nous parurent
interminables …

Et ce furent deux hommes, deux paysans, qui arrivèrent vers nous, surgis d’on ne sait
où.

Très intrigués, ils s’empressèrent de nous demander la raison de notre visite, qui était
cependant bien évidente, et ils refusèrent de nous abriter, prétextant l’instabilité de leur échafaudage !

 

Nous ne nous sommes pas fait prier, et avons vite regagné un hangar agricole,
 placé juste en contrebas de la route.

Tous les quatre assis sur une barre d’attelage, entre une charrue et une herse, nous
regardions la pluie baigner le paysage …

Nous avions terriblement faim, froid , et, ajoutant un brin de piquant à notre
mésaventure, nous avions oublié le seul remontant capable de faire affronter à Lola, la plus jeune de nos filles, les pires des situations, j’ai nommé « le biscuit au chocolat »
!

Il manquait déplorablement au contenu de la musette !

Il n’était pas loin de midi, des amis nous attendaient pour le déjeuner, ils ne le
partageront avec nous qu’à l’heure du goûter…

Aussi, lorsque du haut de notre siège métallique, nous vîmes passer un homme, dans un
silence glacial, accompagné de son chien à l’oeil crevé,  l’affublant d’un regard de sorcier, ce fut la goutte d’eau qui fit déverser les larmes de Lola …

Quelle histoire !!!!

Et elle n’aime toujours pas l’entendre aujourd’hui …

 

 

Mais …Que la terre est belle après la pluie !

Et, de cela …nos enfants ne peuvent que s’en souvenir !


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Cette histoire a, en tout cas, infiniment amusé nos amis, quelque peu habitués à nos extravagances

 

Ces amis, je les connais depuis près de trente ans, et c‘est en pensant à eux que je vous parlais, tout à l’heure, de sourciers et d’effileurs de chanvre

Le fils, Pierre, sensiblement de notre génération, est un charpentier de
génie mais il est aussi sourcier.

Et c’est grâce à lui que Patrick s’est découvert le même
don.

Ses parents, quant à eux, flairent bon l’authentique également

Le père, passionné des techniques ancestrales, a appris à couvrir les
toits de chaume et de genêt, et la mère, dont je ne me souviens pas avoir vu les cheveux autrement que tout blancs, était institutrice dans les villages reculés de montagne


Je suis heureuse de leur consacrer un peu de tendresse sur cette page,
car…

 

Derrière chaque image ou paysage de notre vie,

respirent toujours des êtres qui nous sont chers !

 


40 réflexions sur « Parfum de chaumière »

  1. Bonsoir Sabine

    Brrrr,elle fait froid dans le dos ton histoire,je comprends ta fille!!!On a vraiment l’impression d’être dans un autre temps…et puis ce chaton qui mange son congénère mort…..Mais les photos
    sont magnifiques!!!!Bonne soirée a toi(au fait,comment va ton petit Loulou?)Gros bisous.Aimée

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  2. Ce sont de beaux souvenirs que tu as toi aussi, des souvenirs comme on aime à en lire.

    le feu crépite dans la cheminée, mon mari fait toutes les corvées le matin car après avec le froid et la neige c’est plus difficile.

    je suis une vraie faignante, je n’ai pas bougé de mon fauteuil de l’après midi

    bisosu et bonne soirée au chaud

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  3. Belle histoire , chère Sabine , d’un monde qui me semble hélas révolu , où la confiance régnait , où l’on pouvait partir se promener sans se poser trop de questions …

    Merci pour ce récit !

    Je t’embrasse bien fort . Passe une bonne semaine .

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  4. Quelle conteuse formidable tu es, j’adore, je ne sais jamais si c’est du vécu, du vrai, du pas vrai de l’à boire ou du manger, toutes ces expressions ne sont pas très jolies en
    rapport avec ton incontestable magnifique billet, des photos qui semblent vraies et pas … c’est mon modeste point de vue à moi mais sache que je te remercie du fond du coeur et que je viendrais
    bien au coins du feu chez toi t’écouter… je t’embrasse Sabine et encore merci à demain ! !

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  5. Bonsoir Sabine,

    Quelle belle histoire que celle-là, il en est ainsi de certains souvenirs gravés à jamais dans notre mémoire, où se mêlent toutes les sensations ressenties à ce moment-là, avec une grande
    intensité.

    Ce pays ardéchois est un pays rude où les hommes ne sont pas enclins à s’apitoyer, trop occupés à survivre, comme ici dans certains coins des Pyrénées.

    L’architecture a ce côté sévère et solide également. Et puis c’est un pays de huguenots non ?

    Je me souviens de ce film « ardéchois, coeur fidèle », sur le compagnonnage, et toi, t’en souviens-tu ? il m’avait marquée.

    Ces vieux métiers que tu évoques, il n’y en a plus guère, pourtant ils étaient bien utiles.

    Bisous, chère Sabine, et bonne soirée.

    Je viendrais bien te rejoindre avec plaisir, au coin du feu, pour que tu me racontes encore !

     

     

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  6. J’ai pris un petit coussin et je me suis installée pour écouter le feu crépiter et ta douce voix me conter ce temps tellement proche de celui que j’ai vécu …

    Merci Sabine pour cette parenthèse de sensations que seule la naturre profonde peut nous procurer .

    Bisous, Plume .

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  7. que puis-je dire de plus après tes mots…si une chose, je suis heureuse de les partager avec toi…mille mercis pour cette belle histoire d’amour qu’est celle de notre terre..je te souhaite une
    agréable soirée auprèsdu feu…gros bisous..Mamoune

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  8. Les belles photos du Mezenc et sa campagne cotoient une histoire un peu glacial car les hommes là bas sont parfois un peu rustre.

    Je sais que ce n’est pas loin de l’auberge de Peyrbeille..hihi

    Je vous imagine assis …Oh lalla!!!

    Belle soirée et bisous

     

    EvaJoe

     

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  9. Bonsoir ma douce Sabine

    Quelle aventure !
    Tes photos ,on croirait des toiles tant elles sont belles

    Je me suis absentée toute la journée, d’où
    mon passage tardif

    Je te souhaite ma puce une excellente
    nuit

    Gros bisous

    Méline

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  10. Une bien jolie histoire , délicieusement racontée , j’aime tes photos elles me rappellent certains paysages

    J’ai d’après un sourcier qui cherchait l’eau dans le jardin de mon père , ce don de la trouver , c’est lui qui me la dit et c’est vrai qu’une baguette de coudrier  a la faculté de se tordre
    entre mes mains dès qu’il y a soit disant de l’eau, mais je n’ai pas développer ce don-là

    Malgré ce froid ,SABINE passe une douce journée

    Bisous

    timilo

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  11. C’est avec un grand plaisir que j’ai lu cette belle page de tes carnets de voyages. Ces rencontres inattendues laissent de bons souvenirs chauds et colorés. Tes photos sont superbes. Gros bisous.
    Alain

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  12. J’aime ta très belle citation et j’ai eu plaisir à t’écouter assise auprès de ta cheminée. Tu parles avec ton coeur, tu parles  » vrai « . La vie, ce sont aussi parfois ces rencontres déroutantes.
    mais tu as l’art d’y mettre toujours un rayon de soleil. Merci pour ce partage. Je t’embrasse fort.

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  13. j’aime le mystère et me plais à croire que chaque être possède en lui « le » don… Encore faut-il le laisser éclore. Comment vas-tu ma sabine. Ici en Bretagne il fait encore assez bon, 7 degrés.
    ce matin une belle balade et pour terminer je viens la terminer près de ta cheminée.

    Je t’embrasse mon amie.

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  14. Superbe et touchante histoire… On passe de la beauté des mots à celle des images, tout en n’étant pas épargnés de détails dignes de contes et récits à faire frémir dans les chaumières…
    Brrr… je comprends Lola et les larmes de frayeur qu’elle a pu verser. Merci pour ce merveilleux récit Sabine. Qu’il est bon de se souvenir … et tout autant de pouvoir partager. Nos vies sont
    des successions d’instants, dont la rétine s’est imprégnée et parfois la pellicule d’un vieux 24×36 mais tu as raison de dire qu’au-delà de l’image, continueront à jamais d’exister des êtres qui
    nous sont chers et cette imprégnation-là, elle s’est faite dans le coeur, dans l’âme et dans chacune des cellules de notre corps. Belle et douce soirée à toi. Je m’éclipse telle une passagère
    venue te rendre une amicale visite et je te dis à bientôt. Marie

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  15. Chère Sabine

    c’est avec plaisir que je me suis installée sur ton petit coussin pour me rechauffer aux feux de tes confidences et j’avoue que le charme de la promenade en ta compagnie m’a fait du bien et m’a
    réchauffée.

    Tu as raison derrière chaque mot et derrière chaque image se cache un visage

    et toutes ces chaumières ont un coeur qui sait te parler de ceux qui les habitent,

    c’est le mystère du regard et du coeur qui entend .

    gros bisous et remet une bûche , ce soir il fera froid mais pas dans ta chaumière qui abrite un bonheur simple et tranquille qui brille comme une lampe dans la nuit.

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  16. Bonjour Sabine,

    Tu sais l’Ardèche regorge de contes et légendes et parfois au détour d’un sentier perdu au milieu d’un bois, des choses bizarres arrivent, surtout pour ceux qui ne connaissent pas les traditions,
    les mots magiques que vous auriez du prononcer avant de franchir le seuil de cette antre !!!!!!

    Bisous…… écéa

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  17. Au moins, aujourd’hui je les vois tes photos, Sabine ! Il eut été dommage de rater la première entre-autres ! Originale…

    Quelle épopée, dis-donc… Mais le jeu en valait en chandelle.

    Belle pensée, aussi, pour ces personnes qui semblent t’avoir apporté beaucoup. Les sourciers m’ont toujours intriguée.

    Merci pour ce très beau partage.

    Bonne journée et gros bisous,

    Cathy.

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  18. OUI ,oui…Sabine je comprends mieux ton insistance à m’attirer vers ta chaumière et ses étranges rencontres ,il te manquait une Magicienne aux trois Corvidés avec toutes ses bagues
    et ses pendules et sa baguette à attirer…( je ne dirais pas qouoi ,ni en quoi elle est faite ,na  ,c’est un
    secret ).

    Les sourciers se servent du bois de coudrier ,et tu sais ,ma grand-mère avait le don d’arrêter les incendies . Distraite , elle l’oubliait ,mais quand l’eau manquait ,on venait la
    chercher et les flammes ne s’étendaient plus …elle sauvait au moins la moitié du toit ! ).

    Elles sont belles tes photos et tes aventures aussi . J’espère ne point te faire peur …Les choses
    fantastiques font un peu peur ,parce qu’elles dépassent . Les yeux perçants qui voient par-delà sont un peu inquiétants …J’ai croisé un homme un jour en pleine ville ,il m’a arrêtée et m’a dit
    sous quel signe j’étais née ,c’était sidérant ,il m’a jaugé longuement ,puis il m’a dit : tu es comme moi ,tu sais ce que je veux dire …etc .Il est partit après s’être incliné respectueusement
    . Quels yeux il avait ! !!

                                                                                         
    Je ne sais pas faire fondre la neige ,c’est dommage

                                                                             
    Je t’embrasse ….

                                                                                              
    Triple H

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  19. Coucou Sabine!

    Ma visite d’amitié depuis mon bureau, rapide mais avec le coeur, car ce n’est pas encore la grande forme.

    Voilà un beau mystère démystérisé

    Gros bisous et mon amitié

    Rose

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  20. Mystérieusement bien contée ton histoire, je viendrais bien m’assoir sur un coussin pour en écouter d’autres. Du coup cela me fait penser qu’il faut que je remette une bûche dans ma cheminée.
    Gros bisous Sabine et à bientôt

    Roger

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  21.   Ca c’est en Pérogord, du cîoté des Eyzies !!

    Merci, Sabine, de ce superbe voyage, qu’un peu plus j’allais manquer – car figure-toi que j’ai retrouvé ton avis de publication au milieu de mes spams ! Heureusement que je regarde de temps en
    temps… Bisous !

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  22. Je me suis assise avec plaisir au coin de ton feu pour écouter ton récit, que j’ai beaucoup aimé ! Effectivement une telle aventure peut paraitre effrayante, surtout pour un enfant plus
    impressionnable qu’un adulte ! La scène, auréolée par l’orage qui gronde, devait être assez … surréaliste ! Les paysans sont parfois bourrus … Ils sont à l’image de ces paysages, bourrus mais
    superbes. Je pense que, comme ta fille, j’aurais été impressionnée lol !! Sourciers … sorciers … les mystères de la campagne … gros bisous, je te laisse au coin de ton chaleureux feu de
    bois et m’en vais sur la pointe des pieds …

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