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Au seuil de ma demeure ..

Qui que tu sois, enfant du hasard ou passant inspiré, tu es le bienvenu sur ce blog. Le voyage, le « vrai » (tant de chemins me l’ont murmuré) se nourrit de l’amour et l’écoute que tu portes en toi … Ils sont, de l’univers, le pain sacré !

Ecouter un oiseau

Sourire à un inconnu

C’est déjà partir

C’est forcément aimer …

MERCI d’être venu jusqu’ici !

Sabine/SAB-Lyse

Lyre-land …

Le vrai voyage ne commence-t-il pas toujours par un chant … Qu’il soit sonore ou silencieux !

Pour entendre mon chant (réalisé à notre retour), pense à éteindre la musique du blog sur la colonne de droite, à la rubrique « Caresses Musicales » …

Je l’ai porté sur mon dos comme on porte un enfant, bel et pur alliage d’insouciance et d’essentiel …

Tu devais être là, Nao mon tambour, comme l’étoile est au ciel et le caillou à la terre ….

MERCI !

Je t’invite à présent à revenir sur la colonne de droite pour y écouter la musique de cet espace, si prenante, si profonde, celle composée par Armand Amar pour le film « Human » de Yann Arthus-Bertrand…

Elle s’harmonise si bien avec l’Irlande !

Neuf septembre 2023, fin de matinée … Futile détail !

Dans l’infime infini, le temps n’existe pas ; il ne germe que dans nos peurs, sans donner le moindre fruit, la moindre fleur …

Le temps est un TANT, il se danse, se conte, sait revenir sur ses pas lorsque le rythme emporte, sait revenir sur les mots lorsque l’histoire émeut …

Tout ébouriffés de doutes, l’oeil, celui de l’abandon, absent, valises bien trop lourdes et toute appétence assoupie, nous débarquons dans ce pays dit « de légende » .. Nous le saurons plus tard, elle deviendra affectivement « la nôtre » !

Qu’en était-il, à cet instant précis, de notre nature caméléon ? Terrée, certes pour un temps insignifiant mais, pour l’heure … TAIRE-HAIE !

Je sentais passer le froid entre les dentelles gitanes de nos âmes de voyageurs ….

Lyre-land, le voyage le plus étrange et insaisissable que nous ayons pu faire parmi nos multiples errances. De la naissance du projet à sa réalisation, il fut parsemé d’embûches, d’incroyables incertitudes, voire réticences inexpliquées … Sur un plan purement psychologique, tout cela ne nous ressemblait pas , nous qui étions toujours partis en enfants ivres avant même de respirer l’absinthe des jours à venir !

Or, nos voyages, quels qu’ils soient, sont quelque part écrits …

Si nos propres mains ne peuvent porter le fardeau des émotions passantes, d’autres viennent nous y aider … Nous adressons un gigantesque merci à notre fille Lola ainsi qu’aux gens délicieux venus consteller de joie notre maison d’hôtes cet été ; ils nous ont donné l’élan nécessaire à ce voyage fascinant et des plus merveilleux !

Je ne le repère qu’aujourd’hui, regarde sur l’image …Ce nuage en forme de coeur !

Nous arrivons par Ringaskiddy, le port, ancien village de pêcheurs, devenu un lieu important de passagers pour la France …

Encore toute engluée de nos interminables heures de paquebot où chaque fibre d’instant me fut vertige incessant, valse d’épouvante, je vogue mal dans l’air et sur le bitume ! Moi qui avais tant rêvé d’entendre chanter la mer à chaque hublot, qui adore tant me placer à la proue des bateaux pour vivre les vagues déferlantes, du neuvième étage de cet impressionnant goliath des flots, il en fut tout autre … Je n’avais été que flamme vacillante aspirant dans son âtre à une brise charitable !

Du Ferry au troquet le plus proche, l’avenue nous semble large et démesurément impersonnelle …Je m’effondre sur les rebords d’un muret, laissant tout à terre, sacs, valises, mental !

En l’espace de quelques secondes, tous les vents s’enchevêtrent, je me sens projetée dans un grand désert sans oasis, aux chaumières inaccessibles … J’ai soif de certitudes tout à coup, je meurs de soif !

Le sentiment d’être à ce point deux grains de poussière sur la carte du monde était bien une première pour nous, au coeur de nos maints périples insensés, mais ne faut-il pas s’égarer parfois pour mieux se retrouver … Toute crainte accueillie est riche, elle devient fleur d’espérance sur un sol inculte !

Et justement, miracle !

Ce ne sera que la toute première variation d’une himalayenne cascade, la toute première ode d’une longue et prestigieuse pléiade

Je vois Patrick, mon coéquipier de vie, se diriger vers une camionnette d’entreprise en stationnement. Je ne mesure pas sur l’instant à quel point son intuition le pousse vers le courage, lui qui ne parle pas un seul mot d’anglais ! Il possède toutefois l’essentiel, le mot de passe « Dingle » , lieu où nous sommes sensés nous rendre. L’homme, assis au volant, nous observait-il depuis un bon moment ? Nous ne le saurons jamais et, finalement, qu’importe !

Je viens m’insérer au dialogue avec mon vieil anglais oublié du Bac, les irlandais sont dotés d’une patience née d’un sens humain hors norme … Cet homme, dont nous n’avons même pensé à connaître le prénom, s’adapte aussitôt en employant un langage des plus imagés et fonctionnels. Il nous indique de la main un arrêt de bus .. » Chouette, se dirent nos petites têtes écervelées, il va nous mener à Dingle » . J’entends rire au loin les perroquets de mer … Dingle est à quelques heures de là !

Dans ce vaste terroir aux routes étroites et, fort heureusement, conservées dans leur jus, il ne suffit pas de connaître les distances mais leur valeur réelle en temps de parcours ; ce qui venait fausser toutes nos notes prises sur les parages de notre destination …

Venir sur la terre d’Irlande, c’était en quelque sorte faire un voyage dans l’infini des étoiles et voir en chacune d’elle, tel un hymne à la vie, un monument de lumière ! Nous nous reconnaitrons dans cette notion, dès le lendemain, une fois l’éreintement passé …

Le voyageur, ici, est l’enfant roi que Mère Nature allaite, que la rondeur des monts, des vagues et des vallées berce. Il est le vagabond trouvé que l’autochtone prend plaisir à enrouler soigneusement dans une authentique laine de bien-être … Tout est à l’image des paysages, leste, pétillant, onctueux !

L’homme de la camionnette peine à nous laisser partir, reprenant à maintes reprises les mêmes indications. On sent en lui l’intense besoin de nous savoir en sécurité …

Nous repartons un peu plus loin en direction de l’arrêt de bus et attendons, l’esprit frétillant de questionnements, au coeur de cet improbable contrée qui, à la fois, nous déboussole et nous réconforte ….

Cinq minutes sont à peine écoulées lorsque nous voyons une voiture se garer devant nous, un homme en descendre promptement, il part ouvrir son coffre et nous adresse un grand signe fraternel « Come, come ! » . Vous l’avez deviné, il s’agit bien de cet être admirablement généreux, la première personne d’ailleurs à qui nous nous sommes adressés …. De telles ouvertures de chants ne peuvent s’oublier !!!!

Il avait donc déposé sa camionnette pour prendre sa voiture personnelle et nous amener à une bonne vingtaine de kilomètres de là, à la gare routière de Cork.

Dans ce pays, le partage est une réelle friandise, j’en prends peu à peu conscience tout au long du trajet. De même, certaines racines de vérité se renforcent en moi, réalisant avec plus de confiance que la fatigue n’est qu’un décalage de pensée et la déroute un instinct oublié ….

Faute de prénom, j’ai envie de baptiser symboliquement cet homme « Notre shamrock  » (trèfle à trois coeurs) ….

Et, au fil des échanges « bon enfant », j’ai l’impression que notre « shamrock » perçoit tant de choses en nous … Il craint également que nous ayons soif et nous pose plusieurs fois la question, au point de s’arrêter à une petite épicerie où nous n’aurons pas le temps de régler nos deux bouteilles d’eau, il nous devancera ! En un si minuscule fragment d’existence, il était déjà allé au devant de tant d’interpellations avec nous, jusqu’à nos propres inquiétudes … Nous remontons dans la voiture, abasourdis par tant de bienveillance naturelle !

Arrivés devant la gare routière de Cork, et après mille et un conseils, mille et une recommandations, notre romanesque guide nous demande la permission de réaliser une photo de nous trois afin de partager ce souvenir avec son épouse ; il le fait à la façon d’un enfant piétinant d’enthousiasme ….

Que ne donnerais-je pas pour avoir cette photo aujourd’hui !!!!

Immigrée fatiguée, je n’ai pas pensé cueillir ce moment unique, arbre d’abondance, pour le déposer dans le panier des sourires sacrés …

Nous repartons sans emporter nos trois visages que quelques minutes de vie exceptionnelle auront réunis, je ne cesserai de le regretter mais ces manques font partie intégrante du voyage !

Je lui laisse en revanche un marque-pages de notre maison d’hôtes, animée par le sentiment de pouvoir l’accueillir chez nous et l’envelopper d’amitié à notre tour … Peut-être viendra-t-il un jour frapper à notre porte ?

Si je devais qualifier nos tout premiers pas sur le sol irlandais, je dirais « Mémorables d’AMOUR » !

Nous croisons des gens de notre pays qui couperont court aux échanges … Certains d’entre eux ont un itinéraire tracé au millimètre et d’autres engloutissent des kilomètres et des kilomètres de route en bus, dans la perspective de dévorer tout cru l’extraordinaire palette de splendeurs que pouvait offrir l’Irlande !

Tout choix est respectable et, dans le cas présent, ces approches attestaient notre êtreté …Nous étions des pèlerins, d’âme et de sang, aimant par-dessus tout respirer la sueur des chemins, des êtres et des choses !

La marche est une saveur lente qui faisait éperdument partie de nos gènes …

Deux bus et trois bonnes heures seront nécessaires pour regagner Dingle. Je me surprends à employer le terme « regagner » … Aurais-je perdu ce pays un jour, respiré dans une vie antérieure, fort probable … Ce fut du moins mon impression en le quittant !

C’est fou comme le regard sur les choses peut tout changer …

Notre première sensation à tous deux … Dingle, un port avec des maisons et des pubs, rien de plus ! Le lendemain, nous le verrons au contraire comme un lieu ruisselant de joie, un arc-en-ciel insolite, musical, où l’humain fête ses valeurs dans un éblouissant jardin resté d’antan !

Au coeur de ces ondes magnifiquement irréfutables, tout se mérite et ne peut que se mériter …

Notre auberge de jeunesse, dénichée par Lola quelques jours avant notre départ, pure aubaine, est à deux kilomètres du centre de Dingle. DEUX kilomètres peuvent représenter si peu et à la fois « tant » avec des bagages à tirer et … un pied douloureux qui pose à peine sur le sol, le mien !

Là encore, la magie opèrera …

Nous entrons au « hasard » (par sa non-existence précisément, il fait toujours bien les choses !) dans un petit magasin de vêtements tenu par une vieille dame qui appellera pour nous « Patrick O’Connell » (croyez-vous que ce soit irlandais ?), un chauffeur de taxi, celui-là même qui nous conduira à un concert deux jours plus tard …

L’auberge est chaleureuse, complètement propice aux rencontres … (Je m’y attarderai plus loin )

Initialement, nous devions faire en « pèlerins » la boucle de Dingle Way, deux cents kilomètres de marche … Or, de fréquents blocages de dos (encore moi !), quelques semaines auparavant, nous ont fait abandonner ce projet. Ces douleurs avaient étrangement disparu … Ce pied qui prenait encore plus étrangement le relais à présent, ôtait toute nouvelle tentative de longue marche et …de marche tout simplement ! Les symptômes étaient survenus dans le second bus nous menant à Dingle …Ah ces mystères du corps, messager de l’âme …

Initialement aussi, ce voyage est celui de Patrick, celui de ses six décennies, et j’ai craint un moment que mes soucis de santé forment une grisaille sur son séjour mais nous étions là , nous sommes toujours là où nous devons être … Et l’Univers est trop inépuisable pour ne pas y trouver, dans un recoin fait pour nous et qui nous attendait en silence, sources innombrables de plaisir !

Mon Patrick était là … HEU REUX comme un poisson dans l’Ooooh ….Et c’est tout ce qui importait !

Dès le lendemain, nous devenons renards flairant à travers de subtiles fronces la merveille des merveilles …

Respirer la mer, les falaises, scintillantes de mauve et d’or, contempler des découpes de rêve et pouvoir saisir des yeux, telle une faveur du ciel, ces cormorans si symboliques …

Sur le bateau, nous rencontrons « Anna », une jeune française tombée amoureuse de l’Irlande et venue s’y installer depuis trois mois. Assise à nos côtés, elle nous traduit le récit éloquent du guide et, avant de nous quitter, nous propose son aide en anglais durant notre séjour … Ainsi, nous lui devons la location d’une voiture à Tralee, que nous irons chercher deux jours plus tard, et la réservation de nos places sur le Ferry pour un lieu complètement incontournable, hors du temps, qui nous a touchés en plein coeur « Blasket Island » !

« Anna, notre maison t’attend, coeur palpitant et bras grands ouverts … »

Flânerie dans Dingle …

Cette rue nous interpelle, nous attire, son minois de pirate, ses gens, ses notes de guitare, tout ce qui y plane de faubourien dans l’air

Nous raffolions de ce bouillon local !

A peine arrivés sur le lieu, et après deux à trois mots échangés, ces deux sympathiques (ils le sont tous !) irlandais nous offrent une bière, avant d’aller s’installer à l’intérieur pour regarder « le » match de rugby … Nous nous posons autour d’une des vieilles tables en bois, discutons avec d’autres personnes et, tout ce qui flottait pour lors de pur, en esprit de communion et de découverte de l’autre, faisait tout à coup rayonner le monde !

Le soir, j’écrirai ce qui a toujours peuplé mes convictions « Le vrai voyage ne réside ni au nombre de kilomètres parcourus ni à la quantité de paysages traversés …Il est dans l’HUMAIN qui nous fait aimer ces paysages ! »

La musique de ce pays réveille en toi des rivières de lune, des larmes de rue, des joies d’enfant, des torrents endormis, un sang de fleurs sauvages. Elle est onguent chaud de la terre, clairière de rêve aux mille bois amants. De la gorge des femmes tous les rires de la brume, de l’écho des hommes toute la féerie du vent …

Ecoute ce son ensorceleur !!!

Par un vrai temps de pays, sous les rafales de vent et de pluie, nous allons à la rencontre du point le plus ouest de l’Europe : SLEE HEAD

Passage exigu où un courant de prière a fait son nid …

Ici, l’humain passe en point minuscule, remerciant l’Univers d’ETRE encore et ses oiseaux de l’accueillir …

Chacun se gare, contemple l’horizon sans bruit et repart. Personne ne se gêne, malgré l’extrême étroitesse du col …

A croire que …la mythique croix blanche, sur les rebords de la falaise, veille pour !

Nous repérerons légèrement plus loin le point de départ du Ferry pour « Blasket Island », une escale paradisiaque (chemine encore un peu dans « le choeur du récit » pour la découvrir …).

L’Irlande profonde, la vivre de près, l’enlacer, respirer son haleine … C’était un appel en nous !

… le coeur lent du comté du Kerry, vers Ballyferriter …

La plupart de ces cercles de pierre, huttes, servaient aux fermiers du début de l’ère chrétienne et auraient été habités aux temps anciens jusqu’à mille deux cents de notre ère …

Une maman et ses deux chiots polissons nous suivent …

Les monts couverts de brume et, dans leurs creux, les brebis …

Nous ruisselons de vent et de pluie, pur régal des sens, joyau de sincérité !

Après toutes ces bourrasques d’émotion, un p’tit tour dans notre pub favori, le John Benny’s, ça te dit ? Avec une bonne bière au comptoir pour commencer, une soupe de légumes traditionnelle ensuite, accompagnée de pain de seigle, et un succulentissime pudding pour finir en beauté ….et ET …

ce p’tit son de fouuuuuu !

Lecteur inspiré, transporté …

Blasket Island, c’est ici !

… Rien d’autre que les doigts du vent, des doigts de pianiste qui filent sur le ciel …

Tout ici ondule, onde-hurle, en …cil-anse …

La mer écoute et …pleure …

De vert en vers, la terre récite sans se tromper la poésie de l’indicible vérité …

C’est un tout de beauté, sensible, soyeuse, immense, transcendante et splendidement attachante …

On vit ici à l’instinct animal …Divinement ancré, somptueusement contemplatif !

Savoir l’éprouver c’est se fondre à son talent …

Nous passerons un grand moment près d’eux, grand au sens « sacré » …

Si un jour l’ange des vents te rappelait, je te retrouverais rien qu’en scrutant l’horizon …

S’asseoir sur cette chaise pour … ne plus en partir !

Il pleut sur la mer

Comme il pleure dans le ciel

Ô leur langue âme-air

Vers des baisers arc-en-aile …

Paul, combien pour écrire tu aurais aimé cet éther !

Je l’aime tout autant … Ces lendemains mouillés où il pleut encore, et encre-or, enivre ma muse …

Nous venons assister à un spectacle de danse, toujours inédit, quelles que soient l’humeur des nuages et la mouvance du TANT …

L’eau aquarelle des grottes et cette mer d’argent, fusain chatoyant, avec cette impression, envoûtante, que les paupières lourdes du ciel allaient venir se fermer sur nos cheveux, boucles d’écume et de sang d’astres …

Humain qui regarde ces images, pense à inscrire dans la chair de ta mémoire ces mots, en lettres d’or et …d’ART-gens :

 » Je préserve ma planète de toute nuisance, je la chéris, la célèbre, la réjouis de ma conscience, la respecte comme une Mère ! »

Chaque crépuscule y ranime les pleurs d’une chandelle éteinte, chaque épître flamboie à la lueur manifeste de son histoire, le Monastère de Kilmakedar, fondé au VII ème siècle, exhale une émouvante mysticité …

Comme le ventre d’une femme qui porterait les secrets de la Terre …

Je l’entoure, le caresse et chante …

Le savoir-faire de gens qui ont l’amour du petit rien, du geste simple et précieux, le respect de la matière, la fierté d’avoir créé, la joie sans égale du travail des mains …

La force de tout bâti est enracinée dans ces valeurs !

Mille et un frissons d’envie sillonnent en nous … Suivre ce chemin !

Il ART-pente nos ailes, traverse nos creux en les parsemant de rêves …

Nous l’apprendrons le lendemain, il fait partie du « Dingle Way » sur lequel il était prévu que nous marchions au départ …

Je les garde en marque-pages du TANT …

Inch Beach … Quelle ambiance !

Nous retrouvons vers le troquet tous ces rires, imperturbables, qui inondent l’air, la même folie de vivre et d’être ensemble …

Inch …Un parfum de hameau perdu dans l’immensité et il me revient une phrase écrite sur les murs d’un pont, vers le chemin de Compostelle « La joie n’est pas dans les choses, elle est en nous … »

L’Irlande est, sans détour ni conteste …LE pays JOIE-YEUX !

Serait-ce pour cette raison, intuitivement si bien trouvée, que les corbeaux l’aurait choisi ?

Dans ce pays en effet, on ne donne pas à manger aux pigeons mais … aux corbeaux ! Ils sont omniprésents partout …

Nous sommes aux anges et repensons à notre « Coco », corbeau soigné à deux reprises par Patrick (mon cher coéquipier de vie) … Il devait probablement nous attendre sur l’un des peupliers entourant notre maison. Parmi la multitude, nous pouvons reconnaître son vol, son aura, son cri, il est notre bébé !

Et pendant que je conte, tu entends déjà le vent, la mer

Je sens comme monter en toi le désir de boire quelques belles gorgées de ce majestueux palais de sable et d’eau, alors … ECOUTE !

L’alliance de la montagne avec la mer crée une sensation unique, encore plus sauvage, plus extrême en liberté …

Après un tel bain de candeur et de naturel, rien de tel qu’une bonne soupe du terroir pour continuer dans les saveurs ailées de l’Univers …

Des images en nous, nos rêves sont restés dans les vagues, ils filent vers les montagnes, nous suivons encore ce lévrier qui courait sur le sable, un nouveau souffle bat dans notre ventre, nous avons tout largué … toutes les âmes-ART !

Et je suis heureuse … Je peux enfin marcher à mon gré !

Demain, l’ascension du Mont Brandon …

Entre deux escalades …les paysages naïfs de Ventry !

Sa frimousse rend enfant …

Je trouve des cheveux de sirène

Dans l’air, comme un fumet végétal …

En marchant, me reviendront en image « les chemins noirs » de Sylvain Tesson …

Nous allons à la rencontre, troublante, du Mont Brandon !

Sur la route menant à Baile Breac, les messages du Mont se tatouaient déjà en nous …

Je pensais à mon pied et remerciais l’Univers de le laisser sans douleur …

Nous grimperons, grimperons pendant une bonne heure jusqu’à ce que la brume recouvre les pierres et le paysage … Verrions-nous où poser nos pas tout en haut et, surtout, dans la descente du retour ? Nous étions partis trop tard !

Accepter les états d’âme de la nature rend sage et nous préférons rebrousser chemin …

Nous reviendrons demain , aux aurores !

Quelle extase, quel enchantement de s’évaporer avec Nao dans un tel environnement …

La terre avait une senteur surnaturelle … Ses mots de mage, fredonnements d’herbe, coulaient en nous …

Et j’ai un admirateur !

Il nous attend …

Peut-être connaissait-il l’heure, voire la minute précise où nous allions recevoir son encens, béni des vents et des cieux …

Il nous offrait sa plus étonnante grâce contre notre plus radiante humilité …

Le petit soleil timide de ce matin cèdera vite sa place à la pluie mais il attise la flamme de notre feu intérieur …

En marchant, je pense à O’Cebreiro, étape mythique du camino francés, où le temps s’arrête à chaque pas tant le relief s’élève à mourir…Je me revois cheminer aux côtés de Jeronimo, cet espagnol au timbre grave, aux tempes grises et follement frisottantes, m’apprenant le pas calme et recueilli …

Sur ce genre de chemin, quel que soit son emplacement dans le monde, toute amertume se dissout dans la terre …

Nous grimpons, grimpons, ne cessons de grimper, plus de cinq kilomètres de pente hyper abrupte nous attendent encore …

Mon pied assure, hors mis un peu d’électricité sous la plante … Et, jouissance indescriptible, plus j’approche le sommet, plus mes pas deviennent aériens, plus je me sens en confiance …

L’expression « Du vent, à décorner un boeuf ! » prenait ici tout son sens, nous nous cramponnons à la pierre pour ne pas tomber et parvenons à la cime sous les hurlements du vent …

C’est là où tout se dénude, se lave, se reflète, se magnifie …

Le Mont se nourrit de notre euphorie d’EXISTER !

Ici, chaque pas devient instant solennel de méditation …

Nous redescendons sous le regard invocateur de la brume et je célèbre, remercie par un chant le lieu qui a bien voulu nous accueillir ...

(Tu entendras davantage le tambour vers la fin, le vent couvrant sa voix …)

Cette ascension achève en beauté notre voyage, elle l’ennoblit !!!

Il nous fallait profiter une dernière fois de notre rivière aux échos ardents, notre doux pull de pêcheur, notre cabane à espiègleries … Il était tout ça notre « John Benny’s Pub » !

Demain, ce serait leur jour de fermeture hebdomadaire …

Au Benny’s, il y avait toujours un p’tit coin pour nous, même lorsque les murs ne pouvaient plus contenir le monde qui attendait à la porte. La vielle dame au chignon gris et à l’oeil malicieux, qui venait superviser l’équipe aux fortes affluences, nous faisait un p’tit signe en douce et allait nous placer d’un geste maternel ….

En témoignage de bonheur et d’amitié, nous leur laissons un marque-pages de notre maison d’hôtes qu’ils accrochent aussitôt, un rien émus, au-dessus du bar parmi les illustres reliques …

Telles deux racines restées accrochées au vieil arbre, nous nous retournons en nous éloignant sur le trottoir, avec ces mots étincelants sur les lèvres du coeur « Nous nous reverrons sans doute … »

Combien il fut exquis et frémissant d’observer la brume se mêlant à l’eau, sur la route allant de notre auberge au centre de Dingle, malgré ma plante de pied des tout premiers jours, transformée en rhizome géant …

Nous marchions le long de la digue vers les maisons, faisant de leur quotidien le nôtre, sur ce chemin fleuri d’une ribambelle de « Bonjour » … J’en oubliais presque mes douleurs !

L’auberge, ce fut bien sûr des rencontres, des tas de rencontres ….

Qu’elles aient été d’entrée de jeu fraternelles ou seulement silencieuses, elles ne pouvaient être déroutantes car nous muions tous dans le même placenta, celui du voyage vers l’inconnu …

Il y eut Sam, venu d’Amérique, avec qui nous avons discuté des amérindiens, une cause qui nous remue profondément, Sophie d’Allemagne qui nous offrira un ravissant bracelet tissé de ses mains, pour nous, le matin même de notre départ vers le Ferry, Maël de Bretagne et tant d’autres …

Et, parmi ces « temps d’autres » suprêmes, il y eut Valentine, partie en workaway sur un long périple en vélo jusqu’en Irlande du Nord. Son projet était des plus touchants, aider un vieil homme à retaper sa grange pour en faire une maison d’accueil …

Avant de reprendre la route, elle tint à nous interpréter un morceau au piano, d’un compositeur japonais … Les notes nous traversèrent instantanément de part en part ! Ses mains glissaient sur les touches comme un oiseau entre les nuages, je fus trop bouleversée pour réaliser la moindre photo d’instant …

Nous consacrerons le dernier jour à dégoter l’introuvable, explorer les galeries, revoir notre potière à « Green Street » et, dans cette rue, nous tombons amoureux d’une porte !

Le mot « push » inscrit sur son bois nous devient vite irrésistible … Derrière cette porte, se faufilait pour nous un dernier rendez-vous, nous le suspections de toutes nos forces !

Que s’y cachait-t-il exactement ? Un tendre capharnaüm !

Des étagères à trésors, des livres, des vieilles chaussures, des bouteilles de vin doux …Un parfum de brocante et de fleurs des chants, on y troque un peu de son temps contre des rengaines à texte, à la veine poète.

Pour se retrouver, peu d’espace, le comptoir et une vieille table d’angle en bois …

Un pub, c’est très particulier en soi . Chaque pub reflète un état d’âme et d’esprit qui lui sont viscéralement représentatifs. On peut ainsi se sentir célestement bien dans l’un et mystérieusement mal dans l’autre. En ne maîtrisant pas la langue, comme c’était le cas pour nous, j’avais bien conscience que nous ne prenions pas le centième de la substance d’un tel pays …

Nous avions bien flairé le « Dick Mack’s », il nous correspondait bien, très bonhomme, comme notre « John Benny’s » !

Le soir, j’écrivais sur mon petit cahier à lignes  » Cet après-midi, il faisait très froid… Je regardais les gens pousser cette porte et se trouver naturellement une place dans la foule serrée, quel que soit le nombre. Les générations, multiples, se confondaient en totale harmonie. Assis sur un banc, il y avait un garçon d’une dizaine d’années, aux magnifiques cheveux roux. Il mangeait son goûter aux côtés de sa grand-mère qui reprenait en choeur, avec un plaisir retentissant, tout le registre du chanteur. Dans ce genre d’endroit, les visages rencontrés se gravent dans notre mémoire en images de collection superbes … Je vous souhaite à tous de pouvoir un jour poser vos pas dans ce pays chaleureux, enjoué et solidaire à foison « 

Assis sur le même banc que l’enfant, Patrick m’observe du coin de l’oeil, me demandant souvent si tout allait bien … Les larmes que je contenais au fond de ma gorge nouée étaient-elles à ce point perceptibles ? Demain, nous serons loin … Déjà loin de cet incomparable cocon de joie !

Il pleut sur le Kerry …

Paul, il pleure dans mon coeur aussi !

Nous avançons physiquement vers Tralee, Cork, le Ferry …

Une partie de notre être reste sur le quai !

Je repars avec un sparadrap sur le nombril, vieux truc de grand-mère pour les maux de transport, et des étoiles plein la tête …

Dans le hall de la gare de Cork, mon tambour se retrouve en face à face (romantique, délicat, engageant ?) avec un tambour irlandais … Le courant qui les rejoignit semblait inévitable !

J’engage la conversation la première et, en un sublime éclair, la dame qui tenait d’une main le tambour et de l’autre un accordéon me conte brièvement son histoire. Irlandaise émigrée en France, elle revenait fréquemment au pays pour y revoir famille et amis. Le tambour était pour offrir à une amie en France et l’accordéon pour ravir l’âme de son terroir originel. Je lui trouve une adorable bouille d’artiste de cirque, avec ses tresses rousses en oreilles de téléphone, à la fois heureuse et apaisante. Elle me montre son tambour et demande à voir le mien …

Cet échange me fit un bien bien fou, me prouvant que jamais la magie des êtres et des choses ne disparaît dès lors qu’elle se sent aimée, écoutée !

De quoi me rassurer pour gravir la longue passerelle vers cette énorme machine flottante infernale qui allait à nouveau me faire vivre des heures de tournis inoubliable !

En sortant de la gare de Roscoff, les yeux disparus du présent, j’entends un fringant « Hello » … C’est la dame au tambour, tranquillement adossée à un mur !

Au même instant, passe devant elle un autre musicien, avec une flûte. Je l’apprendrai lors de la discussion qui allait suivre, ils se connaissaient depuis la veille au soir pour avoir joué ensemble sur le paquebot et ils comptaient se revoir. Il m’accoste en repérant mon tambour. A bord, il avait en effet lancé un appel au micro donnant rendez vous à toutes les personnes en possession d’un instrument de musique … Trop en proie aux vertiges, je n’avais rien entendu. J’étais passée à côté de cette occasion magistrale !

Je m’apprêtais sans le savoir à en manquer une autre …

Ce flûtiste nous explique ensuite qu’il se rend assez fréquemment en Irlande pour jouer, il vient d’y séjourner quinze jours. Il est breton.

Au fur et à mesure qu’il parle de ses ressentis avec ce pays, il ravive en nous un brasier d’exception, un volcan d’ivresse mêlée d’une insupportable nostalgie … Nous étions splendidement colorés de la même peau de sentiments et d’émotions !

La pluie met fin sans égard à nos échanges, séparant le petit groupe de passionnés que nous venions de former …

Certes je n’avais plus de marque-pages , mais où étaient passées mes anciennes fringales de partage et de communication, happant au vol le moindre lien vibrant, offrant toujours sur le pouce de quoi me suivre … Retrouverai-je ces musiciens un jour ? Cette question me hanta longtemps !

Tel un alpiniste suspendu dans le vide, je m’agrippai aux grandes et belles vertus du hasard et à celles de l’éphémère, juste né pour éveiller en nous de nouvelles essences, dessiner de nouvelles « lignes de MAINTS » …

Je pourrais être tentée de dire « C’est manifestement la fin de ce voyage » mais je ne crois pas aux « fins ». Je crois plutôt à la survivance des choses, à cette musique des chemins qui reste en nous et dont on retient les notes pour de prochains concertos …

Et sur ce petit cahier à lignes, mon crayon écrit encore, de retour dans sa chaumière, ces mots exaltants « Nous aimons mille fois plus les choses depuis l’Irlande ! « 

SAB-Lyse

Aube-terre

*Aubeterre- sur -Dronne* en Périgord vert, village de la féerie des pierres, gardiennes émérites de spiritualité …

En l’espace de deux rimes, ce nom nous fut cité par maintes bouches exaltées au point que sa musique commençât à charmer nos oreilles …

Il nous fallait suivre cet appel, ce rendez-vous était écrit, quelque part, dans un des grimoires du TANT !

L’Eglise souterraine à la nuit tombée. Je te dédie cette image et ce lieu, Daath, dont le souffle ailé nous accompagna !

Place Merkès-Merval …

En hope-erra ou hope-air-être, tout y chante l’histoire : le lavoir, les maisons avec leurs balcons de bois, inspirés de fugues ensoleillées …

Et c’est sur ce spectacle angélique, comme éternellement inédit, que donneront nos fenêtres...

Réveillés par les clameurs de la pluie et la langoureuse ritournelle des pigeons, nous envierons le sort qui leur permettait à chacune de valser et jouer sur les toits …

Sac à romances sur le dos, pieds déjà ramifiés dans la magie enveloppante du lieu, quelques feux follets restés dans nos poches, nous traversons les ruelles pentues, taillées dans la roche, la constance de nos pas remise entre les mains de leurs anges …

La Place Ludovic Trarieux a gardé toutes les résonnances de son ancienne halle … Les enfants s’y asseyent encore sur les rebords ; jubilante mosaïque de fantaisies, de rêves et de langages !

Chez Cécile, vers ses pages à ciel ouvert, ses fils-amants de lumière épris des étoiles du monde et l’encens pur de ses oeuvres, l’imaginaire se nourrit « aux grés » d’exquises traversées …

La roche murmure en nous des mots indiscernables mais à ce point sorciers qu’ils nous emportent, entre hypnose et euphorie, vers l’Eglise souterraine …

Je ne vous en parlerai que très peu, afin de conserver intacte toute la fascination de la découverte …

Le prélude du TANT me consent toutefois à vous montrer combien les astres se dévouent à la baigner d’or, combien sa pierre imprègne la conscience au premier regard !

Instant grandiose

Vers l’église St Jacques, des coulées de santal suintent dans l’air …

Nous nous en approchons, soyeusement , l’âme en fête, les yeux pailletés d’ocre et de joie …

Enfants contre son ventre, nous nous laissons irradiés par des chemins nus, éblouissants d’humilité …

Devant elle, une autre potière, sa maison, un banc pour se souvenir des flâneries aux chandelles, quelques silences espiègles et un mur où nous écoutons, en équilibre sur un nuage, mille et une légendes de forêts …

Nous rencontrons l’arbre-veilleur, penché sur le village tel un peintre aux mains colorées du sang de sa muse …

Il la contemple pieusement, fiévreusement, en lui soufflant cette prière

Il la contemple pieusement, fiévreusement, en lui soufflant cette prière

« Puisses-tu, à travers tous les TANT, cultiver les grâces et la noblesse de l’Univers … »

Entre deux crépuscules, nous irons nous perdre sur des haltes buissonnières, nos têtes folles prêtes à basculer sur les rives de la Dronne …

Délicieusement blotti entre les bras du soleil, le petit village de Bonnes dormait à notre arrivée …

L’église St Pierre, un de ses joyaux, semble puiser toute l’essence de la bonté dans ses grands yeux de bénitiers …

Les ombres révèlent toujours des entrailles de lumière …

Le château dans son chiffon de l’AIME …

Au « 24 » d’une certaine rue, il est un être célestement généreux !

Vers le chemin de l’Ecurie, je rêve de litière douce où pouvoir poser mes pieds, vibrer au son de la terre … Le bitume n’a rien d’un baiser effleuré, qui puisse inspirer une danse furtivement charnelle !

A l’ancien moulin, nous trouvons les langes encore humides de tout un passé. Il y règne une candeur pathétique, éveillant en nous l’envie d’assembler de nos mains les pierres disparues …

Un parfum suave d’estragon, d’humus antique, flotte dans l’air …

Nous touchons le sommet d’une colline. J’aime cette terre, si belle dans son simple pagne !

Le crépuscule commence à ouvrir les yeux , il s’étire, bâille, bambin insouciant toujours gourmand de sommeil …

Nous arpentons des coteaux escarpés, bordés de limpides vallées, infiniment joyeuses et libres …

Nous allons vers le « Bois du roi » et nous perdrons sans cesse, encore et encore …

Le pays ne nous a laissé que très peu de repères, voire aucun …Nous comprenons très vite qu’il faut le mériter !

Il nous reste encore des kilomètres ….Y arriverons-nous avant la tombée de la nuit ?

Nous raffolons néanmoins de cette sensation de doute, qui nous fait surpasser nos peurs et épouser un rythme de gazelle !

Et soudainement, parvenus à la cime de nos pas, la récompense ! Haut perché sur sa colline, nous apparaît le bois du roi dans des lueurs éperdument cévenoles qui nous enivrent de souvenirs vécus sur le chemin de Stevenson …

Deux contrées, deux identités apparemment différentes, aux âmes singulièrement siamoises, réunies dans un même bois !

Il nous fut tellement merveilleux de sillonner cet instant …

Je vous laisse imaginer, car vous ne verrez pas ce bois autrement qu’au travers de mes mots et la fluidité enjouée d’un lieu décrit avec passion intérieure …

Chabrol, qui connait mon amour pour son pays, m’a peut-être offert un dernier clin d’oeil, une miette de sa terre pour vous … La scène qui va suivre en effet, d’un vieux couple glanant autour d’un arbre, gardé par leur chien, ne dépareillerait nullement dans un paysage de camisards …

La nature rayonne dans son gilet chatoyant du soir …

Emmitouflés dans l’odeur tiède des troupeaux, nous regagnons Aubeterre et sa splendide mer de lanternes …

Encore ART-rimée aux songes de la nuit, mes yeux ce matin restent accrochés à une gerbe …

De Titiana, Ondine, Maeve, et tant d’autres fées envoûtantes, laquelle déroba dans son charriot de feu ou d’or ce bouquet aux couleurs de cendre ?

Elle entraînera avec elle au passage une marionnette aventurière, l’une de ses voisines d’en face !

Aubeterre hume bon les dimanches bouillonnants d’allégresse, d’un fumet inoubliable, véritable jus sacré perlant d’un arbre millénaire …

Nous quittons ses ruelles pour une fontaine, vers le petit village des Essards.

Bien plus perdus que la veille, sans les lumières d’une habitante nous ne la trouvions pas cette « fontaine de guérison » (et il en fut ainsi pour toute la balade !)

Un soldat y aurait été guéri …

Son modeste écrin d’eau a des reflets d’ART-GENS …

Tout y resplendit et reflète une force ardente, l’arbre, le ciel, les ondes bienfaisantes

Notre instinct primal nous fait adopter un paysage façonné par le sarcasme des lutins, un rien misanthropes légitimes et radieux solitaires …

Nous venons d’apercevoir au loin un château gigantesque …

Je ne l’immortaliserai pas en image car c’est toi, arbre magnifique qui a su bercer mes sens, le Seigneur de ma contemplation !

Et je te baptiserai « L’arbre-Seigneur » aux mille rubis étincelants …

Si le temps m’avait accordé un peu plus de TANT, je me serais bien assise contre ta toison, pour y entendre toutes les fêtes d’antan …

C’est imprégnés du sang des arbres, encre à nulle autre pareille, que les astres sont devenus poètes !

Un visage nous trouble, et je pense en marchant

« Sculpter n’était-ce pas laisser glisser une âme entre ses mains, en alliance occulte, dans un mélange de prévenance habitée et de sublime désinvolture, faisant naître et grandir un foetus mi-cieux mi-terre … »

Un arbre meurtri me parle

« En me sacrifiant, l’homme m’a condamné à une vie de chien errant ! Loup nostalgique sur les hauteurs du monde, mon corps hurle encore sa survie mais, observe bien, je porte en oriflamme le vestige sacro-saint de mon COEUR … »

Des cascades végétales ruissellent sur les murs en psaumes insolites …

Entre leurs ondes suprêmes, j’ai inscrit en lettres douces et rondes les codes secrets de notre errance …

A un autre jour peut-être « Aube-terre » !

SAB-Lyse

Pour celles et ceux et qui n’auraient pu prendre ce TANT d’aller cheminer en Périgord pourpre, vers le ravissant petit village de Queyssac, c’est juste … quelques pas plus bas !

Antre-tant …

1ère partie

Nous le cherchions mais il est venu à nous avant même le temps de la quête, fanchon dénoué au vent, mots arc-en-ciel plein le cartable …

Il fut durant deux jours le compagnon de rêve de notre infiniment subtile « pause dans le TANT », ce petit village au nom vif, résonnant tel un rondeau enjoué

« Queyssac »

Au premier matin, nos bâtons de marche iront danser sur le chemin des orchidées

« Entrez, je vous en prie ! » nous dit l’arbre.

« Venez écouter ce chant à la fois doux et ensorcelant qui vibre sous mes pieds … »

Terre un peu folle, aux tresses de nacre, qui métisse les murs, tu nous séduis déjà !

Derrière chaque volet, dort au loin un meunier, un fabricant d’arcs …

J’ai posé mes intuitions pêle-mêle sur une tuile … Le vent, par les archères créées, en a fait un incroyable cerf-volant imaginaire !

De son fil à mon inspiration, me voici emmenée vers d’étranges herbiers … tout de vers vêtus !

N’entends-tu pas, derrière le buisson, le hautbois du pâtre ?

Cachée derrière l’arbre, vapeurs d’extase gravées dans l’écorce, j’entrevois un horizon magnifiquement transcendant …

Tout n’y est que souffle divin, mouvements sacrés, reliance et … baisers éblouis !

Je rencontre un peu plus loin un arbre-maître …

Je mêle mes pieds à ses racines, mon chant à son ventre …

Et nous fûmes transportés, tous deux, vers un monde d’immensités invisibles ….

Je vivrai d’autres approches ensuite, mais non aussi viscérales …

Et ce banc, aussi curieux qu’hospitalier, attendait que nous lui contions tout !

Il aurait ainsi de quoi se réchauffer, l’hiver, à l’âtre flamboyant de ses passants rêveurs …

Je frémis tout à coup à l’idée de voir s’achever cette lumineuse balade …

J’enfile une écharpe de fortune autour de mes frissons pour ne rien égarer non plus de mes souvenirs …

Les pierres embrassent en leur être des oiseaux de couleur …

Ce seront nos derniers pas pour aujourd’hui au coeur de ces paysages où tout ondule de plaisir entre fleurs et feuillages …

L’air, la terre, les astres, en deviennent effrontément gourmands !

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2ème partie

Oeil par la fenêtre du lendemain, nous nous éveillons dans la brume et le charme fou d’un second jour dans ce pays !

Nous repartons, plus fringants encore qu’hier, à la découverte de nouvelles auras, sur la balade des hameaux …

Un héron est posé sur une petite cabane du ruisseau « Le Marie », nous évoquant une scène d’Asie …

Ici, les toits se penchent vers les fleurs pour leur murmurer l’histoire des hommes …

L’automne serait-il déjà venu en douce glisser au cou de ses amantes ses ocres en diamants ?

Bel instant émotion devant l’arbre qui prie !

Serait-ce le fruit de ses invocations qui soigna son arbre voisin ?

De cette balade des hameaux, nous retenons que les trésors d’authenticité, devenus à ce point rares, ont le pouvoir fabuleux de submerger de joie !

Oh-séant de verdure assis en amazone sur d’espiègles saisons, vagues des nuances qui divaguent d’ivresse, nos yeux se noient dans ton verre d’écume végétale, y devinant tous tes vagabondages ...

Nous saluons un drôle d’oiseau, fait de bois et de mousse, né d’une onde nostalgique et d’une main éphémère !

Vertige du temps passé à l’écoute du présent, au visage d’un pigeonnier mais à l’âme d’un silo à grains …

Phare champêtre au beau milieu d’un vert apaisant, il nous annonce le retour au bercail !

Y entrer c’est …

méditer, entendre, et ressortir le coeur couvert de cette poudre d’antan, magicienne du geste noble !

Nous repartirons de Queyssac dans l’après-midi, j’écrirai sur ma moleskine ces mots

 » Nous nous sommes profusément abreuvés, la source était bonne et fraîche, nous partons ! »

Oui, il était temps de partir mais nous ne parvenions pas à quitter le hameau …

Comme pour tout ce qui est court à vivre mais doit être pleinement beau, il me semblait que toutes les couleurs de l’Univers s’étaient harmonisées, rien que pour nous, dans un même petit carré de ciel !

Queyssac, cet antre unique où sont réunis, dans une même brassée, tous les arômes ancestraux : la halle, le four à pain, le cabanon à confidences, la vieille église du XIème … Même les tombeaux antiques du petit cimetière y ont un regard attachant ! Sans oublier l’auberge, ancienne épicerie, où l’on peut déguster, entre autres, une soupe à l’ail divine et généreusement offerte à chacun, quel que soit le menu choisi, devenant ainsi un merveilleux rituel du coeur !

Immense yourte à ciel ouvert, Queyssac est un hymne à l’essentiel, faisant resplendir l’or de la parole et du partage …

Merci à l’âme de ce village et de ses habitants !!!

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3ème partie

Nous partons pour la « rue des fontaines » à Bergerac, rue qui nous a appelés la veille en l’apercevant, de façon singulière, un rien surnaturelle …

Nous y avons senti nos anciens oripeaux, un peu de lait de notre chair, un parfum de « déjà vécu » émanant d’un lieu que nous empruntions pour la première fois !

Il ne faut jamais chercher à expliquer la raison d’être d’un semblable rendez-vous, il en perdrait de son prime écho toute sa voix !

Notre découverte, que nous tiendrons secrète ici, fut quelque peu bouleversante …

Notre émoi fébrilement rangé dans un coin de notre mémoire, nous tournoierons dans l’ancienne ville, véritable enchevêtrement de ruelles magiques …

L’Univers se plaît à nous surprendre …

Nous étions garés à côté d’un message d’amour mais ne l’avons vu qu’en repartant !

Fallait-il qu’il en soit ainsi ?

Je le pense en effet, car il résumait sublimement en une note superbe notre périple, lui donnant tout son sens !!!

SAB-Lyse

St Sauvant …une balade or-du-tant !

St Sauvant, un village en habit de ses gens, peau d’Âne dans sa robe couleur soleil, pot d’âme aux fleurs des chants inspirés du ciel …

Là-bas, l’église du XII ème ouvre ses bras en danse d’ailes à l’inconnu qui passe … Il devient oiseau du paradis sans même avoir eu besoin de s’y agenouiller !

Ruisselante de ses longues gerbes de lierre sauvage, elle évoque un vieux livre en fibres d’étoiles, parfumé aux essences mythiques, qui emporte vers des légendes exquisément lointaines …

Guidée par son coeur gène-heureux, elle offre ses lèvres en d’innombrables baisers, les posant de préférence sur les joues maigres, les fronts brûlants …

St Sauvant nous subjugue par son côté tendre et nous y emmaillote chaudement …

Avec ses mille recoins pour créer et dire, ses rondeurs d’ange et ses noms enchanteurs … Passage du Galocher, chemin du Maine à cheval, et cette rue du Paradis qui nous fait inévitablement passer par la rue de la Raison !

Nous déambulons dans la vallée du Coran, de joies en frissons, enfants que nous sommes, nés d’un instinct frais et d’une douce déraison .

La forêt exhale le fort encens des églises …

Chaque nouvelle approche est une invitation à la valse lente, à la volupté du monde …

Dans ce recueil inédit

de feuilles et de mousse

et de vers allant-vert,

apercevoir en douce

la frimousse étourdie

d’un poète écureuil …

Soleil fou ou brume de fée, on ne sait, aimant à s’imaginer les deux enlacés

Cette fresque mouvante, aux embruns des cieux, donne à un vieux moulin, dont elle est la prenante ligne d’horizon, un regard de penseur éternel …

N’écoutez pas le Coran de trop près ou trop infiniment …

Il ne cesserait d’escalader en vous tel un hoya amoureux !

Ruine reconstruite des maints de l’insouciance, délicieuses heures filent-hantent, petit théâtre pour enfants et oiseaux, vive les mers-creux-dits !

Le Coran derrière la voûte est un ténor …

Il t’a touché …Paon … T’AIME-OR !

Parfums âme-air sur le linge qui flotte, un savon doux glisse entre les souvenirs, des mots purs s’endorment, drapés dans l’herbe témoin …

C comme Chant Cymbale CORAN … L’arbre-conteur l’énonce de ses racines, d’un bel écho touchant !

Valse lente encore ...

Nos pieds sont des planètes tournant, ivres de musique, autour du silence …

Entre bambou rieur et murmures vivaldiens, nos pas se couleront pour ne pas réveiller …

les lavandes-d’hier ...

Nous reprenons une semaine plus tard le même chemin, accompagnés de notre « mésange de passage », notre fille Lola.

A quelques pas de l’église, un homme arrive avec la clef du bonheur, ouvrant à la prière et au réconfort l’une des « Maisons des Hommes »., qui devrait être considérée non seulement comme havre de paix mais encore refuge de nécessité …

Cette démarche constitue pour lui un geste quotidien … Mais ce n’est pas le seul qu’il accomplit chaque jour !

Avec sa compagne, Ai Tamura-R, Maître de la méditation et guérisseuse, ils sont les magiques concepteurs du « Petit cosmos », doux repaire de saveurs et de spiritualité. Salon de thé, galerie d’art et atelier de bien-être ; on y déguste, entre autre, le thé fumé du Japon … Ai se recueille depuis l’enfance et va à la forêt tous les jours, à la rencontre des herbes médicinales et des fleurs comestibles …

Au fil des pas, des sons et des senteurs, mon cueilleur d’images et fidèle coéquipier des chemins se laisse un peu plus envoûter par l’aura particulière des lieux …

Nous aurions pu, l’un et l’autre, nous ennuyer sur ce second passage, mais il n’en fut rien !

Nous nous sommes sentis traversés, au contraire, par de nouvelles ondes et chérissons un peu plus la vocation de « l’instant présent » qui est de ne jamais penser ni à hier ni à demain et de se laisser dériver au rythme des merveilles du jour …

Elles n’y étaient pas l’autre jour … Des étoiles sont nées, boutons d’or par milliers, qui boivent l’or-ange de l’air et les absinthes de pluie !

Je reviens près du vieux moulin et je m’aperçois qu’il veille sur St Sauvant comme un astre sur sa nichée d’aurores ou de crépuscules …

En repartant, j’entends le pic vert d’une forêt que nous avons quittée il y a bien longtemps ! Comme si tout se transportait de l’un à l’autre, le chant des oiseaux, les baisers de l’église sur les arbres et les nuages…

Il semble régner dans cette vallée une sorte de télépathie où chaque élément vit dans l’amour et la contemplation de l’autre !

« Fermez toutes les portes derrière vous » nous entonne la forêt !

« Lutins, loutres, visons, antilopes saïga et Cro-Magnon en personne vous attendent vers la chaumière des vents bavards ! »

Nous croyons entendre chanter le silex, ses poinçons, ses burins. Vénus nous observe de là-haut dans son manteau d’ivoire …

Les feuilles des châtaigniers aux longs doigts de pianistes bercent la terre dans une symphonie qui re-VERDI de fleurs invisibles et de notes secrètes fébrilement enfouies …

L’arbre à romances nous raconta …

Au hasard d’une pensée nomade, je songe à Stevenson et son ânesse Modestine .

Combien ils auraient béni cette vallée du Coran !

Les lieux auront charmé notre mésange …

qui peut reprendre son envol !

Entre chaque pierre, chaque élan vers elle et ses souffles d’amour, c’est …

un peu plus de divin qui perle à chaque instant !

SAB-Lyse

Femme-mille-lierres

Prendre une poignée de mots, les laisser murmurer leurs secrets à nos oreilles et les voir vêtus de leurs propres oripeaux de magiciens aux sang-dalles d’art-gens …

Ainsi, quand la balade la plus « familière » devient « femme-mille-lierres », c’est que tout en nous respire l’enfant primitif !

C’est poussés par cet élan nourricier que nous sommes partis cheminer dans les entrailles d’une campagne naïve pour une courte errance …

Entends-tu battre les coeurs de nos arbres morts ?

Ils battent parfois comme un tambour d’Afrique …

Humain ou végétal, quel que soit le règne dont elles font partie, les âmes qui flottent inspirent la même force, exhalent le même parfum d’authenticité !

Plaisir intimement suprême et célestement délicieux, nous marchons pieds nus, chaque pas immergé, enveloppé dans les émotions de la terre …

Nous nous frayons des sentes improvisées, faisant redécouvrir à nos pieds la prudence naturelle …

Notre passage entre les maïs crée une symphonie de cymbales, effleurement léger, pulpe de papillons …

A chaque instant, la nature nous offre une corde pour laisser jouer l’archet de notre imaginaire, un vers pour boire à la poésie de l’instant …

Près de nous, un oiseau prenait son envol …

Combien il fut bon d’attraper au vol la chanson du vent qui parle d’instants simples et doux …

… avant de nous enrouler dans la douce étoupe du chemin de retour, un rien grotte de verdure aux lueurs préhistoriques …

Ce fut une balade des plus

« or-dîne-air » !

SAB-Lyse

Goûte d’eux pluie …

 

Une fois encore, elle s’est invitée, à la lueur de notre souffle, comme elle le fit sauvage-aimant en septembre, lors de notre errance landaise … 

La pluie !

Goûte-l’être de pluie, cool coule, art-rose, hymne-onde …

Qu’elle soit larme ou graine d’astre, qu’elle éclate en sangle-haut ou germe dans notre chair, rien ne vient rompre notre volonté de tisser notre chemin entre ses mailles, dès lors que l’appel de la fugue vient en nous résonner fou !

D’une telle art-d’heure, en connaîtrons-nous un jour le mystère ?

Au premier retentissement de bâton sur la chaussée, elle nous glace les doigts, tente d’éteindre notre flamme, mais rien ne parvient à affliger nos pas … Notre flânerie est comme inscrite déjà quelque part, sur une page-herbier de l’univers, en écorce de joie !

 

 

 

 

Souvent, la tristesse des hommes immerge les cils des arbres … 

Et je pense à ce courant d’aujourd’hui, partagé entre crainte et euphorie, essayant de lire sur la soie de l’horizon des réponses de nacre …

 

 

 

 

Au coeur d’une contrée où la terre s’épand comme un lierre invincible, tout est à perte de vue à s’en éprendre et s’y perdre, à s’or-raciner …

Nous marchons dans une sorte de désert énigmatique, au front trempé, au regard mélancolique, où la solitude, vagabonde inspirée, élève vers le ciel ses sublimes mains sculptées de boue …  

Combien, sous nos yeux, est émouvante et pathétique cette oeuvre dorée à l’art-fin !

Ces instants de rudesse, nécessaires giclées d’absinthe du pèlerin, ne trouvent leur substance que dans la force même de l’être et l’exubérance de sa foi. Instants qui lui font se blottir dans un délice foetal, retrouvant ses talents, ses instincts et ses origines propres …

 

 

 

 

Un étrange farfadet, croisé en chemin, me l’avait dit  « Tu n’entendras l’histoire des lieux qu’après avoir passé un pacte de complicité avec l’air … »

 

 

 

 

Il détenait ces secrets de vieux murs suintants de splendeurs passées …

 

 

 

 

La pluie, telle une araignée sur la toile du vent, continue d’en-mieller, dans la plus belle des spontanéités, rires vierges et murmures chatoyants …

 

 

 

 

La pluie dégringole sur les cous en écharpes de fête …

Mais, bien que vous ayez été sûrement très sages, toutes les images ne pourront faire le chemin jusqu’à ma musette ! Il pleut bien trop et je les confie donc à votre imaginaire…

La pluie pare les marais de lacs où se laissent glisser, parfois, des cygnes ailés-gants. Un peu plus loin, des ribambelles d’étourneaux jouent à la mare-aile entre les bois secs des tournesols … Près d’un domaine, de hauts chevaux blancs se dressent à fleur de nuages, leur couverture rouge amarante sur le dos. J’entends, entre deux parallèles, la voix éloquente des seigneurs, la valse tumultueuse des sabots et la brillance des épées fait naître d’éblouissants rayons de soleil …

 

 

 

 

En apercevant le chien endormi contre le tronc, je me mets à marcher sans bruit, sur la pointe des sens, mots en coeur, baisers en vers  …

 

 

 

Nous avions besoin de cette escapade pour nous sentir à nouveau libres, libres de voler et respirer au-delà des possibles …

Et c’est tout ce que je peux vous souhaiter de plus cher, cette liberté enivrante … Soyez-en grisés !

Soyez bulle de chant-pagne  …

Soyez bulle dans votre bulle en ces temps qui semblent s’opposer à tout pétillement !!!

 

Merveilleuse année 2021 à toutes et à tous ! 

 

SAB-Lyse

 

 

 

 

 

De vers en vert …

 

De vers en vert, dans mon bistrot à ciel ouvert, combien il me fut bon d’aller boire, à m’enivrer, l’air …

Tralalalal’air Tralalalal’air , fredonnait non sans plaisir la précieuse ère du TANT !

Je retrouvais mes vieilles complices de toujours, Liberté et Fantaisie, partageant avec elles nos instants d’éveil favoris, à la Prévert singulièrement étourdi, à l’art-à-gond sous huis d’or ébloui. Nous accostions des lieux et jardins inédits et, l’espace d’un jeu, peut-être interdit, ou allant le devenir, avions cette sublime impression de faire partie des nouveaux poètes maudits …

 

 

 

 

 

Nous croquions du regard des quartiers de paumes venus du verger des cieux, y voyant écrits des psaumes révolutionnaires à chanter aux vents audacieux…

 

 

 

 

Au grand bal des lueurs divines, aucun danseur n’est proscrit …

Nous y valsions, d’air-niches tourneuses, en voyageuses déjà aimées bien qu’inconnues …

 

 

 

 

La joie transporte au-delà de l’infini …

Des amoureux ont écrit à droite sur le mur …

 

 

 

 

Entre deux rires et deux frissons, nous avons vu naître un papillon

 

 

 

 

contemplé des algues de mère, un joli croissant de lune …

 

 

 

 

Un full-art bleu, sans doute laissé par un ange, nous caresse …

Vers une ronde incessante, nous rencontrons une effarouchée et un blessé aux grands yeux d’hespérie …

Serait-ce nos graffeurs épris ?

La différence rend l’âme féconde !

 

 

 

 

C’était il y a quelques jours, nous allions, comblées de nos retrouvailles, sur les sentiers de l’automne aux empreintes encore vibrantes de l’été …

Au fil des pas, nous nous demandions, d’ailleurs, si ces deux-là s’étaient réellement quittés …

 

 

 

 

Un rien de sucre roux, sur les lèvres des arbres, rappelle la saison …

J’entends, ma plume posée sur une  branche, des symphonies de baisers …

 

 

 

 

Un druide nous hèle, l’oeil perplexe, la fleur aux dents …

 

Que de rimes étranges,

autant que belles,

de sa cervelle,

émeuvent et dérangent …

Tu m’en offres un peu, dis,

grand sage ?

Demain,

si je ne sais plus ni écrire,

ni être,

et par le souffle des images,

transmettre, 

j’y plongerai toute entière

ma main !

 

 

 

 

Comme marchant sur les mêmes prestigieuses traces, la forêt m’envoie ce message …

« Contre toute force contraire, écrouante à souhait, demeurent toujours en toi, si tu le veux, tous les plus beaux vertiges lumineux : celui d’aimer, de respirer, de rêver et celui d’ETRE HEUREUX ! »

 

 

 

 

Vers la nuit noire qui s’annonce, n’y voir encore et encore que le fantôme du jour …

 

 

 

 

En ces temps de mise à l’ombre, où la lumière ne vit que pour jaillir, j’offre cette page.

 

A toi, qui que tu sois, relégué en apparence ou converti …

N’oublie jamais 

que tu es l’être-toile

dans le ciel des vénustés …

Plus que jamais,

conserve tes étoiles

et ton identité !

 

SAB-LYSE